A. A une flâneuse

A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait. 
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, 
Une femme passa, d'une main fastueuse 
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;

Agile et noble, avec sa jambe de statue. 
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, 
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, 
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté 
Dont le regard m'a fait soudainement renaître, 
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! 
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, 
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !

Charles Baudelaire



Ma version :

La chaussée étourdissante auprès de moi vociférait
Elancée, svelte, habillée de noir, détresse souveraine,
Une beauté traversa, d'un geste magnifique
Relevant, secouant la broderie et le pli ;

Alerte et distinguée, avec son échasse de mannequin.
Moi, je m'abreuvais, inquiet tel un bouffon,
Dans son iris, azur blême où naît la tempête,
La gentillesse qui trouble et le charme qui poignarde.

Un flash... puis l'obscurité ! - Ephémère splendeur
Dont la prunelle m'a brusquement fait revenir à la vie,
Ne te distinguerai-je plus que dans l'immortalité ?

Autre part, très éloigné ! Tardivement ! En aucun temps sans doute !
Parce que je ne sais pas où tu t'échappes, tu ignores où je me rends,
Ö toi que j'eusse adorée, ô toi qui en étais consciente !

Très beau travail, et s'attaquer à Baudelaire, ce n'est pas facile !
Amanda qui le réclamait, va être contente.

Tu as réussi cet exercice périlleux avec brio. Bravo!

Connais tu le grand poète Maurice Carême? Car.....
Bon je me tais!

Tout est reproduit au mot à mot, quelle réussite.

Bravo ,de la recherche et du travail face au "grand" Baudelaire....

Baudelaire a adapté c’est pas évident . Belle prestation

Merci à vous pour vos gentilles appréciations !

 Oh que je suis contente ! ENFIN encore une excellente version d'un très beau poème de Baudelaire, un vrai auteur, lui. Toi aussi je t'ouvre la porte de mon futur atelier d'écriture érotique  dès qu'Admin m'aura donné son autorisation pour le ré-ouvrir !

Ah le poème que j'ai eu à l'écrit du Bac, je me demande si le correcteur aurait apprécié ! J'ai beaucoup aimé sauf peut-être les échasses de mannequin, qui sont un peu en porte à faux par rapport aux beaux mots que tu as trouvés pour le reste du poème.

Oui, Martine, moi aussi, les échasses de mannequin m'ont un peu gênées, mais je n'ai rien trouvé d'autre comme synonyme de jambes...

Amanda, tiens moi au courant...

Faut l'autorisation de notre Cheffe bien-aimée...