A. Pont de suspension...

Amédée, maire de Saint Guihlem, s'était déplacé en personne ce jour-là pour accueillir les occupants du van qui venait de s'arrêter devant le Syndicat d'initiative de son village.

Il faut préciser que, tôt le matin, on avait découvert une fois de plus, un pendu au Pont du Diable.
L'imbécile avait décidé de se suicider en pleine saison touristique...
Se suicider,  peut-être, car pour ne rien arranger, les indices laissaient à penser qu'il ne s'était pas pendu tout seul!
La police avait donc délimité la scène du crime et se posait des questions.

Dès qu'il avait appris la nouvelle, le maire qui dirigeait le village depuis 30 ans, et qui n'en était pas à son premier pendu, savait que cette enquête allait durer longtemps et causerait ainsi un fameux déficit à la commune puisqu'on ne délivrerait plus de ticket d'entrée pour la visite du fameux site du pont du diable.
Alors, comme les autres fois, il s'était rendu en secret au fond du gouffre, au bord de l'Hérault, où se terrait le diable, pour lui demander conseil (on était heureusement en période de sécheresse).
Précisons qu'Amédée avait, à l'insu de tous et depuis bien longtemps, conclu un pacte avec Satan, lequel avait promis cette fois afin de lui filer un coup de mains, de faire revenir sur terre les meilleurs détectives.

C'est ainsi que le maire accueillit cérémonieusement les personnes débarquant de la voiture.
Il salua tout d'abord Miss Jane Marple : sa tenue un peu démodée mettait en valeur ses beaux cheveux blancs permanentés. Elle fixa Amédée  de ses yeux bleus clairs se disant qu'il lui faisait penser à quelqu'un de son village de Sainte Mary Mead, mais qui donc?
Venait ensuite le détective belge,  Hercule Poirot avec son crâne en forme d'oeuf, un vrai dandy qui à l'aide de ses petites cellules grises pensait toujours résoudre n'importe quelle énigme.
Suivait Jules Maigret : il allumait sa pipe qui lui avait bien manqué pendant tout le trajet. Il inspira profondément afin de s'imprégner de l'ambiance morbide de l'endroit.
Enfin, le séduisant commissaire Antoine San-Antonio sortit du véhicule et suivit du regard la jolie secrétaire du Syndicat d'initiative, se disant qu'elle était belle à tomber le cul par terre.

Tous ensemble, ils se rendirent sur le fameux pont que le maire leur décrivit comme attirant les suicidaires, pour preuve l'idiot de pendu, tout frais du matin.

Miss Marple n'arrêtait pas de toussoter pensant avec nostalgie aux aiguilles et à la laine qu'elle avait oublié d'emporter.
Hercule Poirot examinait sans cesse avec dégoût la poussière qui recouvrait ses chaussures.
Jules Maigret allumait déjà sa troisième pipe. Quant au commissaire San-Antonio, il se demandait où avait bien pu passer la fille canon qu'il avait aperçue en arrivant...

- Madame, Messsieurs, supplia Amédée en s'impatientant, donnez moi enfin votre avis! Ne restez pas là à ne rien dire, je suis certain que grâce à vous l'affaire est déjà résolue!

- Grâce à nous? s'écrièrent les détectives tous ensemble.

- Mais voyons, il nous manque le principal, l'essentiel, dit alors Miss Marple.

- Sans nos auteurs nous ne sommes rien, ajouta Jules Maigret.

- Ce sont eux qui résolvent les énigmes policières, avoua Hercule Poirot.

-Vous n'avez pas invité les bonnes personnes, déclara San-Antonio.

- Enfer et damnation, c'est le cas de le dire, explosa Amédée. Une fois de plus, le diable m'a bien eu!

Les quatre repartaient déjà quand on entendit des éclats de rire au pied du Pont du Diable.
C'était Agatha Christie, Georges Simenon, Frédéric Dard et Lucifer qui se réjouissaient du bon tour joué au maire.
Et Zéphyrine n'était pas loin...

Excellent ! C'est très original de faire intervenir les célèbres détectives qui, sans leurs auteurs, ne peuvent rien résoudre. Ce n'est pas pour rien, Amédée s'en aperçoit, qu'on appelle aussi  le Diable, le Malin !

Merci Zéphyrine, tu t'es surpassée je trouve pour ma consigne ! Si ce n'est pas de l'amitié, ça !
Ton idée de rassembler les détectives est géniale et surtout la chute ( si j'ose dire) en faisant intervenir les auteurs !
Ton message passera à tout jamais aux kaléïdoplumiens " sans l'auteur, les personnages ne peuvent rien"
Qu'on se le dise !

Belle imagination. Bravo !

J'ai aimé l'idée de convoquer les célèbres détectives de romans policiers, toutes époques confondues, mais j'ai été un peu déçue par la chute farceuse du diable qui met court au suspens. Il est vrai que, s'il avait fallu développer l'enquête à la façon de chacun, le texte aurait pu être un peu long pour un atelier d'écriture. En tout cas c'est une bonne idée à développer car tu sembles bien connaître ces personnages.

Figure toi, Myrte, que j'ai la fâcheuse habitude, quand j'écris une histoire, d'avoir peur de lasser le lecteur, de tirer en longueur un texte qui n'en finirait pas.
Tu as raison, j'aurais pu (dû ) faire plus long...
Merci pour ton commentaire!

Excellent ! On sent la lectrice assidue des romans policiers "old fashioned" au bon sens du terme. Tes détectives sortent vraiment de leurs livres avec les délicieuses petites manies et ton diable facétieux est un délice ! Donc si je comprends bien, les écrivains qui écrivent sur des meurtres se retrouvent en enfer, damned !

Merci Martine, tu as tout compris!