A. La maison abandonnée
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A. La maison abandonnée
« Grand père, regarde ce qu’on a trouvé dans le grenier ! »
Le vieil homme saisit la liasse de papiers jaunis que lui tend son petit-fils. Il les feuillette lentement et un sourire lui monte aux lèvres. Son regard se posent sur ses petits-enfants qui l’observent attentivement.
« Tu nous racontes l’histoire ? »
« Vous les avez trouvés où ? »
« Dans un carton dans une malle de vêtements. On cherchait des déguisements »
………………………………………………….
« Allez ! Tu nous expliques l’histoire ? »
« D’accord. Mais on va s’installer au salon »
L’aïeul se carre dans son fauteuil, ses petits-enfants assis sur des coussins autour de lui. L’homme ferme les yeux et laisse remonter ses souvenirs. Quand il ouvre les paupières ce sont 4 paires d’yeux qui le fixent intensément. Il entame alors son récit d’une voix profonde et lente.
« J’avais votre âge. 12 ans. Nous étions une bande de camarades inséparables : moi, Pierre, Jean et P’tit Louis. C’était le plus jeune, à peine 10 ans. A 2 kms du village, au milieu de la lande battue par les vents il y avait cette maison abandonnée. Pour nous, c’était plus un manoir qu’une maison. Les fenêtres avaient été murées, les portes étaient closes et du lierre grimpait sur les murs. Tout autour de la maison c’était une vraie jungle. Les lauriers cerises laissés à l’abandon envahissaient tout le jardin. La glycine de ses lianes puissantes et grosses comme le bras avait fini par tordre le grillage et les montants de la clôture. Un vieux puits et sa chaine rouillée trônait à l’arrière de la maison. Quelques gros pots de fleurs en terre à moitié cassés encadraient la porte d’entrée.
Ce lieu nous fascinait. C’était un magnifique endroit où jouer aux gendarmes et aux voleurs. C’était aussi un lieu d’initiation. On ne faisait partie du groupe que si on était resté une nuit seul dans le jardin. Bien sûr, de tout cela nos parents n’en avaient pas connaissance. Il valait mieux d’ailleurs ! Ils nous avaient interdit d’aller jouer là-bas et à notre époque ils pouvaient avoir la main leste quand on leur désobéissait.
Une nuit il y a eu une tempête gigantesque. Pluie, vent, grêle, on aurait dit que le ciel allait nous tomber sur la tête. Le lendemain quand nous sommes allés à la maison, c’était un spectacle désolant. Les feuilles de glycine fauchées par la grêle jonchaient le sol. Celles des lauriers cerises étaient déchiquetées. Les pots de fleur en terre avaient été renversés. Et c’est là que P’tit Louis a trouvé un trousseau de clés en-dessous d’un pot. Il y avait 5-6 clés, encombrées de terre et plus ou moins rouillées. Nous nous sommes regardés à la fois excités et plein d’appréhension. C’était certainement les clés de la maison et … si on y entrait ?....
Sans lumière ce n’était pas envisageable. Nous sommes revenus le lendemain munis de lampes de poche. On a laissé à P’tit Louis l’honneur d’ouvrir la porte. Ses mains tremblaient. Une à une il essaya maladroitement les clés. Derrière lui Pierre le bousculait pour qu’il se dépêche un peu. « Allez ! Ne te décourage pas, c’est souvent la dernière clé du trousseau qui ouvre la porte !". Ce fut le cas et P’tit Louis poussa la porte d’entrée qui gémit lugubrement. Nous nous tenions immobiles derrière lui, le souffle court, le cœur battant la chamade.
Je pense que nous aurions tous pris nos jambes à notre cou si nous avions été seuls. Instinctivement nous nous sommes tenus la main pour rentrer dans la maison. Il faisait noir comme un four, cela sentait le renfermé et des toiles d’araignées nous collaient au visage. Nos lampes éclairaient faiblement les lieux et nous nous sommes avancés dans les différentes pièces quand brusquement nous nous sommes figés sur place. Nos lampes venaient d’éclairer sur le sol le dessin maladroit d’une femme fait à la craie et au centre dessiné lui aussi à la craie le corps en fœtus d’un enfant. Plus loin nous découvrîmes 2 autres dessins de ce type. A chaque fois dessiné à la craie et de façon maladroite la silhouette d’une femme et au centre le dessin d’autres corps adultes cette fois ci. Ce fut trop pour nos nerfs et nous détalâmes sans nous retourner et en laissant la porte ouverte.
Comme mes camarades je me suis mis à faire des cauchemars la nuit. J’ai finalement parlé à mes parents de ce qui s’était passé. J’ai eu droit à une magnifique gifle de la part de ma mère « Nous t’avions interdit d’aller fureter là-bas ». Puis elle consentit à m’expliquer : « Dans cette maison vivait un couple et son enfant de 7 ans. Ils ont été assassinés. Il y a de cela bien 30 ans. On n’a jamais su par qui ni pourquoi. La police a trouvé les corps au centre de ces dessins d’une femme faits à la craie. Ils ont pensé à un malade mental. Ce que vous avez vu c’est la reconstitution qu’ils ont fait en notant où et comment les corps avaient été retrouvés. »
Plus grand, j’ai voulu éclaircir cette énigme. J’ai collecté tous les articles de journaux de l’époque et toutes les suppositions faites. Ce sont tous ces papiers que vous avez trouvés. Je ne me rappelais plus que je les avais gardés. La police pensait à un tueur en série mais ces meurtres resteront malheureusement un mystère.
Allez ! Ne faites pas cette tête ! C’est du passé. Cela date de près d’un siècle ! Cette maison a été rasée. Il n’y en a plus aucune trace. »
Le vieil homme saisit la liasse de papiers jaunis que lui tend son petit-fils. Il les feuillette lentement et un sourire lui monte aux lèvres. Son regard se posent sur ses petits-enfants qui l’observent attentivement.
« Tu nous racontes l’histoire ? »
« Vous les avez trouvés où ? »
« Dans un carton dans une malle de vêtements. On cherchait des déguisements »
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« Allez ! Tu nous expliques l’histoire ? »
« D’accord. Mais on va s’installer au salon »
L’aïeul se carre dans son fauteuil, ses petits-enfants assis sur des coussins autour de lui. L’homme ferme les yeux et laisse remonter ses souvenirs. Quand il ouvre les paupières ce sont 4 paires d’yeux qui le fixent intensément. Il entame alors son récit d’une voix profonde et lente.
« J’avais votre âge. 12 ans. Nous étions une bande de camarades inséparables : moi, Pierre, Jean et P’tit Louis. C’était le plus jeune, à peine 10 ans. A 2 kms du village, au milieu de la lande battue par les vents il y avait cette maison abandonnée. Pour nous, c’était plus un manoir qu’une maison. Les fenêtres avaient été murées, les portes étaient closes et du lierre grimpait sur les murs. Tout autour de la maison c’était une vraie jungle. Les lauriers cerises laissés à l’abandon envahissaient tout le jardin. La glycine de ses lianes puissantes et grosses comme le bras avait fini par tordre le grillage et les montants de la clôture. Un vieux puits et sa chaine rouillée trônait à l’arrière de la maison. Quelques gros pots de fleurs en terre à moitié cassés encadraient la porte d’entrée.
Ce lieu nous fascinait. C’était un magnifique endroit où jouer aux gendarmes et aux voleurs. C’était aussi un lieu d’initiation. On ne faisait partie du groupe que si on était resté une nuit seul dans le jardin. Bien sûr, de tout cela nos parents n’en avaient pas connaissance. Il valait mieux d’ailleurs ! Ils nous avaient interdit d’aller jouer là-bas et à notre époque ils pouvaient avoir la main leste quand on leur désobéissait.
Une nuit il y a eu une tempête gigantesque. Pluie, vent, grêle, on aurait dit que le ciel allait nous tomber sur la tête. Le lendemain quand nous sommes allés à la maison, c’était un spectacle désolant. Les feuilles de glycine fauchées par la grêle jonchaient le sol. Celles des lauriers cerises étaient déchiquetées. Les pots de fleur en terre avaient été renversés. Et c’est là que P’tit Louis a trouvé un trousseau de clés en-dessous d’un pot. Il y avait 5-6 clés, encombrées de terre et plus ou moins rouillées. Nous nous sommes regardés à la fois excités et plein d’appréhension. C’était certainement les clés de la maison et … si on y entrait ?....
Sans lumière ce n’était pas envisageable. Nous sommes revenus le lendemain munis de lampes de poche. On a laissé à P’tit Louis l’honneur d’ouvrir la porte. Ses mains tremblaient. Une à une il essaya maladroitement les clés. Derrière lui Pierre le bousculait pour qu’il se dépêche un peu. « Allez ! Ne te décourage pas, c’est souvent la dernière clé du trousseau qui ouvre la porte !". Ce fut le cas et P’tit Louis poussa la porte d’entrée qui gémit lugubrement. Nous nous tenions immobiles derrière lui, le souffle court, le cœur battant la chamade.
Je pense que nous aurions tous pris nos jambes à notre cou si nous avions été seuls. Instinctivement nous nous sommes tenus la main pour rentrer dans la maison. Il faisait noir comme un four, cela sentait le renfermé et des toiles d’araignées nous collaient au visage. Nos lampes éclairaient faiblement les lieux et nous nous sommes avancés dans les différentes pièces quand brusquement nous nous sommes figés sur place. Nos lampes venaient d’éclairer sur le sol le dessin maladroit d’une femme fait à la craie et au centre dessiné lui aussi à la craie le corps en fœtus d’un enfant. Plus loin nous découvrîmes 2 autres dessins de ce type. A chaque fois dessiné à la craie et de façon maladroite la silhouette d’une femme et au centre le dessin d’autres corps adultes cette fois ci. Ce fut trop pour nos nerfs et nous détalâmes sans nous retourner et en laissant la porte ouverte.
Comme mes camarades je me suis mis à faire des cauchemars la nuit. J’ai finalement parlé à mes parents de ce qui s’était passé. J’ai eu droit à une magnifique gifle de la part de ma mère « Nous t’avions interdit d’aller fureter là-bas ». Puis elle consentit à m’expliquer : « Dans cette maison vivait un couple et son enfant de 7 ans. Ils ont été assassinés. Il y a de cela bien 30 ans. On n’a jamais su par qui ni pourquoi. La police a trouvé les corps au centre de ces dessins d’une femme faits à la craie. Ils ont pensé à un malade mental. Ce que vous avez vu c’est la reconstitution qu’ils ont fait en notant où et comment les corps avaient été retrouvés. »
Plus grand, j’ai voulu éclaircir cette énigme. J’ai collecté tous les articles de journaux de l’époque et toutes les suppositions faites. Ce sont tous ces papiers que vous avez trouvés. Je ne me rappelais plus que je les avais gardés. La police pensait à un tueur en série mais ces meurtres resteront malheureusement un mystère.
Allez ! Ne faites pas cette tête ! C’est du passé. Cela date de près d’un siècle ! Cette maison a été rasée. Il n’y en a plus aucune trace. »
Sherkane
Re: A. La maison abandonnée
Quelle histoire ! Très bien racontée, tu nous tiens en haleine...Ce pourrait même faire l'objet d'une nouvelle
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. La maison abandonnée
J'aurais voulu que cette histoire dure plus longtemps. En te lisant, je me revoyais petite fille écoutant les histoires que racontait ma Grand mère.
On attend la fin avec impatience...Je me suis régalée!
On attend la fin avec impatience...Je me suis régalée!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. La maison abandonnée
Quelle histoire captivante ! Je suis restée sur ma faim à la fin. Je comprends que tu n'aies pas pu faire trop long pour la consigne mais pourquoi ne pas poursuivre par une enquête une fois adulte ? Un véritable polar haletant à écrire en écriture libre !
Myrte- Humeur : Curieuse
RE/ A La maison abandonnée
Bravo , Sherkane, c'est une histoire qui fait froid dans le dos !
automne- Humeur : égale
Re: A. La maison abandonnée
Oui, histoire captivante qui réclame une suite. Peut être auras tu l'occasion de profiter d'une autre consigne pour répondre à notre curiosité. Car, comme les enfants de ton histoire, c'est en écarquillant nos grands yeux que nous avons lu ton texte!
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A. La maison abandonnée
Super, il ne manque que le feu de camp et on se retrouve dans une histoire digne de la collection "chair de poule" !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. La maison abandonnée
Je les ai bien imaginés ces enfants, captivés par le récit de leur grand-père, tantôt inquiets, angoissés et enfin soulagés.
Bravo Sherkane, tu as su créer l'ambiance.
Bravo Sherkane, tu as su créer l'ambiance.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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