A. plongée
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Ataraxie
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tobermory
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A. plongée
Il a laissé derrière lui la plage fleurie de parasols, les jeux et leurs cris mêlés à ceux des mouettes, Il a laissé ses enfants, et un peu plus loin sa voiture et la route qui le ramèneront vers la routine étroite, les problèmes mesquins du quotidien, le stress du travail. Il a dépassé la zone de baignade. Les bruits de la foule se sont atténués, puis ils ont disparu. Il est seul avec la mer. Il retrouve cette immensité qui le fascinait tant quand il était enfant, quand la mer n’était qu’émerveillement. Il se laisse envahir par le calme, le refrain des vagues, les fragrances d’iode et de sel, l’horizon prometteur d’infini. Un sentiment de liberté folle gonfle ses poumons. Des flashs illuminent son cerveau comme le rayon intermittent d’un phare. Une plage déserte, la mer pour lui seul. Un morceau de bois chahuté par la houle. Un souvenir aiguillonné par ce faisceau de sensations. Souvenir qui cherche à remonter, replonge, revient, hésite, se précise, s’impose et prend toute la place.
Il est en vacances avec ses parents. Ils logent dans un bungalow à deux pas de la plage. La veille il s’est baigné, il a joué dans le sable. Il a hâte d’y retourner. Il est tôt, ses parents dorment encore, mais lui est réveillé. Le jour pointe à la fenêtre. Il ne résiste pas, il se lève, s’habille en vitesse, ouvre sans bruit la porte et sort. Il s’avance sur le sentier. C’est un choc quand la mer surgit devant lui. A part le ciel, il n’a jamais rien vu d’aussi vaste. Hier c’était différent, l’espace était ponctué de baigneurs, bouées, joueurs de ballons, corps allongés, sacs, serviettes, parasols. Ce matin, ne restent que l’eau, le sable et le silence. La marée de la nuit a lavé, repassé, lissé la plage, si nette qu’il ose à peine y poser les pieds.
L’air salubre, l’immensité tranquille, le chuchotement des vagues lui montent à la tête, l’étourdissent. Pour la première fois il ressent physiquement son appartenance au monde. Lui, si petit face à cet infini. Pourtant il ne se sent pas écrasé, mais au contraire joyeux, respirant un air de liberté, de confiance envers la vie qui va étendre toutes ces années devant lui. Dans quelques heures, la foule envahira la plage et la mer, mais pour l’instant, dans le petit matin désert, elles sont à lui, elles sont ses amies.
Il s’approche de l’eau, il aperçoit à quelques mètres de là, une chose ballotée par le flot, un morceau de bois, pointu comme un bateau. Oui, c’est un bateau, de la taille d’un jouet. Mais il n’a pas le fini d’un jouet. On voit la trace des coups de couteau qui l’ont taillé. Il est tout près maintenant. De ses doigts d’écume la dernière vaguelette le dépose devant lui comme un cadeau, un cadeau que lui offre la mer. Il se penche et le saisit, le retourne, passe le doigt sur les flancs, sur la poupe, la proue, le pont. D’où vient-il ? De très loin peut-être. Il repose le précieux présent sur le sable et s’avance de quelques pas. L’eau effleure ses chevilles, l’invite à s’immerger. Il se débarrasse de ses vêtements qu’il lance à côté du bateau.
Il nage ; sa brasse est maladroite, mais l’eau le porte. Ne comptent plus que le refrain des vagues, les fragrances d’iode et de sel, l’horizon. Des flashs lacèrent son cerveau. Un souvenir qui cherche à faire surface. Celui d’une autre vie, sombre, monotone, angoissée, entravée, si différente de la liberté de ce matin miraculeux. La mer est son amie, elle le sauvera de ce piège. Il ne doit pas la quitter, il nage, il nage toujours plus loin.
Texte écrit il y a un peu plus d’un an sur un forum. Le sujet était le suivant :
Une image, un son, une situation, etc. déclenchent chez le personnage un retour vers son enfance, pour le meilleur, le pire ou tout ce que lui dicteront sa mémoire et son imagination.
Pour l’escapade matinale sur la plage déserte et l’ébauche de bateau en bois, je mes suis inspiré d’un souvenir réel de mon enfance en Océanie.
Il est en vacances avec ses parents. Ils logent dans un bungalow à deux pas de la plage. La veille il s’est baigné, il a joué dans le sable. Il a hâte d’y retourner. Il est tôt, ses parents dorment encore, mais lui est réveillé. Le jour pointe à la fenêtre. Il ne résiste pas, il se lève, s’habille en vitesse, ouvre sans bruit la porte et sort. Il s’avance sur le sentier. C’est un choc quand la mer surgit devant lui. A part le ciel, il n’a jamais rien vu d’aussi vaste. Hier c’était différent, l’espace était ponctué de baigneurs, bouées, joueurs de ballons, corps allongés, sacs, serviettes, parasols. Ce matin, ne restent que l’eau, le sable et le silence. La marée de la nuit a lavé, repassé, lissé la plage, si nette qu’il ose à peine y poser les pieds.
L’air salubre, l’immensité tranquille, le chuchotement des vagues lui montent à la tête, l’étourdissent. Pour la première fois il ressent physiquement son appartenance au monde. Lui, si petit face à cet infini. Pourtant il ne se sent pas écrasé, mais au contraire joyeux, respirant un air de liberté, de confiance envers la vie qui va étendre toutes ces années devant lui. Dans quelques heures, la foule envahira la plage et la mer, mais pour l’instant, dans le petit matin désert, elles sont à lui, elles sont ses amies.
Il s’approche de l’eau, il aperçoit à quelques mètres de là, une chose ballotée par le flot, un morceau de bois, pointu comme un bateau. Oui, c’est un bateau, de la taille d’un jouet. Mais il n’a pas le fini d’un jouet. On voit la trace des coups de couteau qui l’ont taillé. Il est tout près maintenant. De ses doigts d’écume la dernière vaguelette le dépose devant lui comme un cadeau, un cadeau que lui offre la mer. Il se penche et le saisit, le retourne, passe le doigt sur les flancs, sur la poupe, la proue, le pont. D’où vient-il ? De très loin peut-être. Il repose le précieux présent sur le sable et s’avance de quelques pas. L’eau effleure ses chevilles, l’invite à s’immerger. Il se débarrasse de ses vêtements qu’il lance à côté du bateau.
Il nage ; sa brasse est maladroite, mais l’eau le porte. Ne comptent plus que le refrain des vagues, les fragrances d’iode et de sel, l’horizon. Des flashs lacèrent son cerveau. Un souvenir qui cherche à faire surface. Celui d’une autre vie, sombre, monotone, angoissée, entravée, si différente de la liberté de ce matin miraculeux. La mer est son amie, elle le sauvera de ce piège. Il ne doit pas la quitter, il nage, il nage toujours plus loin.
Texte écrit il y a un peu plus d’un an sur un forum. Le sujet était le suivant :
Une image, un son, une situation, etc. déclenchent chez le personnage un retour vers son enfance, pour le meilleur, le pire ou tout ce que lui dicteront sa mémoire et son imagination.
Pour l’escapade matinale sur la plage déserte et l’ébauche de bateau en bois, je mes suis inspiré d’un souvenir réel de mon enfance en Océanie.
tobermory- Humeur : Changeante
Re: A. plongée
Belle description qui m’a permis d’imaginer la scène .
J’aime beaucoup ton récit empreint de nostalgie
J’aime beaucoup ton récit empreint de nostalgie
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. plongée
On parlait ici de tricoter les mots. Tu les tricotes à merveille.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A. plongée
J'ai beaucoup aimé la lenteur de cette histoire qu'on imagine d'autant plus facilement. C'est très visuel!
J'ai aussi trouvé qu'il s' agissait là d'un beau sujet proposé, une belle consigne...
J'ai aussi trouvé qu'il s' agissait là d'un beau sujet proposé, une belle consigne...
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. plongée
J'aime retrouver ton écriture Tober, ce texte est très bien construit, on suit avec intérêt la lente progression. Riche idée !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. plongée
Tu as une belle écriture, Tobermory, je la découvre.
Tu sais donner l'ambiance, l'émotion et l'envie de connaître la fin.
Tu sais donner l'ambiance, l'émotion et l'envie de connaître la fin.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A. plongée
Quel magnifique texte écrit d'une toute belle écriture! J'ai vraiment savouré.
Virgul- Humeur : Optimiste
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