A. Elle devait fêté hier ses 39 ans…

Jamais je n’aurais imaginé que ça m’arriverait une fois dans ma vie, participer à une manifestation contre la violence envers les femmes dans de telles conditions.
C’est ma nièce qui m’a informé et m’y a invité.
J’ai de suite accepté, je pense qu’il est important que les «mâles» participent à de telles actions.

Hier soir, vendredi, dans un village calme sans histoire de 1600 habitants, une scène irréaliste: des centaines de personnes (difficile à évaluer), femmes et hommes, adultes et enfants, la plupart une bougie et une fleur à la main.  Nous marchons lentement environ 1300 mètres, dans un silence indescriptible, de nombreuses autres bougies illuminent les fenêtres des maisons, tout le monde veut exprimer à sa manière sa tristesse, son dégoût, mais sans haine.
Même les policiers et pompiers qui règlent la circulation, notamment dans la rue principale, ne chuchotent que le strict nécessaire sur leur radio.
Finalement la foule devenant tellement dense, que toute circulation routière est interrompue.
Ce n’est pas une manifestation de gilets jaunes, mais un recueillement solennel. Tout ce que j’entends comme bruits, sont des chagrins.

Arrivés devant la fameuse maison, les centaines d’individus que nous sommes déposons nos fleurs et bougies le long d’une haie et restons ensuite statiques, abasourdis, décontenancés.
Les larmes s’amplifient toutefois, moi y compris.

Subitement, une fille de 13 ans en pleurs, nous reconnaît, vient vers nous, nous embrassent et nous serrent très fort. Comme sa sœur et son frère, ils sont devenus orphelins des parents, anciens employeurs de ma nièce, je les connaissais très bien, Mélanie était une maman absolument adorable. Le père était réputé de plus en plus violent.
La semaine dernière, il a violé son épouse, la violentée sous la menace d’une arme. Elle a porté plainte, il a eu l’interdiction de l’approcher, armes confisquées, cependant laissé en liberté.

Et lundi il est tout de même revenu à la maison, où nous sommes rassemblés.
Il avait un couteau. Selon la sœur de Mélanie, il y a eu bagarre, il l’a ensuite égorgée! avant de s’égorger lui-même!

Ce n’est hélas pas un polar, non plus un article d’un drame situé loin de chez moi, mais des connaissances de notre famille.
Et quand la sœur nous raconte plus tard dans la soirée, que Mélanie a vécu quelques jours de liberté, mais dans la peur, ça me fait froid au dos.

Jamais je n’aurais imaginé que ça m’arriverait une fois dans ma vie, et comme toute cette foule amassée hier soir, j’espère ne plus revivre de si près une telle tragédie.
Malheureusement dans le monde, il y a encore trop de femmes battues, maltraitées et assassinées comme l’a été si injustement Mélanie et les enfants n’ont plus de parents!