A. Tragédie en pas mal d'actes.

C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit d'insomnie. De celles qu'il me faut régulièrement affronter, où ma mère Jézabel vient encore foutre le bordel dans ma vie, en me prédisant, d'outre-tombe, les malheurs insupportables qui devraient s'abattre sur moi, sa fille, Athalie.
J'en ai marre, oui vraiment marre, son ombre me pourchasse, nuit après nuit, et c'est insupportable.
Je consulterais bien un psychanalyste, hélas, trois fois hélas, Freud ne les a pas encore inventés, étant donné qu'il n'est pas encore né.

Parfois je rêve d'un enfant, mais ce n'est pas mieux. Il cherche à m'assassiner à la kalachnikov,  à me faire disparaître, et je sens bien que pour lui c'est comme si je n'existais pas. Il faut que je me débarrasse de ces rêves.
Une servante de ma suite m'a indiqué que si je portais la nuit une longue tunique de couleur jaune, plus personne ne viendrait me visiter.

L'autre jour, au Temple, j'ai aperçu un gosse, qui répond au doux nom de Manuelus Macronis. Il est beau comme un dieu. Il ressemble à Jupiter. Cependant, comble de l'horreur, il ressemble aussi au gosse de mes rêves tragiques.
Un Grand-prêtre m'a dit qu'il est le fils de ses parents (ce qui me semble-t-il ne relève guère d'une prophétie…) et qu'il est appelé à un grand destin pour tout un continent.
Il sera déclaré roi d'Europa  le nouveau royaume qui deviendra le nôtre.
Je comprends alors que c'est un destin tragique, qui m'attend, tel que je l'ai perçu dans mes rêves. Ma vie est en grand danger. Je ne veux pas d'un royaume Europa, je veux du Coca-Cola. Je suis maudite.

Aussi maudite, aussitôt fait, j'ai embarqué pour Brexitus-Albion afin d'y rencontrer le Meunier Tudor pour qu'il m'accueille comme réfugiée politique.
— Que nenni, ma brave dame, m'a-t-il dit en british, ici on a déjà des millions de réfugiés et désormais c'est terminé : nenni, nenni !

N'écoutant que mon courage, qui en l'occurrence ne me disait pas grand-chose, je m'en va me retourna chez moi-autre, afin de transmettre mon courroux à tous les coucous qui voudraient bien me suivre.
De retour at home je rassemblais les crochus (atomes crochus pour ceux qui suivent mal…) dans un endroit isolé qu'on appelait le Trou de Baal.
C'est là que nous-autres organisa la grande révolte jaune, et que le chroniqueur Racine, écrivit sa tragédie : « Le Pourpoint Jaune » qui en est à présent à l'acte XVI. C'est dire si ceux qui iront voir la pièce vont s'ennuyer ferme.

(Texte évidemment inspiré, mais de très loin, de la tragédie de Jean  Racine: «Athalie », dont l'incipit est tiré, avec laquelle, soit dit en passant, il ne fut même pas gratifié d'un Molière).