A. Le grand escalier
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A. Le grand escalier
Lundi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
La volute inférieure resta de marbre. Les étages supérieurs ont toujours des soucis et des cas de conscience totalement incompréhensibles. Entre les gardes fous mal placés ou inexistants, les paliers trop étroits et les cages d’ascenseur qu’on veut leur imposer sous prétexte de modernité et d’accessibilité, les raisons de se plaindre sont légions dans le monde des volutes supérieures.
Mardi : bis repetita
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
La volute inférieure resta de marbre. Comme déjà dit, les étages supérieurs ont toujours des soucis et des cas de conscience totalement incompréhensibles. Entre les gardes fous mal placés ou inexistants, les paliers trop étroits et les cages d’ascenseur qu’on veut leur imposer sous prétexte de modernité et d’accessibilité, les raisons de se plaindre sont légions dans le monde des volutes supérieures.
Mercredi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
La volute inférieure leva les marches au plafond. Voilà que ça la reprenait… Qu’est-ce qui pouvait bien causer une telle obsession chez la volute supérieure ?
Ses marches semblaient propres, pas une once de poussière sur la rampe, les fenêtres étaient parfaitement orientées afin de mettre au mieux en valeur la volute supérieure.
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même à une vitesse anormalement élevée.
« Eh, fais gaffe, à force de tournoyer ainsi tu vas te casser la margoulette ! »
Jeudi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
« Vous lui êtes d’une grande perturbation » glapissait la volute inférieure en tournant sur elle-même à l’opposé du sens de la supérieure.
Ça grinçait désormais de tous les côtés, et l’équilibre de l’édifice devenait plus précaire de jour en jour.
Vendredi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
« Vous lui êtes d’une grande perturbation » glapissait la volute inférieure en tournant sur elle-même à l’opposé du sens de la supérieure.
L’audacieux qui osa s’aventurer dans les escaliers ce jour-là y gagna une solide nausée et un trouble de la personnalité persistant : désormais il se voyait deux, l’un pieds au sol, l’autre tête en bas, et les jours de grand vent il ne pouvait s’empêcher de répéter en boucle « Vous m’êtes d'une grande perturbation ».
Samedi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
« Vous lui êtes d’une grande perturbation » glapissait la volute inférieure en tournant sur elle-même à l’opposé du sens de la supérieure.
Et lorsque l’église voisine sonna sobrement les douze coups de minuit, les marches se joignirent au choeur des volutes et c’est sur un monumental « Vous m’êtes d’une grande perturbation » que le grand escalier de la sincérité et de l’honnêteté s’écroula définitivement.
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
La volute inférieure resta de marbre. Les étages supérieurs ont toujours des soucis et des cas de conscience totalement incompréhensibles. Entre les gardes fous mal placés ou inexistants, les paliers trop étroits et les cages d’ascenseur qu’on veut leur imposer sous prétexte de modernité et d’accessibilité, les raisons de se plaindre sont légions dans le monde des volutes supérieures.
Mardi : bis repetita
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
La volute inférieure resta de marbre. Comme déjà dit, les étages supérieurs ont toujours des soucis et des cas de conscience totalement incompréhensibles. Entre les gardes fous mal placés ou inexistants, les paliers trop étroits et les cages d’ascenseur qu’on veut leur imposer sous prétexte de modernité et d’accessibilité, les raisons de se plaindre sont légions dans le monde des volutes supérieures.
Mercredi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
La volute inférieure leva les marches au plafond. Voilà que ça la reprenait… Qu’est-ce qui pouvait bien causer une telle obsession chez la volute supérieure ?
Ses marches semblaient propres, pas une once de poussière sur la rampe, les fenêtres étaient parfaitement orientées afin de mettre au mieux en valeur la volute supérieure.
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même à une vitesse anormalement élevée.
« Eh, fais gaffe, à force de tournoyer ainsi tu vas te casser la margoulette ! »
Jeudi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
« Vous lui êtes d’une grande perturbation » glapissait la volute inférieure en tournant sur elle-même à l’opposé du sens de la supérieure.
Ça grinçait désormais de tous les côtés, et l’équilibre de l’édifice devenait plus précaire de jour en jour.
Vendredi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
« Vous lui êtes d’une grande perturbation » glapissait la volute inférieure en tournant sur elle-même à l’opposé du sens de la supérieure.
L’audacieux qui osa s’aventurer dans les escaliers ce jour-là y gagna une solide nausée et un trouble de la personnalité persistant : désormais il se voyait deux, l’un pieds au sol, l’autre tête en bas, et les jours de grand vent il ne pouvait s’empêcher de répéter en boucle « Vous m’êtes d'une grande perturbation ».
Samedi :
« Vous m’êtes d’une grande perturbation », marmonnait la volute supérieure en tournant sur elle-même.
« Vous lui êtes d’une grande perturbation » glapissait la volute inférieure en tournant sur elle-même à l’opposé du sens de la supérieure.
Et lorsque l’église voisine sonna sobrement les douze coups de minuit, les marches se joignirent au choeur des volutes et c’est sur un monumental « Vous m’êtes d’une grande perturbation » que le grand escalier de la sincérité et de l’honnêteté s’écroula définitivement.
madeleinedeproust- Humeur : littéraire...
Re: A. Le grand escalier
Voilà des mots qui ne me laissent pas de marbre et je suis prête à craquer dans le vertige qui m'a prise en tournant dans ces volutes ! Madeleinedeproust, vous m'êtes d'une grande perturbation !
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Le grand escalier
Madeleine nous est en effet cette semaine d'une grande perturbation.
Oh la, la, à suivre tes répétitions, tes bis repetita, on se laisse entraîner dans un tourbillon de volutes, pour finir par une ultime phrase qui me laisse sur un grand point d'interrogation !
J'admire la dextérité de la forme, un bel exercice de style mais pour le fond, je
Oh la, la, à suivre tes répétitions, tes bis repetita, on se laisse entraîner dans un tourbillon de volutes, pour finir par une ultime phrase qui me laisse sur un grand point d'interrogation !
J'admire la dextérité de la forme, un bel exercice de style mais pour le fond, je
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Le grand escalier
Voici comme le dit Amanda, un excellent exercice de style!
Il vaut la peine de lire et relire ton texte qui me fait penser au comptines que l’on aimait répéter à l’infini...
J’ai bien aimé le défilé des jours de la semaine et je m’impatientais...quand arriverions nous au samedi?
Et dimanche alors?
Là je n’ai pas tout compris! Je dis quand même bravo pour ton idée très originale!
Il vaut la peine de lire et relire ton texte qui me fait penser au comptines que l’on aimait répéter à l’infini...
J’ai bien aimé le défilé des jours de la semaine et je m’impatientais...quand arriverions nous au samedi?
Et dimanche alors?
Là je n’ai pas tout compris! Je dis quand même bravo pour ton idée très originale!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Le grand escalier
Excellentissime ! Magistral ! J'adore !
Vous m'êtes d'une grande perturbation de réjouissances extraordinaires.
On est emporté dans un tourbillon stylistique très bien maîtrisé.
(Je jalouserais presque !)
Une seule chose me chiffonne : Ce que je n'ai toujours pas compris c'est pourquoi les garde-fous ne se révoltent pas contre tout ces gens qui les prennent pour des débiles mentaux !
Vous m'êtes d'une grande perturbation de réjouissances extraordinaires.
On est emporté dans un tourbillon stylistique très bien maîtrisé.
(Je jalouserais presque !)
Une seule chose me chiffonne : Ce que je n'ai toujours pas compris c'est pourquoi les garde-fous ne se révoltent pas contre tout ces gens qui les prennent pour des débiles mentaux !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Le grand escalier
Et ce que l'on croyait immuable s'écroule un jour pour de bon, une vraie leçon de vie...
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A. Le grand escalier
Délicieusement loufoque cet escalier en folie. Donne juste un tout petit peu le tournis !
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Le grand escalier
Très bien écrit et imagé !
Je me suis retrouvée happée dans ce tourbillon de volutes tournant à l'inverse l'une de l'autre, et je crois bien que je me suis écroulée en même temps que le grand escalier !
Je me suis retrouvée happée dans ce tourbillon de volutes tournant à l'inverse l'une de l'autre, et je crois bien que je me suis écroulée en même temps que le grand escalier !
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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