A. Cinq minutes pour t'aimer

Et m'asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi …
Pour regarder les feuilles tomber des arbres.
Se dire que l'on est déjà aux portes de l'Hiver et que cela fait maintenant plus d'un an que nos vies ont basculé.
Nous, deux corps et cœurs aimants.
Nous, deux femmes brisées en mille morceaux éparpillés dans les abysses de l'oubli.
Deux départs.
Deux trahisons.
Une avalanche de mensonges.

La tempête a pris ses quartiers dans nos vies pour bousculer nos espoirs, nos espérances.
Nos rêveries, notre confiance.
Confiance en l'Autre, confiance en soi.
Des mains malhabiles ont semé des petits bouts de doute dans nos esprits, à petits pas, à petits cris.
L'impensable s'est produit, impossible de panser nos blessures à présent. Les anciennes étaient à peine cicatrisées, il a suffit de peu pour faire rejaillir le sang.
Au fil des jours, l'Amour a filé dans l'ombre et le silence.
On a rien vu venir, aveuglées par notre quotidien qui, lui, nous suffisait.
On avait besoin de rien d'autre.

Une présence, celle qui rassure.
Un compagnon de route, pour cheminer sur les sentiers montagnards.
Une oreille attentive, quand cela déborde, qu'il y en a trop et qu'il faut vider ses bagages.
Des rêves qui ne pourront plus se concrétiser avec nos deux déserteurs.
Pour toi, une vieille grange que tu aurais aménagé selon tes goûts et tes dons du côté de Laruns.
Pour moi, une petite Adèle.
Le tourbillon de la vie a, je crois, soufflé bien trop fort et emporté avec lui nos deux fugitifs.

Alors, il a fallu apprendre à se réconcilier avec soi-même, s'écouter, s'aimer.
Alors, il a fallu apprendre la solitude, la déception et la colère.
Comment peut-on dégringoler si bas et surtout, si vite?
Comment peut-on se débarrasser d'un être de chair et de cœur aussi facilement après des mois ou des années de vie commune?
Maman, toi et moi, nous en sommes incapables.
Parce que, quand on aime, c'est pour toujours.
Jusqu'à la déchirure.
Jusqu'à l'abandon.

Nos deux fuyards se sont emballés, ils se sont fait la malle après avoir déballé tout ce qu'il y avait de plus pur en nous.
Fort heureusement, il nous reste l'Amour.
Celui que l'on se porte, l'une à l'autre.
Celui-là, personne ne pourra le broyer.

Les événements de ces derniers mois ne nous ont pas permis de nous retrouver aussi souvent que nous l'aurions voulu.
Alors, d'ici quelques semaines, j'espère pouvoir m'asseoir sur un banc, cinq minutes avec toi et prendre le temps de t'aimer, encore.

Quel joli texte!
Connaissant un peu le contexte dans lequel tu écris, j'ai eu les larmes aux yeux en te lisant.
Je te félicite d'avoir pu mettre par écrit tous ces sentiments.
Ne manque pas de mettre en pratique la dernière phrase! Et encore

Tu as raison ma chérie, cet amour là est indestructible. Va de l’avant tu as encore l’avenir devant toi. Et si je te sais heureuse, je le serai aussi

Quel beau témoignage d'Amour  entre une fille et sa mère, entre une mère et sa fille, toutes deux malmenées par les événements de la vie, mais qui sont si fortes grâce à cet Amour si présent en elles !