A. Avancer coûte que coûte

Alors que je traversais de bon matin le bois près de chez moi, je me souvins de cette balade en forêt que j'avais faite avec ma belle-soeur dans le Puy-de-Dôme, elle vivait dans cette région. J'étais allée passer quelques jours chez elle, comme je le faisais régulièrement.

La veille, nous nous étions mises d'accord pour faire une randonnée tôt le lendemain matin lorsque la nature est encore endormie, et les gens aussi. Après avoir déjeuné, nous avions pris la route, bravant le brouillard qui avait envahi le paysage. Mais j'étais confiante, car ma belle-soeur connaissait bien sa région et aussi le chemin que nous empruntions.
Agnès n'était plus toute jeune, et de plus, elle avait des ennuis de santé mais elle ne voulait pas se laisser abattre. Et elle avait dit ce jour-là :
- Vieillir, ce n'est pas un boulot pour les poules mouillées !
Elle aurait pu ajouter :
- Et ce n'est pas cette satanée maladie qui va m'arrêter !
C'est ce qu'elle faisait, elle avançait coûte que coûte. J'admirais son énergie, moi qui en manquais parfois
Je me rappelle très bien de cette journée, car c'est ce jour-là que nous avions piqué un fou-rire mémorable. Je vous raconte.
Nous marchions au milieu de la forêt, le sol était jonché de feuilles mortes. Quand soudain, je poussai un cri, et tombai dans un trou ! Rassurez-vous, pas très profond, mais tout de même, 80 cm au moins. Ma belle-soeur m'expliqua après que ce devait être un piège pour les bêtes, un piège de chasseurs, bien camouflé par des branches mortes posées dessus. En attendant, c'était moi qui étais dedans et qui ne savais pas comment j'allais en sortir. Nous aurions pu paniquer, mais pas du tout, nous nous étions mises à rire, à rire, à rire, nous ne pouvions plus nous arrêter. Enfin calmées, Agnès m'avait aidée à sortir de ce trou, non sans peine il faut le dire !...

Lorsque j'évoque ce souvenir, un grand sourire vient éclairer mon visage et je pense à elle et à tous les bons et beaux moments que nous avons partagés...