A. Max

_- Et bien, mon vieux, qu'est-ce qui vous arrive ? Vous êtes dans un sale état !
Euh,j' sais pas, j' sais plus. Aïe, ça cogne dans ma tête !

Une sacrée gueule de bois, oui, pour vous coucher sur le trottoir devant ma boutique !
Pas faux, j'ai picolé sec cette nuit, plus l'habitude.

Ca n'a pas l'air d'aller...
J'ai tout perdu, ma fortune, mon empire, mon pouvoir, j' suis sur la paille...
(sanglots, pleurs, cris stridents de douleur)

Ouh la, ça fait beaucoup dites donc. Allez,  je vous offre un p'tit café bien fort pour faire passer tout ça. Un homme couché perd toute  dignité, alors debout, entrez dans ma boutique. Je vais vous requinquer  moi, en une, deux, trois.
Mais pourquoi vous faites ça ? Vous n'êtes ni l'Abbé Pierre, ni Mère Teresa ( enfin, j'espère) J'vois pas tout à fait clair mais sur c'coup-là, j'suis sûr !

Venez, entrez ! Réparer c'est mon métier. Je suis réparateur de vases brisés et de bien d'autres choses encore. Tenez, buvez, attention, c'est chaud.
Merci ! ( re-sanglots)

Et l'ami ( tu permets que je te tutoie?), tu m'as l'air bien mal en point. Tu dis que tu as tout perdu ? Mais es-tu sûr que toute cette fortune et ce pouvoir te rendaient heureux ?

J'sais pas. Mais quand on n'a plus ça, qu'est-ce qui reste ?
Et bien réfléchis, l'ami, il reste sans doute le plus précieux.
Et c'est quoi le plus précieux ?
Le cœur, mon ami, le cœur ! Quoi d'autre ?
 
Alors, là, c'est le pompom ! Tout l' monde est d'accord sur ce point au moins : j'ai pas de cœur. J' l'ai perdu il y a bien longtemps. J'suis un homme sans argent, sans pouvoir et sans cœur. Pour un réparateur, tu m'encourages, merci bien !

Mais peut-être qu'un cœur, ça se retrouve, non ?
J'en suis pas certain, ça ne dépend pas d'moi, mais des autres...

Laisse-moi sentir ton cœur. Ouh là ! Je le sens tout cabossé, il n'est pas très beau à voir.
J'te l'avais bien dit !

On va arranger ça. Tiens ! Ferme les yeux ! Je vais te donner un petit morceau du mien. La greffe prendra très vite. J'ai les outils pour, je suis un meccano du cœur. Et voilà ! Tout beau, tout neuf ! Il va pouvoir remarcher du tonnerre !
Mais prends garde, dorénavant, prends bien soin de lui !

J'me sens déjà mieux,même si j'comprends rien à c'que t'as fait. T'es un magicien ? Une espèce de rebouteux ? Jésus ?

Pas du tout. J'ai du cœur à revendre, j'ai bon cœur, je le partage volontiers avec d'autres qui sont un peu en manque. Si tu fais pareil, tu verras comme ta vie sera belle !

Allez, va maintenant et n'oublie jamais «  Aux vases brisés, on répare tout ! »

Donner son coeur, quelle belle idée !
Ce texte plein de symboles me plaît  beaucoup!

On peut donc aussi réparer les hommes, c'est beau et noble.

En voilà une belle idée Amanda.En plus un petit morceau de ton coeur de Provence: c'est le top avec tout le soleil qu'il y a dedans.

Du coeur à revendre, un coeur à bricoler pour nous rappeler que l'important c'est la rose.

Encore une histoire de poudre aux yeux ! Et ce n'est même pas de la poudre de perlimpinpin.

Tu me fends le cœur, tiens !

Ce boutiquier là ne fera pas fortune,
mais à l'heure du Jugement dernier,
il sera à la droite de Dieu qui,
devant  une telle aubaine,
lui confiera tout ce qui est à réparer
et depuis le temps,
le garçon,
il ne chômera pas d'abord !