A. Les mots qui collent
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A. Les mots qui collent
Plumentête Mar 24 Nov 2020 - 20:40
[b
]La vie est un concours où personne ne gagne, elle le répétait souvent à qui voulait l’entendre, rejetant d’un mouvement de tête, la mèche qui s’échappe régulièrement de son chignon.
Elle le clamait haut et fort dans les soirées entre potes, quand elles refaisaient le monde dans leurs petits studios de jeunes étudiantes pauvres. Parler vite, parler fort, parler jusqu’à oublier ce qu’on vient de dire pour oublier qu’on est pauvre, qu’on est peut-être l’avenir de l’homme mais que l’homme est souvent le présent de nos malheurs.
Trouver la formule qui fait mouche, la phrase qui heurte les esprits, les mots qui s’enfoncent dans les cerveaux, les expressions dont on se souvient longtemps après les avoir entendues, elle aimait ça Sarah et elle n’était pas mauvaise à ce petit jeu.
Dans son petit studio, elle accueillait souvent des copines de galère, des amies de toujours, des rencontres d’un jour ou d’une nuit et toujours ça papotait, ça débattait, ça piaillait et ça riait et puis ça se taisait quand l’une d’entre elle lisait sur un réseau social l’annonce d’un malheur qui souvent passait inaperçu, quand une autre tombait sur l’information que tout le monde préférait ne pas voir.
Alors souvent, elles se réchauffaient le cœur à grands coups de mots, à grandes phrases, parfois elles cousaient une banderole et descendaient retrouver leurs sis dans la rue au détour d’une manifestation.
Elles militaient, elles s’impliquaient, elles voulaient que les choses changent, que la vie soit plus juste et plus douce aussi. Elles voulaient pouvoir être libre, sans avoir peur de marcher dans la rue, sans que le choix de leurs vêtements soit soumis à la crainte d’être sifflées, abordées vulgairement, insultées ou agressées, elles voulaient vivre comme tout être humain devrait vivre, quel que soit sa couleur de peau ou son sexe.
Aujourd’hui, elles avaient décidé de rejoindre un autre collectif, un qui jouait avec les mots aussi, à force d’assembler des mots entre elles, elles les avaient écrits sur de grandes affiches et s’apprêtaient à les coller à des endroits stratégiques de la ville. C’était leur première expérience de Colleuses, et pour cela elles allaient rejoindre d’autres filles plus expérimentées.
Sarah était excitée mais elle avait quand même un peu peur, alors elle se répétait sa petite phrase comme un mantra pour se rassurer. Et pour conjurer le sort, elle marchait devant ses longs cheveux défaits.
Elle le clamait haut et fort dans les soirées entre potes, quand elles refaisaient le monde dans leurs petits studios de jeunes étudiantes pauvres. Parler vite, parler fort, parler jusqu’à oublier ce qu’on vient de dire pour oublier qu’on est pauvre, qu’on est peut-être l’avenir de l’homme mais que l’homme est souvent le présent de nos malheurs.
Trouver la formule qui fait mouche, la phrase qui heurte les esprits, les mots qui s’enfoncent dans les cerveaux, les expressions dont on se souvient longtemps après les avoir entendues, elle aimait ça Sarah et elle n’était pas mauvaise à ce petit jeu.
Dans son petit studio, elle accueillait souvent des copines de galère, des amies de toujours, des rencontres d’un jour ou d’une nuit et toujours ça papotait, ça débattait, ça piaillait et ça riait et puis ça se taisait quand l’une d’entre elle lisait sur un réseau social l’annonce d’un malheur qui souvent passait inaperçu, quand une autre tombait sur l’information que tout le monde préférait ne pas voir.
Alors souvent, elles se réchauffaient le cœur à grands coups de mots, à grandes phrases, parfois elles cousaient une banderole et descendaient retrouver leurs sis dans la rue au détour d’une manifestation.
Elles militaient, elles s’impliquaient, elles voulaient que les choses changent, que la vie soit plus juste et plus douce aussi. Elles voulaient pouvoir être libre, sans avoir peur de marcher dans la rue, sans que le choix de leurs vêtements soit soumis à la crainte d’être sifflées, abordées vulgairement, insultées ou agressées, elles voulaient vivre comme tout être humain devrait vivre, quel que soit sa couleur de peau ou son sexe.
Aujourd’hui, elles avaient décidé de rejoindre un autre collectif, un qui jouait avec les mots aussi, à force d’assembler des mots entre elles, elles les avaient écrits sur de grandes affiches et s’apprêtaient à les coller à des endroits stratégiques de la ville. C’était leur première expérience de Colleuses, et pour cela elles allaient rejoindre d’autres filles plus expérimentées.
Sarah était excitée mais elle avait quand même un peu peur, alors elle se répétait sa petite phrase comme un mantra pour se rassurer. Et pour conjurer le sort, elle marchait devant ses longs cheveux défaits.
Dernière édition par Plumentête le Jeu 26 Nov 2020 - 20:38, édité 1 fois (Raison : Le titre avait changé tout seul! J'ai remis celui qui était le mien)
Plumentête-
Humeur : optimiste parfois sceptique
Re: A. Les mots qui collent
Myrte Mer 25 Nov 2020 - 11:01
Contente de te retrouver ici Plumentête !
J'aime la phrase : qu’on est peut-être l’avenir de l’homme mais que l’homme est souvent le présent de nos malheurs.
Tu rejoins cette pensée ensuite en évoquant la place de la femme dans la société et son combat mais, à la fin, je reste un peu sur ma faim car tu en dis moins sur le nouveau combat de ce groupe d'amies.
J'aime la phrase : qu’on est peut-être l’avenir de l’homme mais que l’homme est souvent le présent de nos malheurs.
Tu rejoins cette pensée ensuite en évoquant la place de la femme dans la société et son combat mais, à la fin, je reste un peu sur ma faim car tu en dis moins sur le nouveau combat de ce groupe d'amies.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Les mots qui collent
Zephyrine Mer 25 Nov 2020 - 15:08
Très bien écrit ce texte très féministe et très juste.
J'aimerais savoir ce qui était écrit sur les affiches...
Heureuse de te retrouver ici!
J'aimerais savoir ce qui était écrit sur les affiches...
Heureuse de te retrouver ici!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Les mots qui collent
Amanda Mer 25 Nov 2020 - 15:44
J'ai relevé :
on est peut-être l’avenir de l’homme mais que l’homme est souvent le présent de nos malheurs.
elles se réchauffaient le cœur à grands coups de mots
Un texte fort, Plume, mon impression est que tu l'as écrit d'une traite, portée par tes convictions largement défendues.
Je vais simplement mettre un bémol pour la lisibilité
As- tu bien relu à haute voix les paragraphes 4 et 5 ? Impossible de le faire sans devoir reprendre son souffle. Pas de points, rien que des virgules. Tu aurais eu intérêt à scinder tes phrases, elles perdent en lisibilité, je trouve.
J'aime bien aussi ton idée de " colleuses" mais j'aurais voulu savoir quels mots elles mettaient sur les banderoles.
Ton retour parmi nous me fait plaisir, même si je te dis les choses comme je les pense. Evidemment que ton texte est excellent.
on est peut-être l’avenir de l’homme mais que l’homme est souvent le présent de nos malheurs.
elles se réchauffaient le cœur à grands coups de mots
Un texte fort, Plume, mon impression est que tu l'as écrit d'une traite, portée par tes convictions largement défendues.
Je vais simplement mettre un bémol pour la lisibilité
As- tu bien relu à haute voix les paragraphes 4 et 5 ? Impossible de le faire sans devoir reprendre son souffle. Pas de points, rien que des virgules. Tu aurais eu intérêt à scinder tes phrases, elles perdent en lisibilité, je trouve.
J'aime bien aussi ton idée de " colleuses" mais j'aurais voulu savoir quels mots elles mettaient sur les banderoles.
Ton retour parmi nous me fait plaisir, même si je te dis les choses comme je les pense. Evidemment que ton texte est excellent.
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Les mots qui collent
Plumentête Mer 25 Nov 2020 - 17:20
Merci pour vos retours, ça fait toujours plaisir de retrouver sa chaise autour du feu 
@Amanda, tu as raison mes phrases sont parfois bien longues et il est difficile de les lire sans reprendre son souffle; j'écris souvent comme cela pour ne pas perdre l'inspiration quand elle jaillit, souvent aussi car j'ai peu de temps pour écrire. Je le fais aussi parfois pour traduire, peut-être un peu maladroitement, ce côté d'urgence que vivent mes personnages, ce côté insécure, quand on marche dans la rue en ayant peur, on trace, on ne reprend pas son souffle, on accélère même.
Pour celles qui veulent savoir ce qui est écrit par mes Colleuses, le mouvement des Colleuses est un mouvement plutôt récent et bien réel, portées par des femmes qui veulent lutter et qui s'insurgent contre les violences faites aux femmes, les féminicides mais pas exclusivement, toutes les formes de violence sont reprises par ce mouvement.
Je vous mets quelques liens concernant ce sujet et ce mouvement, notamment des articles dans les médias:
https://www.bastamag.net/Collage-feministe-feminicides-sororite-espace-public-patriarcat
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/14/sur-les-murs-de-paris-des-collages-pour-denoncer-la-persistance-des-feminicides_5510378_3224.html
Et je rappelle qu'aujourd'hui c'est la journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, portée par les Nations-Unies
https://www.un.org/fr/observances/ending-violence-against-women
@Amanda, tu as raison mes phrases sont parfois bien longues et il est difficile de les lire sans reprendre son souffle; j'écris souvent comme cela pour ne pas perdre l'inspiration quand elle jaillit, souvent aussi car j'ai peu de temps pour écrire. Je le fais aussi parfois pour traduire, peut-être un peu maladroitement, ce côté d'urgence que vivent mes personnages, ce côté insécure, quand on marche dans la rue en ayant peur, on trace, on ne reprend pas son souffle, on accélère même.
Pour celles qui veulent savoir ce qui est écrit par mes Colleuses, le mouvement des Colleuses est un mouvement plutôt récent et bien réel, portées par des femmes qui veulent lutter et qui s'insurgent contre les violences faites aux femmes, les féminicides mais pas exclusivement, toutes les formes de violence sont reprises par ce mouvement.
Je vous mets quelques liens concernant ce sujet et ce mouvement, notamment des articles dans les médias:
https://www.bastamag.net/Collage-feministe-feminicides-sororite-espace-public-patriarcat
https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/09/14/sur-les-murs-de-paris-des-collages-pour-denoncer-la-persistance-des-feminicides_5510378_3224.html
Et je rappelle qu'aujourd'hui c'est la journée internationale pour l'élimination de la violence faite aux femmes, portée par les Nations-Unies
https://www.un.org/fr/observances/ending-violence-against-women
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Les mots qui collent
Admin Mer 25 Nov 2020 - 19:42
Quel plaisir de te relire Plume
Tu aurais pu continuer ton texte et raconter la suite car très intéressant. Et merci pour le message concernant les colleuses.
Bref, reviens plus souvent
Tu aurais pu continuer ton texte et raconter la suite car très intéressant. Et merci pour le message concernant les colleuses.
Bref, reviens plus souvent
_________________
Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Les mots qui collent
Plumentête Mer 25 Nov 2020 - 23:14
@ admin, merci pour ton accueil, c'est tellement bon de revenir ici que j'ai aussi posté sur la consigne de Sherkane
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
Re: A. Les mots qui collent
Charlotte Jeu 26 Nov 2020 - 16:40
J'ai beaucoup aimé ton texte très juste et militant. Bien écrit aussi et se lisant très facilement . Bravo.
Charlotte- Humeur : tout et rien
Re: A. Les mots qui collent
alainx Jeu 26 Nov 2020 - 16:47
Content de te retrouver par ici.
De renouer avec ton écriture singulière et originale.
Sur le fond de ton texte : que dire ?
Un combat légitime.
À condition peut-être de ne pas mettre tous les hommes « dans le même sac ».
De renouer avec ton écriture singulière et originale.
Sur le fond de ton texte : que dire ?
Un combat légitime.
À condition peut-être de ne pas mettre tous les hommes « dans le même sac ».
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx-
Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Les mots qui collent
Plumentête Jeu 26 Nov 2020 - 17:46
Merci à vous deux, c'est toujours encourageant d'avoir des commentaires après une longue absence et je rougis de plaisir à vos compliments
@Alainx bien sûr qu'il ne s'agit pas de mettre tous les hommes dans le même sac, d'ailleurs dénoncer les agissements de certains n'équivaut pas à généraliser, d'ailleurs la plupart des hommes que je côtoie et qui ne sont pas du tout violent ou misogyne, ne se sentent pas mis dans ce sac là
En tout cas c'est toujours un bonheur de revenir écrire ici et ça m'a donné l'envie d'écrire encore et plus souvent, je suis même allée écrire sur la consigne d'avant et j'espère bien trouver le temps d'écrire sur la prochaine
@Alainx bien sûr qu'il ne s'agit pas de mettre tous les hommes dans le même sac, d'ailleurs dénoncer les agissements de certains n'équivaut pas à généraliser, d'ailleurs la plupart des hommes que je côtoie et qui ne sont pas du tout violent ou misogyne, ne se sentent pas mis dans ce sac là
En tout cas c'est toujours un bonheur de revenir écrire ici et ça m'a donné l'envie d'écrire encore et plus souvent, je suis même allée écrire sur la consigne d'avant et j'espère bien trouver le temps d'écrire sur la prochaine
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
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