A. Frissons.

Si j'avais su que mon charme n'agirait pas immédiatement, je lui aurais tourné le dos, mais je ne m'estime jamais perdant.
Si j'avais su qu'elle n'était pas prête à m'écouter quand je lui disais, comme je le raconte à toutes les nanas, qu'elle était jolie, qu'elle avait un gentil sourire, je n'aurais peut-être pas autant insisté pour qu'elle m'accompagne en balade autour du lac, mais je n'ai pas l'habitude qu'on me résiste.
Avec des si, des mais, des peut-être, on n'arrive à rien! Je déteste qu'on me refuse quoi que ce soit.

Si j'avais su qu'elle ne se laisserait pas faire, je ne l'aurais pas forcée à monter dans ma voiture. D'ailleurs, plus tard, quand j'ai vu son oeil au beurre noir, j'ai pensé que j'avais un peu exagéré.
Elle m'a traité de pervers narcissique et là, je n'ai plus pu gérer ma frustration, je l'ai giflée!
Elle s'est mise à pleurer comme une gamine apeurée, ce qui m'agace toujours fortement.

Si j'avais su, je l'aurais abandonnée ici au bord du lac et serais reparti seul en m'écriant : " Bon amusement et bon retour chez toi! "
Bien, elle m'en voulait pour la gifle et promettait de porter plainte dès ce soir.
C'en était trop!
Le coup de poing est parti tout seul. Elle a voulu faire sa maline, elle m'a provoqué! Je l'ai rapidement fait taire, je n'aurais pas dû serrer son cou aussi fort, aussi longtemps, mais quand on me pousse à bout...
Lorsque j’ai jeté son corps dans le lac, j'ai quand même été perturbé par les remous dans l'eau profonde qui l'a engloutie, bien lestée par les pierres que j’avais poussées dans ses poches.

Me voici à présent assis sur un banc au bord du lac.
Je contemple le spectacle que m'offre la nature en automne. Au loin les petites embarcations sillonnent l’eau calme.
Plus j'y pense, plus je suis convaincu d'avoir eu raison d’agir ainsi et d'ailleurs, tout m'est égal, je n'aurai pas d'ennui, je suis très intelligent!

Ce qui me gêne pourtant, c'est l'impression fugace qu'elle est assise à mes côtés, ses longs cheveux décoiffés par le vent, un air de reproche dans ses grands yeux bleus.
Mais non, c’est certain, elle est là-bas au fond de l'eau, elle a ce qu'elle mérite et c'est elle maintenant qui doit se dire : " Si j'avais su..."

Un texte fort !
Et hélas d'actualité, de plus en plus.
Tu décris à la perfection le personnage de pervers narcissique " tellement intelligent" " à qui on ne résiste pas", " qui déteste qu'on lui refuse quelque chose" ...
ET qui jusqu'au bout refuse de reconnaître ses torts, malgré le fantôme qui réapparaît.
C'est bien mené, ça fait froid dans la dos, tu as mangé du lion cette semaine, Zéphyrine !

Franchement, tu as eu parfaitement raison. Qui donc pourrait avoir l'audace de te critiquer !
Qu'est-ce que c'est que ces nanas qui n'obéissent pas aux hommes qui les commandent. C'est comme ça depuis toujours, aucune raison que ça change.
C'est incroyable quand même, elles se croient autorisées à protester et après elles vont se plaindre d'avoir été frappées !
C'est nous les mecs, c'est nous les machos, et ce sera comme ça pour toujours !
Tiens, viens, je t'offre un coup à boire, faut fêter ça : t'es plutôt bière ou pastis ?

Ton texte commence presque gentiment, on pourrait dire, avec la description de ce blaireau qui se croit irrésistible .
Mais l'histoire dérape très vite, et on ne peut que se rappeler tous ces faits divers, ces drames partout dans les médias.
En attendant le taré est libre, et on peut penser qu'il continuera....

Il est glaçant ton texte
Tu as réussi ton texte, la preuve, l’impression de dégoût quand arrive la fin

Je trouve ton récit très intense; il devient de plus en plus inquiétant et sombre sur un air détaché.... BRR! Moi aussi, j'ai froid dans le dos.

C'est vrai que le personnage féminin de la photo ressemble à un fantôme et qu'on peut penser à une femme disparue d'une façon ou d'une autre. Là, Zephyrine, tu n'y es pas allée de main morte ! La malheureuse a dégusté ! J'en ai rit en te lisant mais j'ai bien compris que ton texte illustre parfaitement la brûlante actualité des femmes battues qui n'est pas un sujet à rigolade.

Je partage l'avis de Myrthe, On a envie de rire,
puis surgissent les images et reportages
Les hommes peuvent être des sauvages ...

Cette histoire, hélas, s'inscrit dans des moeurs qu'on voudrait voir reléguées dans des narrations du passé
quand la société humaine n'était pas complètement évoluée .

Un sacré texte, hélas bien trop le reflet des "excuses" de certains. "C'est pas de ma faute, c'est de la sienne".

C'est une histoire épouvantable . Tu l'as bien écrite mais le contenu ne me plait pas du tout . C'est affreux.

Un texte excellent et d'actualité ! Un ton froid et cynique du personnage

Un texte très bien écrit, et parfaitement d'actualité, hélas...

Le calme du début nous amène lentement au tragique destin de cette femme qui a eu la malchance de croiser celui de son bourreau.
Un texte très fort et (hélas) réaliste. Tout aussi fort que ton premier texte Sherkane, mais dans un tout autre registre.

Coucou, Xavier. Moi c’est Zephyrine.
Ce n’est pas grave si ce n’est que je trouve que Sherkane a vraiment fait des prouesses cette semaine!

Merci pour ton commentaire.