A. Drôle d'anniversaire
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Nerwen
Myrte
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A. Drôle d'anniversaire
C’est Alphonse qui avait choisi cette région sauvage pour fêter leur anniversaire de mariage. Quarante ans avec Blandine ce n’était pas rien !
Il avait réservé deux nuits dans un petit hôtel construit à flanc de montagne.
Ils furent accueillis assez froidement par un homme taciturne, au teint blême, tout de noir vêtu qui les précéda dans un dédale de couloirs jusqu’à leur chambre.
Blandine ouvrit la fenêtre. La vue plongeante sur la rivière était vertigineuse, elle n’osa pas se pencher. En cette saison, son débit tumultueux résonnait comme un grondement permanent remontant le long des gorges.
Ce décor minéral et le temps maussade rendait le paysage inquiétant et Blandine en fut déçue. Elle avait imaginé une destination plus chaleureuse.
La pluie se mit à tomber oblique, inondant les carreaux et isolant le couple dans cette chambre austère.
Blandine s’assit au bord du lit et fondit en larmes.
Alfonse, dépité, vexé que son idée prenne une telle tournure ne ménagea pas son épouse.
- Voila ! Madame n’est jamais contente ! Toujours à chouiner !
Blandine essaya tant bien que mal de se reprendre. Elle tamponna ses yeux avec un mouchoir et suggéra de descendre au salon pour fuir la méchante ambiance de cette chambre.
Ils commencèrent par se perdre dans les méandres d’un corridor sombre, tournant désespérément pour se retrouver au même endroit, puis finirent par dénicher un sinistre boudoir, sans fenêtre. Les murs étaient tendus de velours rouge, ce qui n’était pas fait pour éclaircir la pièce. Des visages inquiétants peints sur des tableaux pendus aux murs les dévisageaient avec sévérité. Une bibliothèque proposait quelques ouvrages qui semblaient ne plus être de la dernière fraîcheur et deux fauteuils voltaire grenat trônaient au milieu.
Les deux époux prirent chacun un livre au hasard et s’installèrent sur les fauteuils.
Alfonse ne tarda pas à s’endormir. La lecture avait cet effet sur lui.
Blandine essaya de se concentrer sur un roman mais elle ne parvenait pas à terminer la première phrase. Ce boudoir l’oppressait, elle avait besoin d’aller prendre l’air. Laissant son mari ronflant la tête penchée en avant et le menton écrasé sur la poitrine, elle sortit furtivement de la pièce.
Une fois dans le couloir, elle accéléra le pas. Il lui fallait vite trouver une issue, humer l’air du dehors, quitte à recevoir toute l’eau du ciel sur la tête mais sortir. L’angoisse l’étreignait. Elle courait, haletante. L’absence de fenêtre l’oppressait.
Elle finit par ouvrir une porte qui donnait sur une cuisine vide, il était encore trop tôt pour les préparatifs du dîner. À l’autre bout de la pièce une porte vitrée laissait passer un jour blafard mais cela lui redonna du courage. Elle se rua sur la poignée et la porte s’ouvrit sur une étrange vision : un immense pont de pierre qui enjambait la rivière. Elle continua sa course sur cette étrange passerelle assez étroite pour donner une terrible sensation de vertige. Les gorges était si profondes qu’elle se tenait à la rambarde en fer, regardant droit devant elle. Ce vide immense semblait vouloir l’aspirer.
Dans le boudoir, Alfonse se réveilla et, s’étonnant de ne pas trouver son épouse à ses côtés, partit à sa recherche. Alors qu’il se perdait dans le labyrinthe infernal, il croisa le maître d’hôtel qui semblait pressé.
- Avez-vous vu ma compagne ? Lui demanda-t-il.
- Je… heu… non je ne l’ai pas vue.
L’homme bafouillait, il semblait embarrassé, ses mains tripotant nerveusement un rouleau de corde. Alfonse continua sa recherche et parvint à son tour dans cette cuisine vide. Il ouvrit lui aussi cette porte vitrée qui donnait sur ce pont de pierre.
L’inspecteur Dufour, descendu près de la rivière, leva les yeux vers le pont immense au-dessus de sa tête. Drôle d’endroit pour mourir ! Pourquoi diable cet homme s’était-il pendu ?
A la terrasse du café de la place du village, l’homme vêtu de noir lisait son journal. A la une des faits divers de la région, on ne parlait que de cet homme retrouvé pendu sur le pont au-dessus de la rivière.
L’homme en noir eut un petit sourire de satisfaction. Il posa quelques pièces dans la soucoupe pour régler son café, plia le journal et partit d’un pas léger.
Aujourd’hui, c’était le jour de fermeture de l’hôtel, il avait quartiers libres. Il se dirigea vers sa maisonnette, au bout de la rue. La pluie avait cessé depuis la veille. Un ciel chargé de nuages laissait place de temps à autres à un rayon de soleil qui réchauffait l’atmosphère.
L’homme, le coeur léger, allait rejoindre sa douce. Elle avait du se réveiller maintenant, il était près de 10 heures. Il entra doucement dans la chambre, se déshabilla, se glissa dans le lit contre le corps chaud et nu de sa belle, et, la couvrant de baisers, lui chuchota au creux de l’oreille :
- Blandine, assez dormi maintenant, où en étions-nous restés ?
Il avait réservé deux nuits dans un petit hôtel construit à flanc de montagne.
Ils furent accueillis assez froidement par un homme taciturne, au teint blême, tout de noir vêtu qui les précéda dans un dédale de couloirs jusqu’à leur chambre.
Blandine ouvrit la fenêtre. La vue plongeante sur la rivière était vertigineuse, elle n’osa pas se pencher. En cette saison, son débit tumultueux résonnait comme un grondement permanent remontant le long des gorges.
Ce décor minéral et le temps maussade rendait le paysage inquiétant et Blandine en fut déçue. Elle avait imaginé une destination plus chaleureuse.
La pluie se mit à tomber oblique, inondant les carreaux et isolant le couple dans cette chambre austère.
Blandine s’assit au bord du lit et fondit en larmes.
Alfonse, dépité, vexé que son idée prenne une telle tournure ne ménagea pas son épouse.
- Voila ! Madame n’est jamais contente ! Toujours à chouiner !
Blandine essaya tant bien que mal de se reprendre. Elle tamponna ses yeux avec un mouchoir et suggéra de descendre au salon pour fuir la méchante ambiance de cette chambre.
Ils commencèrent par se perdre dans les méandres d’un corridor sombre, tournant désespérément pour se retrouver au même endroit, puis finirent par dénicher un sinistre boudoir, sans fenêtre. Les murs étaient tendus de velours rouge, ce qui n’était pas fait pour éclaircir la pièce. Des visages inquiétants peints sur des tableaux pendus aux murs les dévisageaient avec sévérité. Une bibliothèque proposait quelques ouvrages qui semblaient ne plus être de la dernière fraîcheur et deux fauteuils voltaire grenat trônaient au milieu.
Les deux époux prirent chacun un livre au hasard et s’installèrent sur les fauteuils.
Alfonse ne tarda pas à s’endormir. La lecture avait cet effet sur lui.
Blandine essaya de se concentrer sur un roman mais elle ne parvenait pas à terminer la première phrase. Ce boudoir l’oppressait, elle avait besoin d’aller prendre l’air. Laissant son mari ronflant la tête penchée en avant et le menton écrasé sur la poitrine, elle sortit furtivement de la pièce.
Une fois dans le couloir, elle accéléra le pas. Il lui fallait vite trouver une issue, humer l’air du dehors, quitte à recevoir toute l’eau du ciel sur la tête mais sortir. L’angoisse l’étreignait. Elle courait, haletante. L’absence de fenêtre l’oppressait.
Elle finit par ouvrir une porte qui donnait sur une cuisine vide, il était encore trop tôt pour les préparatifs du dîner. À l’autre bout de la pièce une porte vitrée laissait passer un jour blafard mais cela lui redonna du courage. Elle se rua sur la poignée et la porte s’ouvrit sur une étrange vision : un immense pont de pierre qui enjambait la rivière. Elle continua sa course sur cette étrange passerelle assez étroite pour donner une terrible sensation de vertige. Les gorges était si profondes qu’elle se tenait à la rambarde en fer, regardant droit devant elle. Ce vide immense semblait vouloir l’aspirer.
Dans le boudoir, Alfonse se réveilla et, s’étonnant de ne pas trouver son épouse à ses côtés, partit à sa recherche. Alors qu’il se perdait dans le labyrinthe infernal, il croisa le maître d’hôtel qui semblait pressé.
- Avez-vous vu ma compagne ? Lui demanda-t-il.
- Je… heu… non je ne l’ai pas vue.
L’homme bafouillait, il semblait embarrassé, ses mains tripotant nerveusement un rouleau de corde. Alfonse continua sa recherche et parvint à son tour dans cette cuisine vide. Il ouvrit lui aussi cette porte vitrée qui donnait sur ce pont de pierre.
L’inspecteur Dufour, descendu près de la rivière, leva les yeux vers le pont immense au-dessus de sa tête. Drôle d’endroit pour mourir ! Pourquoi diable cet homme s’était-il pendu ?
A la terrasse du café de la place du village, l’homme vêtu de noir lisait son journal. A la une des faits divers de la région, on ne parlait que de cet homme retrouvé pendu sur le pont au-dessus de la rivière.
L’homme en noir eut un petit sourire de satisfaction. Il posa quelques pièces dans la soucoupe pour régler son café, plia le journal et partit d’un pas léger.
Aujourd’hui, c’était le jour de fermeture de l’hôtel, il avait quartiers libres. Il se dirigea vers sa maisonnette, au bout de la rue. La pluie avait cessé depuis la veille. Un ciel chargé de nuages laissait place de temps à autres à un rayon de soleil qui réchauffait l’atmosphère.
L’homme, le coeur léger, allait rejoindre sa douce. Elle avait du se réveiller maintenant, il était près de 10 heures. Il entra doucement dans la chambre, se déshabilla, se glissa dans le lit contre le corps chaud et nu de sa belle, et, la couvrant de baisers, lui chuchota au creux de l’oreille :
- Blandine, assez dormi maintenant, où en étions-nous restés ?
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Drôle d'anniversaire
Ton histoire est très bien menée car tu installes dès le début une atmosphère pesante et l'on sent que ça ne va pas s'arranger… Le suspense reste entier jusqu'à la fin.
Nerwen- Humeur : éveillée
Re: A. Drôle d'anniversaire
Ça alors, quel anniversaire de mariage!
L'ambiance pesante, très bien décrite, et puis le dénouement!
L'ambiance pesante, très bien décrite, et puis le dénouement!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Drôle d'anniversaire
Il faudra que tu me donnes l'adresse de cette charmante auberge. je la recommanderai à deux de mes meilleures amies. je suis sûre qu'elles s'y plairont beaucoup.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A. Drôle d'anniversaire
@ Zéphyrine : Alphonse en fait de belles....
@Ataraxie : je ne vois pas de qui tu veux parler
@Myrte : un texte qui donne froid dans le dos, un décor d'auberge très bien décrit et planté, une atmosphère chargée de mystère et fort pesante, une fin inattendue et finalement une pendaison inexpliquée dans le détail qui nous laisse libre d'imaginer la scène !
@Ataraxie : je ne vois pas de qui tu veux parler
@Myrte : un texte qui donne froid dans le dos, un décor d'auberge très bien décrit et planté, une atmosphère chargée de mystère et fort pesante, une fin inattendue et finalement une pendaison inexpliquée dans le détail qui nous laisse libre d'imaginer la scène !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Drôle d'anniversaire
@ Amanda ne vois-tu vraiment pas de qui je veux parler ?
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A. Drôle d'anniversaire
@ Ataraxie : mais alors là, pas du tout, du tout, du tout
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Drôle d'anniversaire
Ben euh GLOUPS J'adore ces atmosphères glauques à souhait. Pour ce qui est de la fin, on peut hésiter, consentante ou pas Blandine ?
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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