A. Transhumances

Durant l’été, mon grand-père préparait chaque samedi soir un gros sac de victuailles qu’il chargeait sur son dos, puis il s’en allait à pied rejoindre sa famille sur l’alpage, en haut de la montagne. Le chemin était rude, le sac lourd.

Est-ce de là que me vient mon profond intérêt du voyage à pied et cette compassion sans limite envers les gens en transhumance ?

Régulièrement, je rêve de partir à pied, sac au dos, idéalement avec un cheval et un chien comme compagnons de voyage. Je rêve de parcourir les contrées, de découvrir des paysages, de traverser des villages, de m’émerveiller de la beauté que recèle chaque coin de pays. Mais pas seulement. Tout en goûtant ce voyage au rythme lent de mes pas, je souhaiterais d’offrir mes bras, mon cœur. Aider le paysan durant la cueillette des cerises ou pour le ramassage du foin, passer quelques journées avec des enfants pour donner un congé aux parents, apporter mon aide dans une maison qui a besoin d’être nettoyée, rangée. Des activités simples du quotidien, un moment de partage créé par les besoins du moment, juste être là et faire partie d’une famille, puis repartir sur la route dès que l’urgence est passée. Cela permettrait de concilier en moi à la fois mon désir d’appartenance et mon besoin de solitude, mon envie de découvrir « le monde », d’être sur la route, et celui de vivre au sein d’un foyer, sentir la chaleur humaine, partager.

C’est un rêve que je porte en moi depuis très, très longtemps. A chacune de mes randonnées, il se réveille, accompagne mes pas. J’imagine les situations que je pourrais rencontrer, je me demande si je serais capable de vivre dans ce dénuement, d’avoir une confiance inébranlable en la vie et l’humain pour ne pas avoir peur du manque. Je m’interroge sur l’ouverture des personnes rencontrées sur leur envie et leur faculté d’accepter une aide ponctuelle.

En belle saison, tout me semble possible, mais durant l’hiver ? Durant l’hiver, je rêve de vivre dans ma petite maison en bois en bordure de forêt, avec un feu de cheminée pétillant. Une maison simple et accueillante avec un atelier attenant pour des activités manuelles et artistiques. Des petits-enfants en vacances chez moi, un coin lecture, un jardin de légumes et de plantes médicinales, des fleurs pour apporter de la couleur et des partages chaleureux avec les personnes que j’aime.

Je sens, en écrivant ainsi, à la fois ce besoin d’ouverture, de découverte, de rencontres et celui du retrait, du cocon, de l’intériorité vécue. Le fil rouge dans ce rythme d’expansion et de contraction est cependant le même : la chaleur humaine, le partage, les valeurs simples.

Il est beau ton texte, et comme il me parle. Aller sur les chemins à la rencontre des paysages et des gens. Partager leur quotidien puis repartir ailleurs.
Et puis cette maison de bois, comme je m’y sentirais bien.
Merci du partage zoizo

Quel joli rêve! Comme il est bien raconté.
On aurait bien envie de te suivre...

J'aime comme tu racontes ce rêve de générosité, et avec de très belles phrases, de jolis mots.