A. Aux petits bonheurs la chance!
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A. Aux petits bonheurs la chance!
Attiré par la devanture je me suis approché.
Je connais ce quartier comme ma poche et je passe dans cette rue chaque matin. Pourtant je n’avais jamais remarqué cette échoppe. D’ailleurs je suis persuadé qu’elle n’y était pas hier encore. Mais ce matin, en tournant au coin de la rue, mon regard a immédiatement été attiré par la vitrine. Est-il possible qu’en une nuit le propriétaire ait transformé le vieux garage qui se trouvait là en magasin ? La peinture est défraîchie et les vitres sales, la bâtisse semble être là depuis des lustres. Pourtant il n’y avait rien à cet endroit jusqu’à aujourd’hui. Ou ma mémoire me joue des tours, ou bien ce que je vois est un mirage.
Pour en avoir le cœur net je pousse la porte qui s’ouvre dans un grincement venu d’outre-tombe, au son d’un carillon venu d’un autre âge.
Je regarde autour de moi. Le magasin est vide. Quand je dis vide, je veux dire vide d’objets, vide de rayons, vides de marchandises. Il y a juste un fauteuil placé au centre de la pièce et un comptoir tout au fond, derrière lequel se tient un vieux bonhomme, lunettes rondes posées tout au bout de son nez. Il porte une veste bleue et tient dans la main un carnet. Il mâchouille un crayon à papier tout en m’espionnant du coin de l’œil.
- Bonjour monsieur, je vous attendais.
- Moi ?
- Oui, vous, vous cherchez quelque chose sans doute ?
- Moi ? Non je ...
- Si vous êtes entré c’est que vous cherchez quelque chose. Puis je vous aider?
- Je suis entré par hasard.
- Il n’y a pas de hasard dans la vie.
- Ce magasin n’était pas là hier. Je suis entré pour vérifier.
- Vérifier quoi ?
- Si je ne rêvais pas.
- Eh bien vous voilà rassuré, vous ne rêvez pas. Il vous fallait autre chose ?
- Non. Enfin si, je cherche une explication. Comment se fait-il que je n’aie jamais remarqué ce magasin avant aujourd’hui ?
- Sans doute parce que vous n’aviez besoin de rien avant aujourd’hui.
- Quand bien même j’aurais besoin de quelque chose, il n’y a rien ici !
- En êtes-vous sûr ?
- J’ai beau regarder autour de moi je ne vois rien.
- C’est normal puisque je vends autre chose.
- Mais vous vendez quoi ?
- Ce que vous ne trouverez pas ailleurs. Ce que vous êtes venu chercher.
- Mais je n’ai besoin de rien !
- Alors pourquoi êtes-vous entré ?
- Je vous l’ai dit, je cherchais une explication.
- À propos de quoi ?
- De ce magasin qui n’était pas là hier, de vous, de tout ce vide.
- Et l’avez-vous trouvée ?
- Trouver quoi ?
- L’explication que vous êtes venue chercher.
- Non et vous ne m’aidez pas avec toutes vos questions.
- Puis je vous suggérer un conseil ?
- Allez-y toujours, au point où j’en suis, je ne serai pas venu pour rien !
- Peut-être que tout simplement ce n’est pas cela que vous cherchez.
- Pas quoi ?
- Une explication.
- Vous m’embrouillez, j’ai mal à la tête.
- Asseyez-vous quelques instants, je suis persuadé qu’une petite pause remettra vos idées en place.
Et dans un sourire le vieux bonhomme m’indique le fauteuil au milieu de la pièce. Je suis alors irrésistiblement attiré par ses coussins moelleux. À peine assis je me sens enveloppé d’un bien-être que ne n’avais pas ressenti depuis bien longtemps.
- Vous aviez raison.
- À propos de quoi ?
- De mes idées mal placées, voilà que le brouillard disparaît !
- J’en suis heureux. Peut-être pouvez-vous me dire à présent en quoi je puis vous être utile? Vous cherchez quoi au juste ?
Après quelques instants d’hésitation je me lance :
- Je cherche ... je cherche un sens à ma vie.
- Nous y voilà enfin ! Vous voyez, ce n’était pas si compliqué. Eh bien, vous avez eu raison de pousser la porte de ma boutique. Vous êtes au bon endroit.
Il s’installe à nouveau derrière le comptoir et tout en parlant, prend des notes sur son carnet.
- Voyons voir ! Il nous faut une pincée d’espoir, quelques graines de bonheur et une bonne dose d’amour. Je dois avoir ça en stock. Mais avant je vous recommande de raccommoder votre cœur brisé et de faire un nettoyage complet de l’estime de soi. Un lavage à 30° devrait suffire.
Il s’affaire alors, faisant apparaître de sous le comptoir des bocaux plus ou moins gros, aux formes différentes et aux couvercles colorés. Il sort un bol en terre cuite, prend une pince, ouvre les contenants ...
Je le regarde faire, les yeux écarquillés. Il n’y a rien dans les bocaux, rien du tout. Je devrais me mettre en colère, me lever et partir. Je n’en fais rien. Le fauteuil est confortable et je suis bien.
Après quelques minutes le vieux bonhomme s’approche de moi, son bol rempli d’un mélange de rien. Je veux le lui prendre des mains mais il m’intime l’ordre de ne pas bouger.
- Laissez-moi faire, vous risqueriez d’en renverser. Détendez-vous, fermez les yeux et tendez vos mains. Je ferme donc les yeux. Plus rien ne m’étonne et je trouve même l’expérience amusante.
C’est alors que j’entends une voix chuchoter à mon oreille.
- Monsieur... monsieur... on ferme !
J’ouvre les yeux et sursaute en voyant un jeune homme penché sur moi.
- Désolé monsieur vous vous étiez endormi. La bibliothèque va fermer, vous l’empruntez ?
- J’emprunte quoi ?
- Le livre que vous avez dans les mains !
- Oui oui !
Pendant que le jeune homme remplit ma carte d’adhérent j’essaie tant bien que mal de remettre mes idées en place. Quel drôle de rêve quand même, cela paraissait tellement réel.
- Quel joli titre !
- Quoi ?
- Le titre du livre que vous empruntez.
- Ah oui ! Pardon, je suis un peu distrait aujourd’hui.
- C’est un joli titre. « Aux petits bonheurs ». C’est un titre plein de promesses.
- Sans doute !
Je lui réponds sans conviction, encore perturbé par ce que je viens de vivre, ou plutôt de rêver.
- Au revoir.
Et je sors de la bibliothèque, le livre sous le bras et la tête ailleurs.
Je tourne au coin de la rue, le nez collé sur la couverture du livre « Aux petits bonheurs », illustré par la photo d’une devanture de boutique qui ressemble étrangement à celle de mon rêve. C’est à ce moment-là que je la bouscule. J’ai juste le temps de la retenir avant qu’elle ne tombe.
- Excusez-moi mademoiselle, j’avais la tête ailleurs.
- Dans les nuages ? ça m’arrive aussi.
Elle me sourit et je tombe instantanément amoureux.
Là-bas, devant la bibliothèque, un petit bonhomme vêtu d’une veste bleue, lunettes rondes tout au bout de son nez, prend des notes sur un carnet en souriant.
Je connais ce quartier comme ma poche et je passe dans cette rue chaque matin. Pourtant je n’avais jamais remarqué cette échoppe. D’ailleurs je suis persuadé qu’elle n’y était pas hier encore. Mais ce matin, en tournant au coin de la rue, mon regard a immédiatement été attiré par la vitrine. Est-il possible qu’en une nuit le propriétaire ait transformé le vieux garage qui se trouvait là en magasin ? La peinture est défraîchie et les vitres sales, la bâtisse semble être là depuis des lustres. Pourtant il n’y avait rien à cet endroit jusqu’à aujourd’hui. Ou ma mémoire me joue des tours, ou bien ce que je vois est un mirage.
Pour en avoir le cœur net je pousse la porte qui s’ouvre dans un grincement venu d’outre-tombe, au son d’un carillon venu d’un autre âge.
Je regarde autour de moi. Le magasin est vide. Quand je dis vide, je veux dire vide d’objets, vide de rayons, vides de marchandises. Il y a juste un fauteuil placé au centre de la pièce et un comptoir tout au fond, derrière lequel se tient un vieux bonhomme, lunettes rondes posées tout au bout de son nez. Il porte une veste bleue et tient dans la main un carnet. Il mâchouille un crayon à papier tout en m’espionnant du coin de l’œil.
- Bonjour monsieur, je vous attendais.
- Moi ?
- Oui, vous, vous cherchez quelque chose sans doute ?
- Moi ? Non je ...
- Si vous êtes entré c’est que vous cherchez quelque chose. Puis je vous aider?
- Je suis entré par hasard.
- Il n’y a pas de hasard dans la vie.
- Ce magasin n’était pas là hier. Je suis entré pour vérifier.
- Vérifier quoi ?
- Si je ne rêvais pas.
- Eh bien vous voilà rassuré, vous ne rêvez pas. Il vous fallait autre chose ?
- Non. Enfin si, je cherche une explication. Comment se fait-il que je n’aie jamais remarqué ce magasin avant aujourd’hui ?
- Sans doute parce que vous n’aviez besoin de rien avant aujourd’hui.
- Quand bien même j’aurais besoin de quelque chose, il n’y a rien ici !
- En êtes-vous sûr ?
- J’ai beau regarder autour de moi je ne vois rien.
- C’est normal puisque je vends autre chose.
- Mais vous vendez quoi ?
- Ce que vous ne trouverez pas ailleurs. Ce que vous êtes venu chercher.
- Mais je n’ai besoin de rien !
- Alors pourquoi êtes-vous entré ?
- Je vous l’ai dit, je cherchais une explication.
- À propos de quoi ?
- De ce magasin qui n’était pas là hier, de vous, de tout ce vide.
- Et l’avez-vous trouvée ?
- Trouver quoi ?
- L’explication que vous êtes venue chercher.
- Non et vous ne m’aidez pas avec toutes vos questions.
- Puis je vous suggérer un conseil ?
- Allez-y toujours, au point où j’en suis, je ne serai pas venu pour rien !
- Peut-être que tout simplement ce n’est pas cela que vous cherchez.
- Pas quoi ?
- Une explication.
- Vous m’embrouillez, j’ai mal à la tête.
- Asseyez-vous quelques instants, je suis persuadé qu’une petite pause remettra vos idées en place.
Et dans un sourire le vieux bonhomme m’indique le fauteuil au milieu de la pièce. Je suis alors irrésistiblement attiré par ses coussins moelleux. À peine assis je me sens enveloppé d’un bien-être que ne n’avais pas ressenti depuis bien longtemps.
- Vous aviez raison.
- À propos de quoi ?
- De mes idées mal placées, voilà que le brouillard disparaît !
- J’en suis heureux. Peut-être pouvez-vous me dire à présent en quoi je puis vous être utile? Vous cherchez quoi au juste ?
Après quelques instants d’hésitation je me lance :
- Je cherche ... je cherche un sens à ma vie.
- Nous y voilà enfin ! Vous voyez, ce n’était pas si compliqué. Eh bien, vous avez eu raison de pousser la porte de ma boutique. Vous êtes au bon endroit.
Il s’installe à nouveau derrière le comptoir et tout en parlant, prend des notes sur son carnet.
- Voyons voir ! Il nous faut une pincée d’espoir, quelques graines de bonheur et une bonne dose d’amour. Je dois avoir ça en stock. Mais avant je vous recommande de raccommoder votre cœur brisé et de faire un nettoyage complet de l’estime de soi. Un lavage à 30° devrait suffire.
Il s’affaire alors, faisant apparaître de sous le comptoir des bocaux plus ou moins gros, aux formes différentes et aux couvercles colorés. Il sort un bol en terre cuite, prend une pince, ouvre les contenants ...
Je le regarde faire, les yeux écarquillés. Il n’y a rien dans les bocaux, rien du tout. Je devrais me mettre en colère, me lever et partir. Je n’en fais rien. Le fauteuil est confortable et je suis bien.
Après quelques minutes le vieux bonhomme s’approche de moi, son bol rempli d’un mélange de rien. Je veux le lui prendre des mains mais il m’intime l’ordre de ne pas bouger.
- Laissez-moi faire, vous risqueriez d’en renverser. Détendez-vous, fermez les yeux et tendez vos mains. Je ferme donc les yeux. Plus rien ne m’étonne et je trouve même l’expérience amusante.
C’est alors que j’entends une voix chuchoter à mon oreille.
- Monsieur... monsieur... on ferme !
J’ouvre les yeux et sursaute en voyant un jeune homme penché sur moi.
- Désolé monsieur vous vous étiez endormi. La bibliothèque va fermer, vous l’empruntez ?
- J’emprunte quoi ?
- Le livre que vous avez dans les mains !
- Oui oui !
Pendant que le jeune homme remplit ma carte d’adhérent j’essaie tant bien que mal de remettre mes idées en place. Quel drôle de rêve quand même, cela paraissait tellement réel.
- Quel joli titre !
- Quoi ?
- Le titre du livre que vous empruntez.
- Ah oui ! Pardon, je suis un peu distrait aujourd’hui.
- C’est un joli titre. « Aux petits bonheurs ». C’est un titre plein de promesses.
- Sans doute !
Je lui réponds sans conviction, encore perturbé par ce que je viens de vivre, ou plutôt de rêver.
- Au revoir.
Et je sors de la bibliothèque, le livre sous le bras et la tête ailleurs.
Je tourne au coin de la rue, le nez collé sur la couverture du livre « Aux petits bonheurs », illustré par la photo d’une devanture de boutique qui ressemble étrangement à celle de mon rêve. C’est à ce moment-là que je la bouscule. J’ai juste le temps de la retenir avant qu’elle ne tombe.
- Excusez-moi mademoiselle, j’avais la tête ailleurs.
- Dans les nuages ? ça m’arrive aussi.
Elle me sourit et je tombe instantanément amoureux.
Là-bas, devant la bibliothèque, un petit bonhomme vêtu d’une veste bleue, lunettes rondes tout au bout de son nez, prend des notes sur un carnet en souriant.
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
Magnifique ! tu nous prends par le bout du nez et nous mènes exactement là où tu veux !
Et de rebond en rebondissement, l'amour s'impose et le petit monsieur note tout dans son carnet.
En voyant la photo de la devanture, je pensais aux boutiques du Chemin-de-Traverse d'Harry Potter. Elle y figurerait en belle place.
Et de rebond en rebondissement, l'amour s'impose et le petit monsieur note tout dans son carnet.
En voyant la photo de la devanture, je pensais aux boutiques du Chemin-de-Traverse d'Harry Potter. Elle y figurerait en belle place.
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
Tu nous mènes dans un endroit bien mystérieux. Le dialogue est très bien construit ,les graines d'espoir sont semées et tout le monde y trouve son compte.
J'ai beaucoup aimé " Je cherche un sens à ma vie..."et la suite!
J'ai beaucoup aimé " Je cherche un sens à ma vie..."et la suite!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
J'étais happée par la lecture de ton texte qui m'a plongée dans le monde de l'enfance, entre rêve et conte merveilleux. J'ai aimé les bocaux emplis de rien. Soudain, le réveil à la bibliothèque a était aussi brutal pour moi que pour le narrateur. L'effet est réussi et jusqu'à la fin tu cumules les rebondissements. J'ai gardé la nostalgie du début de ton texte, j'avais envie d'y rester...
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
En te lisant j'ai d'abord cru à une sorte de conte ou de fable.
J'ai été en plein suspense, je t'ai suivie comme Alice au pays des merveilles pour la surprise finale !
Tu vois que tu as retrouvé toute ta verve
J'ai été en plein suspense, je t'ai suivie comme Alice au pays des merveilles pour la surprise finale !
Tu vois que tu as retrouvé toute ta verve
Amanda- Humeur : positivement drôle
RE A: Aux petits bonheurs la chance
C'est un beau début d'histoire d'amour qui je l'espère durera très longtemps !
automne- Humeur : égale
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
C'est un superbe texte Cassy.
Tu nous emmènes où tu veux, tout en douceur et en tendresse.
Dis, tu nous raconterais pas la suite?
Tu nous emmènes où tu veux, tout en douceur et en tendresse.
Dis, tu nous raconterais pas la suite?
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
C'est amusant nous avons presque suivi le même cheminement. Ta chute est tout à fait adorable.
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Aux petits bonheurs la chance!
On est tout de suite absorbé dans ton histoire si bien que l'on arrive à la fin sans s'en être aperçu!!!
Tu nous amènes où tu veux avec un réel talent chère Cassy !!!! Et en plus avec une pointe de fantastique...!!!
Bravo mon gourou!!! j'ai adoré!!!
Tu nous amènes où tu veux avec un réel talent chère Cassy !!!! Et en plus avec une pointe de fantastique...!!!
Bravo mon gourou!!! j'ai adoré!!!
Xavier Eblo- Humeur : besoin de calme et de grand air
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