A. Ma première confession

Bonjour monsieur le curé, je peux vous appeler ainsi j’espère car, même si je sais que les fidèles vous appellent mon père, moi je serais bien incapable d’en faire autant, mon père c’est mon père et vous vous êtes le curé du village. Comme vous le savez, car tout se sait ici, je n’ai jamais mis les pieds dans votre église. Voila, c’est la première fois que j’entre dans ce sanctuaire qui m’est étranger. Je trouve que ça sent la bougie fondue, l’encens et le bois ciré. Il y règne une fraicheur agréable, surtout lorsque le soleil cogne dehors. Quelques personnes sont assises sur les bancs alignés en face de l’autel. Parfois un léger grincement brise le silence, un pas résonne mais les bruits de l’extérieur sont comme étouffés.

Donc, je suis au confessionnal, une sorte de cabine en bois sculpté, flanquée de part et d’autre d’isoloirs masqués par un rideau. Je suis assis sur le siège d’un des isoloirs et je vous devine à travers un grillage, j’entends votre souffle et je sens votre haleine, mélange de café et de renfermé.
Bref, je suis là pour me confesser à la demande de ma promise qui m’a avoué qu’elle se donnerait à moi uniquement si j’en passais par là. Elle me veut pur et lavé de tout pêché. Comme je vous l’ai déjà dit, je ne suis jamais entré dans une église donc je ne me suis jamais confessé et ne sachant comment m’y prendre, je me suis renseigné sur les pêchés capitaux. Il parait qu’il y en a sept : l’avarice, la paresse, l’envie, la gourmandise, l’orgueil, la luxure et la colère.
Alors, j’ai écrit une liste. Pour l’avarice, j’avoue que, lorsque j’ai invité ma dulcinée au restaurant, j’ai choisi le moins cher. La paresse : en sortant du restaurant, j’ai eu la flemme de la raccompagner chez elle, je l’ai saluée dans la rue et suis rentré chez moi me coucher. L’envie : j’ai toujours envie d’elle. La gourmandise : j’ai mangé mon dessert et fini le sien car c’était trop tentant. L’orgueil : il est vrai que j’ai fait un peu le malin en me ventant d’être agent de la mairie, ce qui lui en a mis plein la vue, ce n’est pas faux mais ça sonnait mieux que simple cantonnier. La luxure : comment dire, dès qu’elle acceptera de céder à mes avances, elle pourra gouter à satiété  à mes appétits immodérés. La colère : il y en a tout de même un peu en moi chaque fois qu’elle ne s’abandonne pas à mes désirs.
Voila monsieur le curé, j’ai rempli mon contrat, suis-je lavé de tous mes pêchés ?