A. L'origamiste

Je suis un dompteur de papier, je suis origamiste.

Plis intérieur, plis extérieurs, vallées, montagnes, plis inversés, contre-pliages, je créer des objets en pliant le papier.

Des petits carrés de papiers multicolores.

Cet art demande précision et concentration.

Je dois me souvenir de l’ordre des plis.

Un pli après l’autre, sans précipitation. Lenteur, patience. Je ne pense pas à l’objet fini mais à chaque pli.

Je vis l’instant présent. Je suis dans le pli que j’applique sur le papier.

Lorsque j’étais enfant, ma mère tomba malade.
Elle si vivante, si gaie. Elle qui chantait tout au long du jour, elle restait couchée, toute pâle, j’avais peur de la perdre.
Alors je me mis à faire des grues en origami car on dit dans mon pays que mille grues en papier plié permettent de réaliser un voeu.
Je remplissais notre maison de grues pour que ma mère guérisse.
Tous les morceaux de papiers qui me tombaient sous la main devenaient des grues. Le papier qui emballait les courses à l’épicerie, les publicités dans la boîte à lettres, le journal que mon père lisait chaque jour, les vieilles feuilles de papier brouillon de l’école.

Les grues envahissaient l’espace.

Je les suspendais au plafond, aux lustres, aux appliques murales, aux tableaux. Je les accrochais aux meubles, aux fenêtres. Il y en avait dans les tiroirs, sur la table, sous les lits.

J’en avais perdu le compte. Je ne sais pas combien j’en réalisai.

Peut-être plus de mille ?

En tout cas ma mère guérit.

Et moi j’attrapai la maladie de l’origami.
Je ne pouvais plus m’empêcher d’en faire.
Et je devins maitre origamiste, dompteur de papier.

Bon, voilà j'avais moi aussi pensé à l'origami et à la légende des milles grues de papier, il va me falloir trouver autre chose ou l'exploiter autrement...joli texte en tout cas

C'est très jolis ce texte où on imagine facilement, grâce à tes descriptions précises, la maison de ton origamiste.
Encore un texte tout en légèreté comme tu nous en proposes souvent!

Merci pour vos retours. Désolée Plume d'avoir eu la même idée mais "dompteur de papier" difficile de ne pas penser aux origamis. Il ne faudrait pas lire les textes des autres avant d'écrire le sien... Dommage, ton texte aurait forcement était différent !

Une excellente idée pour suivre cette consigne, toute en détails soignés.
L'an dernier j'ai été invitée à un mariage où la déco avait été conçue par la mariée, rien que des origamis, une pure merveille mais quel boulot !

Eh bien ma cocotte (en papier) nous n'y avions (de papier) pas pensé.
Cette idée ne nous avait pas effleur – en papier – é.
C'est tout un apprentissage ce maniement du papier 'd'Ar(t)ménie' réussit pas tout le monde.

Voila voila Alain !

Je comprends la réaction de Plumentête, car après la lecture d'un si joli texte il semble compliqué de faire mieux pour évoquer la même légende. J'ai beaucoup aimé.

Je ne sais si ton histoire est en partie vraie mais elle me fait revenir à des années en arrière.
Nous en étions à notre 2ème échange de maisons ( c'est notre façon de passer nos vacances depuis presque 40 ans ). C'était aux Pays-Bas.
Le père de famille, handicapé, occupait son temps en confectionnant des animaux en papier. Il y en avait partout dans leur maison. Cela nous a beaucoup plu, nous ne connaissions pas l'origami. Lorsque nous sommes rentrés chez nous, sur le dessus de la cheminée, quantité de petits animaux occupaient tout l'espace.
Alors mon fils, 7 ou 8 ans à l'époque, s'est mis à les défaire patiemment et à les refaire et refaire. J'ai acheté des papiers de différentes couleurs et des petits livres traitant du sujet. Mon gamin a pratiqué l'origami pendant longtemps puis il s'est mis aux échecs. De nos jours, il pratique l'art d'être papa. C'est beaucoup plus compliqué !

Magnifique ton histoire. Très belle manière de nous expliquer ce qui a déclencher cet amour inconditionnel pour l'origami (mais dieu que c'est difficile à réaliser !)

L'origami m'a toujours tentée. La petite fille de ma soeur en fait de magnifiques ! Cela me fait envie à chaque fois. Il faudra bien que j'essaie un jour.

Très jolie et émouvante ton histoire, Myrte. Je ne savais pas pour les grues.
Merci, j'aurai appris quelque chose.