A - L'écrivain et la souris

Dans une chambrette sous les combles, un apprenti écrivain bayait aux corneilles.
Il se disait que le temps était venu de reprendre le cours de ses écrits.
Hélas, pas moyen de trouver le courage de tremper sa plume dans l’encrier.
Foultitude de distractions retenait son attention loin de son travail.
Je reprendrai, se promit-il avant l’oût foi de moi.
Mille mots se transformeront en deux mille, si ce n’est en trois mille.
Satisfait de la promesse qu’il s’était faite,
Le nez au vent, il s’en alla battre la campagne.
L’été passa, puis l’automne.
Sur le bureau, le manuscrit inachevé prit la poussière.
Notre écrivain, jour après jour, affirmait que demain Dame Muse reviendrait,
Et qu’à nouveau il reprendrait crayon et cahier.
Lorsque l’hiver s’en vint, une charmante souricette se mit en quête d’un abri.
Un chat rôdant dans les pièces les plus confortables,
Elle décida de tenter sa chance dans les hauteurs.
Et là, bonheur, un nid douillet, elle trouva ainsi qu’abondance de nourriture.
Le printemps revenu, notre écrivain dilettante décida qu’il était temps.
Temps de réveiller Dame sa Muse par trop fainéante.
D’un pas gaillard, il escalada l’escalier vers son grenier.
Prêt à reprendre la tâche abandonnée.
Qu’elle ne fut pas sa stupeur de découvrir, une famille de souris grassouillettes.
Les mignonnes jouaient au milieu des débris de son ouvrage.
Ses personnages et leur histoire s’étaient enfuis bien loin de leur ingrat rédacteur.
Moralité
Procrastiner est agréable.
Le faire avec modération est préférable.