A. Toute une histoire.
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A. Toute une histoire.
Paris,15 janvier 1932.
Chère maman, cher papa,
J'espère que vous allez bien car il a pu s'en passer des choses en 20 ans.
Vingt longues années, au cours desquelles je ne vous ai plus vus, vingt années sans nouvelles de vous!
Hier, en triant de vieux papiers, j'ai retrouvé une photo et j'ai pensé que sur ce cliché notre triste histoire était parfaitement résumée :
1912! Cette année là, "le Bar Aimé" était prospère, c'était le plus beau café de la région. Ton prénom papa, écrit en grand sur la façade prouvait combien tu en étais le fier propriétaire.
Maman et moi avions confectionné les jolis voilages accrochés aux fenêtres.
Je me souviens de toi, mon père : bel homme autoritaire, de qui nous devions tout accepter, patron du bar, mais aussi de la famille!
Toi maman, discrète et effacée, tu ne figures pas sur la photo. Tu es sans doute dans la cuisine, il est presque midi, tu t'affaires aux fourneaux.
Cette année là j'avais 18 ans. J'étais amoureuse et aimée en retour par Guillaume qui venait tous les dimanches au bar accompagné de Sam, son chien.
Vous l'accueilliez chaleureusement, c'était un garçon sérieux, aîné d'une famille peu fortunée mais courageuse. Leur ferme était juste à la sortie du village.
Il était donc le bienvenu, jusqu'au jour où vous avez décidé que je passais beaucoup trop de temps avec lui.
Regardez bien l'image et souviens toi papa, que lorsque mon frère a décidé de prendre la photo, Guillaume et moi buvions une limonade, j'étais assise sur la chaise qui se trouve à ta droite. Tu m'as ordonné de venir près de toi car c'était là ma place!
Il était beau mon amoureux et revoir le cliché me met les larmes aux yeux.
Un peu plus tard, vous m'avez annoncé que vous envisagiez pour moi un autre parti, quelqu'un de plus fortuné, avec un bel avenir. Vous m'avez interdit de continuer à fréquenter Guillaume.
Bien-sûr, il fallait mal me connaître pour imaginer un instant que j'obéirais... Nous nous sommes revus en cachette, bien décidés à ne jamais nous quitter.
Quelques mois plus tard, j'étais enceinte. Quand tu l'as appris papa, tu es entré dans une colère noire et si maman n'avait pas été là, je crois bien que tu m'aurais tuée.
Alors puisque je vous faisais honte, vous m'avez envoyée à Paris, chez une cousine qui prendrait soin de moi.
Vous ne m'avez pas laissé le temps de prévenir Guillaume et vous lui avez fait croire que j'étais partie, que je ne voulais plus de lui. Je n'ai jamais pu lui écrire...
Notre fille Mathilde est née à Paris et grâce à mes talents de couturière j'ai pu subvenir à nos besoins.
En 1916, Marie notre cousine qui m'avait accueillie à votre demande, m'a annoncé que Guillaume était mort dans les tranchées à Verdun. Ma peine a été immense.
Maman, papa, je pense souvent à vous, j'essaie de ne plus vous en vouloir, ma fille aimerait connaître ses grands-parents. Je lui ai raconté notre histoire.
Le Bar Aimé existe t-il toujours?
Je vous embrasse, le temps passe si vite, j'ai envie de vous revoir. Voilà, vous savez tout!
Chère maman, cher papa,
J'espère que vous allez bien car il a pu s'en passer des choses en 20 ans.
Vingt longues années, au cours desquelles je ne vous ai plus vus, vingt années sans nouvelles de vous!
Hier, en triant de vieux papiers, j'ai retrouvé une photo et j'ai pensé que sur ce cliché notre triste histoire était parfaitement résumée :
1912! Cette année là, "le Bar Aimé" était prospère, c'était le plus beau café de la région. Ton prénom papa, écrit en grand sur la façade prouvait combien tu en étais le fier propriétaire.
Maman et moi avions confectionné les jolis voilages accrochés aux fenêtres.
Je me souviens de toi, mon père : bel homme autoritaire, de qui nous devions tout accepter, patron du bar, mais aussi de la famille!
Toi maman, discrète et effacée, tu ne figures pas sur la photo. Tu es sans doute dans la cuisine, il est presque midi, tu t'affaires aux fourneaux.
Cette année là j'avais 18 ans. J'étais amoureuse et aimée en retour par Guillaume qui venait tous les dimanches au bar accompagné de Sam, son chien.
Vous l'accueilliez chaleureusement, c'était un garçon sérieux, aîné d'une famille peu fortunée mais courageuse. Leur ferme était juste à la sortie du village.
Il était donc le bienvenu, jusqu'au jour où vous avez décidé que je passais beaucoup trop de temps avec lui.
Regardez bien l'image et souviens toi papa, que lorsque mon frère a décidé de prendre la photo, Guillaume et moi buvions une limonade, j'étais assise sur la chaise qui se trouve à ta droite. Tu m'as ordonné de venir près de toi car c'était là ma place!
Il était beau mon amoureux et revoir le cliché me met les larmes aux yeux.
Un peu plus tard, vous m'avez annoncé que vous envisagiez pour moi un autre parti, quelqu'un de plus fortuné, avec un bel avenir. Vous m'avez interdit de continuer à fréquenter Guillaume.
Bien-sûr, il fallait mal me connaître pour imaginer un instant que j'obéirais... Nous nous sommes revus en cachette, bien décidés à ne jamais nous quitter.
Quelques mois plus tard, j'étais enceinte. Quand tu l'as appris papa, tu es entré dans une colère noire et si maman n'avait pas été là, je crois bien que tu m'aurais tuée.
Alors puisque je vous faisais honte, vous m'avez envoyée à Paris, chez une cousine qui prendrait soin de moi.
Vous ne m'avez pas laissé le temps de prévenir Guillaume et vous lui avez fait croire que j'étais partie, que je ne voulais plus de lui. Je n'ai jamais pu lui écrire...
Notre fille Mathilde est née à Paris et grâce à mes talents de couturière j'ai pu subvenir à nos besoins.
En 1916, Marie notre cousine qui m'avait accueillie à votre demande, m'a annoncé que Guillaume était mort dans les tranchées à Verdun. Ma peine a été immense.
Maman, papa, je pense souvent à vous, j'essaie de ne plus vous en vouloir, ma fille aimerait connaître ses grands-parents. Je lui ai raconté notre histoire.
Le Bar Aimé existe t-il toujours?
Je vous embrasse, le temps passe si vite, j'ai envie de vous revoir. Voilà, vous savez tout!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
RE A :Toute une histoire
Triste réalité d'une époque étaient soumises à l'autorité paternelle .
automne- Humeur : égale
Re: A. Toute une histoire.
Texte très réaliste pour cette époque et même les suivantes d’ailleurs.
Un petit bemol par rapport à la photo, les vêtements font plutôt penser aux années 40 à 60.
Mais transposé 30 ans plus tard, il collerait parfaitement à la photo
Un petit bemol par rapport à la photo, les vêtements font plutôt penser aux années 40 à 60.
Mais transposé 30 ans plus tard, il collerait parfaitement à la photo
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Toute une histoire.
Un bon sujet de roman réaliste que tu pourrais développer largement.
Si tu veux, je serais d'accord de le relire !
Allez zou, au boulot !
Si tu veux, je serais d'accord de le relire !
Allez zou, au boulot !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Toute une histoire.
Merci automne pour ton !
Admin, les personnages m'ont fait penser à une photo de mes parents prise dans les années 30. Il faut croire que j'étais à côté de la plaque....
Amanda, je vais écrire ce livre dans le TGV dimanche car si on compte les retards etc, j'aurai certainement bien le temps...
Admin, les personnages m'ont fait penser à une photo de mes parents prise dans les années 30. Il faut croire que j'étais à côté de la plaque....
Amanda, je vais écrire ce livre dans le TGV dimanche car si on compte les retards etc, j'aurai certainement bien le temps...
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Toute une histoire.
Oui Zéphyrine et aussi pendant la quarantaine qui t'attend en rentrant ( enfin c'es ce qu'ils disent depuis....septembre ?)
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Toute une histoire.
Bravo Zephirine!!!
Ton texte, ou plus précisément ta lettre, raconte une situation d'époque (qui perdure encore de nos jours j'en suis sur) qui était passée sous silence de peur que la honte tombe sur la famille!!!
Et en plus, je la trouve très bien écrite!!!
Ton texte, ou plus précisément ta lettre, raconte une situation d'époque (qui perdure encore de nos jours j'en suis sur) qui était passée sous silence de peur que la honte tombe sur la famille!!!
Et en plus, je la trouve très bien écrite!!!
Xavier Eblo- Humeur : besoin de calme et de grand air
Re: A. Toute une histoire.
Un texte réaliste qui reflète bien des réalités de ce temps-là.
Ont-elles disparu ? Pas si sûr dans certains milieux…
À cette époque-là, l'amour n'avait rien à faire dans le mariage ! Il fallait un bon parti et faire des enfants… pour l'amour, il suffisait d'aller voir ailleurs… c'était quand même pas bien compliqué !
Rha làlà !! Tous ces jeunes qui rêvent à n'importe quoi !
Ont-elles disparu ? Pas si sûr dans certains milieux…
À cette époque-là, l'amour n'avait rien à faire dans le mariage ! Il fallait un bon parti et faire des enfants… pour l'amour, il suffisait d'aller voir ailleurs… c'était quand même pas bien compliqué !
Rha làlà !! Tous ces jeunes qui rêvent à n'importe quoi !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Toute une histoire.
Ce genre d'histoire n'était pas rare du temps de mes parents.
Charlotte- Humeur : tout et rien
Re: A. Toute une histoire.
Tu racontes bien cette triste histoire d'amour contrarié et de déchirure familiale . Une vie gâchée par la faute de parents autoritaires. Mais heureusement tout n'est pas perdu car la jeune fille a su faire quelque chose de bien de sa vie mais elle aura toujours en tête et dans le cœur ce qu'elle aurait pu vivre si on avait respecté ses désirs. Une autre époque, un autre pays.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Toute une histoire.
Tu nous décris une jeune femme forte que la vie n'a pas épargnée et qui pourtant est prête à pardonner. Au moins tu lui as épargné la douleur de devoir abandonner son enfant
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Toute une histoire.
Pères autoritaires et tyranniques, machisme, sacrifice du bonheur pour le qu'en dira-t-on, rôle donné aux filles... que de dégâts et de souffrances cela a-t-il provoqué. Heureusement je pense que le monde a quelque peu évolué, même si un regard en arrière nous apprend qu'il a fallu beaucoup de temps et que tout n'est pas encore gagné. Ton texte traduit bien tout cela.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A. Toute une histoire.
Une histoire d'amour qui me fait écho...
Mon grand-père paternel a vécu sensiblement la même histoire, même si la fin a été quelque plus heureuse.
Si j'avais été à la place de cette jeune fille, je ne pense pas que j'aurais pardonné à mon père!
Belle écriture!
Mon grand-père paternel a vécu sensiblement la même histoire, même si la fin a été quelque plus heureuse.
Si j'avais été à la place de cette jeune fille, je ne pense pas que j'aurais pardonné à mon père!
Belle écriture!
Mimi la Sardine- Humeur : Un brin d'humeur
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