A. Au parloir
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Myrte
Zephyrine
Daboum
alainx
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A. Au parloir
Au parloir
— Je crois bien avoir fait une connerie, me dit Boris lors de ma première visite au parloir. Il a pris pour six mois ferme, mais avec les remises de peine et tout le tralala il ne tardera pas à se retrouver dehors, et on pourra se partager le butin du cambriolage de la bijouterie. De quoi se mettre au vert pour un moment, ou aller au soleil, comme on voudra, chacun de son côté.
— Mais non, que je lui réponds, c'est ensemble qu'on a décidé de cramer la bagnole volée histoire de brouiller les pistes, rapport aux analyses d'ADN et tout le bazar. Bon d'accord, tu t'es brûlé aux mains en foutant le feu, mais c'est par maladresse, et puis tu as juste perdu deux doigts, il te reste les autres quand même ! Faut pas non plus voir tout au tragique ! D'autant que maintenant on est riches !
— On voit bien que c'est pas toi ! Toi, Ernest, tu t'es tiré, tu t'es pas fait gauler, c'est moi qui ai pris tous les risques, et en plus tu réclames la moitié du butin !
Boris commence à m'énerver. Un contrat c'est un contrat. On avait dit Fifi/Fifi, qu'est-ce que c'est que cette tentative de vouloir renégocier notre deal ? En plus c'est lui qui a le magot qu'il devait porter chez le receleur après avoir cramé la bagnole. Je lui ai fait confiance. Perso, je me suis contenté de chouraver la tire, vu que c'est ma spécialité.
— Écoute, Ernest, je te dis que je crois avoir fait une connerie. Je sais bien que je n'aurais pas dû, mais bon, des fois, dans la panique, ça arrive… faut comprendre, j'avais quand même les doigts qui cramaient. Et du coup j'ai lâché l'affaire.
— Tu veux dire que tu n'es pas allé voir le receleur ?
— C'était plus la peine ! J'ai complètement foiré, faut pas m'en vouloir. Quand ça a pris feu, j'avais en mains le sac en plastique dans lequel on avait mis tous les diamants qu'on avait volés. Et le sac est tombé dans la bagnole en feu. Et comme des diamants qui brûlent… il en reste strictement rien… il n'y a même pas de cendres. C'est quand les pompiers sont arrivés et ensuite les flics qui ont fait le lien croyant que c'est moi le voleur de bagnole. C'est pour ça que j'ai pris que six mois pour incendie volontaire.
— Quoi ? Alors on a braqué la bijouterie pour rien ? Strictement rien ? T'es vraiment le roi des cons Boris. Tu vas voir ce que tu vas prendre à ta sortie. C'est toi que je vais cramer, et pas que tes mains. À ta place je m'arrange pour rester en tôle plus longtemps. Tu ferais mieux de buter un gardien. Au moins tu sauverais ta peau pour 20 piges. Parce que là, si tu sors dans quelques semaines, je te fume, je t'explose, je te disperse façon puzzle !
— Je crois bien avoir fait une connerie, me dit Boris lors de ma première visite au parloir. Il a pris pour six mois ferme, mais avec les remises de peine et tout le tralala il ne tardera pas à se retrouver dehors, et on pourra se partager le butin du cambriolage de la bijouterie. De quoi se mettre au vert pour un moment, ou aller au soleil, comme on voudra, chacun de son côté.
— Mais non, que je lui réponds, c'est ensemble qu'on a décidé de cramer la bagnole volée histoire de brouiller les pistes, rapport aux analyses d'ADN et tout le bazar. Bon d'accord, tu t'es brûlé aux mains en foutant le feu, mais c'est par maladresse, et puis tu as juste perdu deux doigts, il te reste les autres quand même ! Faut pas non plus voir tout au tragique ! D'autant que maintenant on est riches !
— On voit bien que c'est pas toi ! Toi, Ernest, tu t'es tiré, tu t'es pas fait gauler, c'est moi qui ai pris tous les risques, et en plus tu réclames la moitié du butin !
Boris commence à m'énerver. Un contrat c'est un contrat. On avait dit Fifi/Fifi, qu'est-ce que c'est que cette tentative de vouloir renégocier notre deal ? En plus c'est lui qui a le magot qu'il devait porter chez le receleur après avoir cramé la bagnole. Je lui ai fait confiance. Perso, je me suis contenté de chouraver la tire, vu que c'est ma spécialité.
— Écoute, Ernest, je te dis que je crois avoir fait une connerie. Je sais bien que je n'aurais pas dû, mais bon, des fois, dans la panique, ça arrive… faut comprendre, j'avais quand même les doigts qui cramaient. Et du coup j'ai lâché l'affaire.
— Tu veux dire que tu n'es pas allé voir le receleur ?
— C'était plus la peine ! J'ai complètement foiré, faut pas m'en vouloir. Quand ça a pris feu, j'avais en mains le sac en plastique dans lequel on avait mis tous les diamants qu'on avait volés. Et le sac est tombé dans la bagnole en feu. Et comme des diamants qui brûlent… il en reste strictement rien… il n'y a même pas de cendres. C'est quand les pompiers sont arrivés et ensuite les flics qui ont fait le lien croyant que c'est moi le voleur de bagnole. C'est pour ça que j'ai pris que six mois pour incendie volontaire.
— Quoi ? Alors on a braqué la bijouterie pour rien ? Strictement rien ? T'es vraiment le roi des cons Boris. Tu vas voir ce que tu vas prendre à ta sortie. C'est toi que je vais cramer, et pas que tes mains. À ta place je m'arrange pour rester en tôle plus longtemps. Tu ferais mieux de buter un gardien. Au moins tu sauverais ta peau pour 20 piges. Parce que là, si tu sors dans quelques semaines, je te fume, je t'explose, je te disperse façon puzzle !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Au parloir
Bel hommage à Audiard, Monsieur Alain connaît ses classiques.
Et j'ai éclaté de rire avec Fifi/fifi...
C'est vrai que le diamant brûle comme le charbon dégénéré qu'il est. Mais les montures ? ont-elles fondu ?
J'imagine le "désosseur" à la casse qui trouvera une boulette d'or dans le châssis de l'épave `!
Et j'ai éclaté de rire avec Fifi/fifi...
C'est vrai que le diamant brûle comme le charbon dégénéré qu'il est. Mais les montures ? ont-elles fondu ?
J'imagine le "désosseur" à la casse qui trouvera une boulette d'or dans le châssis de l'épave `!
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A. Au parloir
Comme je suis heureuse de lire un texte style Audiard comme tu nous en as déjà proposés de temps en temps.
Tu excelles dans le genre et en lisant je voyais Bernard Blier et Jean Lefèvre. ..
J'ai bien ri du début à la fin, ça fait du bien!
Tu excelles dans le genre et en lisant je voyais Bernard Blier et Jean Lefèvre. ..
J'ai bien ri du début à la fin, ça fait du bien!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Au parloir
J'aime le ton de ce dialogue qui nous laisse imaginer la tête des deux malfaiteurs pas très malins.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Au parloir
Je croyais voir Ventura et Blier, un vrai film avec le vocabulaire adéquat. On en redemande des textes comme cela !
Amanda- Humeur : positivement drôle
RE A : Au parloir
Grande désillusion pour Ernest mais il faut accepter de perdre , on ne peut pas toujours gagner et il devrait être plus indulgent envers son acolyte qui ne l'a pas dénoncé .
automne- Humeur : égale
Re: A. Au parloir
Fifi/fifi j'adore ! Comme quoi bien mal acquis ne profite jamais. Il a un intérêt à numéroter ses abattis le Boris !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Au parloir
Un texte savoureux! Et effectivement on imagine bien Lino Ventura et Bernard Blier
Sherkane
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