A – Les tourbillons du siphon

Au moment de l'impact, le choc sur l’eau provoque chez moi comme une anesthésie générale. Je me sens dans un état second avec l’impression de me déplacer sous l’eau du canyon tout en douceur. Je garde il est vrai de mes anesthésies, fréquentes fut un temps, un excellent souvenir. Cet acte médical était toujours précédé de l’invitation de l’anesthésiste : « Pensez donc à un moment heureux de votre vie », me prenait toujours de court. Si j’entendais bien le début de la question je m’étais déjà endormi au moment où je voulais formuler ma réponse. Et je vivais l'anesthésie merveilleusement bien.
Quelques minutes avant ce saut je suis avec mes camarades de randonnée au sommet de la roche qui surplombe de 6 mètres les gorges du rio Vero dans la Sierra de Guara. Refusant la descente en rappel, pour gagner du temps, nous avons décidé de sauter. Je suis le dernier, mais passé le moment d’appréhension où je me lance dans le vide, je me sens bien et je garde la même sensation après l’impact.

« Aussitôt dans le canyon, gardez votre respiration, ne perdez pas de temps, le courant vous emporte jusqu’au siphon des grosses roches. Laissez le vous y glisser, et vous retrouverez l’air libre deux mètre plus bas ». J’ai en mémoire cette consigne rassurante de notre guide, mais je ne sens pas trop le courant. Je crains de trouver le siphon trop tard et de manquer d’air. Cette peur précède la panique.D’autant que dans le même temps ma combi s’imprègne de la fraicheur de l’eau qui se fait glaciale. Et soudain je sens les premiers tourbillons du siphon qui m’aspirent en un rien de temps…
Après, c'est le trou noir !

Non, malgré ta description qui est comme une invitation,
je ne te suivrai pas dans le plongeon vers le siphon du canyon.  
Oui, parce qu'au delà du trou noir, y  a-t-il  eu l'ai libre ?

Se lancer dans le vide... très peu pour moi.Très bonne description.

Je retiens le concept de « oser se lancer » qui comportent une dynamique de vie. J'en sais quelque chose personnellement, comme beaucoup d'ailleurs.
A condition qu'il y ait un véritable enjeu. L'exploit sportif m'a toujours paru dérisoire, si ce n'est inutile. D'ailleurs je déteste les JO.

Ouf, moi qui voulais faire un saut à l'élastique!
Je vais participer au Marathon d'écriture, c'est un peu la même chose, non?

J'adore l'eau, mais là non, non pas question de me lancer !

Quel courage ou alors quelle inconscience, tu le sais mieux que moi...
J'ai bien aimé aussi ton allusion à l'anesthésie, bien rcontée !