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A. Le champ d'épeautre

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A. Le champ d'épeautre Empty A. Le champ d'épeautre

Message  Myrte Mer 13 Mai 2020 - 8:23

Chaque matin, monsieur Léon arpentait son champ d’épeautre. Il aimait admirer l’alignement des fines tiges dressées vers le ciel. Lorsque la brise les avait légèrement inclinées, il les redressait une à une puis reculait de quelques pas et se délectait le regard. Cet ajustement le rendait heureux.
De jour en jour et de semaine en semaine, les graminées poussaient, s’allongeaient, se hissaient vers les nuages pour son plus grand bonheur.
Monsieur Léon était un solitaire. Sa maison était très isolée et il ne faisait aucun effort pour rencontrer ses plus proches voisins. Il récoltait son épeautre seul, le portait chez monsieur Louis, le meunier, récupérait la farine dans de grands sacs de jute et la mettait lui-même en sachets de papiers bruns qu’il vendait au magasin bio du village. Dans ses rencontres, il grommelait un bonjour et un au revoir discrets et n’éprouvait aucun besoin de discuter plus. Il avait une réputation d’ours dans le village. Cela ne lui importait pas.

Or, ce dimanche matin, alors que la campagne était encore toute engourdie et que l’on n’entendait que le pépiement des moineaux et le sifflement des merles, monsieur Léon s’arrêta bouche bée devant son champ car, dans la nuit, les tiges d’épeautre étaient monté à plus de deux mètres. Il était obligé de lever le menton pour voir leur tête.
Il entendit le tracteur de Gaston sur la petite route qui longeait son champ. Celui-ci s’arrêta interloqué et lui cria :

- Que s’est-il passé, pourquoi votre épeautre est-il si grand ?

- Je ne comprends pas, dit monsieur Léon, hier encore il avait une taille normale.

C’était la première fois que Gaston entendait son voisin faire une si longue phrase. Il arrêta le moteur de son tracteur, descendit de l’engin et s’approcha de lui.

- Vous n’avez pas mis un nouvel engrais ?

- Je n’utilise jamais d’engrais, mes cultures sont naturelles, je n’ajoute rien.

- Il va falloir faire faire une analyse de vos plantes, il doit y avoir une raison.

C’est ainsi que monsieur Léon dut prélever un échantillon d’épeautre qu’il porta au laboratoire afin d’éclaircir ce mystère.
Il eut les résultats au bout d’une semaine : il n’y avait rien d’anormal, son épeautre était tout à fait sain. On ne trouva aucune pollution ni dans le grain, ni dans le sol, ni dans l’eau d’arrosage.

Au milieu de son champ monsieur Léon déambulait hagard parmi ses tiges d’épeautres gigantesques au bout desquelles pendait désespérément des épis lourds, chargés de beaux grains bien dodus. Il essayait en vain de les redresser mais n’avait pas assez de force. Il était comme un lilliputien dans une jungle. Il se mit alors à sangloter sur sa récolte perdue quand il entendit un vacarme épouvantable sur la route. Une file d’au moins dix tracteurs et moissonneuses batteuses s’avançaient vers lui à la queue leu leu. Tous ses voisins s’étaient réunis pour lui venir en aide. Ils se répandirent dans son champ tels des doryphores dans une plantation de patates et en un rien de temps toute sa récolte fut faite. Monsieur Léon était aux anges. Il invita ces voisins à boire un coup au milieu de la cour de sa ferme. Lorsqu’il leva son verre de vin, le regard humide, on entendit s’élever une clameur dans la troupe : Un discours ! Un discours !
Monsieur Louis, la gorge nouée d’émotion, n’avait jamais pris la parole en publique, il n’avait rien préparé et se mit à balbutier quand, soudain, son coeur s’ouvrit et un flot de paroles incontrôlables sortit de sa bouche :

- Chers voisins, je ne vous remercierai jamais assez pour ce que vous avez fait pour moi. Grace à vous, non seulement je n’ai pas perdu ma récolte mais, avec cette fantaisie de la nature, elle a était plus abondante que jamais. Je vais m’enrichir avec la quantité de farine que j’obtiendrai mais la plus belle richesse que j’ai gagnée c’est cet élan de solidarité et de générosité que vous m’avez témoignées. J’étais un vieux grincheux enfermé dans ma solitude et vous avez su ouvrir la porte de mon coeur. Je ne crois ni en Dieu, ni au Diable, ni à l’enfer ni au paradis mais je pense que le paradis, on le fait exister en pensant aux autres.

Myrte

Féminin Humeur : Curieuse

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A. Le champ d'épeautre Empty Re: A. Le champ d'épeautre

Message  Zephyrine Mer 13 Mai 2020 - 17:05

Très jolie histoire, un peu comme une légende.
On la lit un sourire aux lèvres car tout est bien qui finit bien...
Zephyrine
Zephyrine

Féminin Humeur : Parfois bizarre

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A. Le champ d'épeautre Empty Re: A. Le champ d'épeautre

Message  Myrte Ven 15 Mai 2020 - 8:13

En effet, Cats, ça fait beaucoup...😁... Mais puisqu'on est dans l'excès et l'irréel, ne nous refusons rien...

Myrte

Féminin Humeur : Curieuse

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A. Le champ d'épeautre Empty Re: A. Le champ d'épeautre

Message  Martine27 Sam 16 Mai 2020 - 16:31

Un bien charmante histoire un brin fantastique comme je les aime et avec une morale digne d'une fable

_________________
Martine27
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Féminin Humeur : Carpe diem ou Souris quand même

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