A - Ca décoiffe
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Zephyrine
Martine27
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A - Ca décoiffe
« Bon sang, de bon sang de palsembleu ».
Niché dans l’encoignure d’une fenêtre Eugène sent son enveloppe ectoplasmique frémir d’énervement.
Ces fichus urbexeurs vont encore envahir son territoire.
Depuis quelque temps, ça n’arrête pas. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un groupe de cette fichue engeance ne vienne troubler la quiétude de sa mort.
C’est vraiment très pénible de les voir investir SES ruines.
Et vas-y que je mitraille dans tous les sens, aucun respect de son intimité. Ce n’est pas parce qu’on est mort qu’on a pas le droit à un minimum de respect. Ils en penseraient quoi ces sacrés gugusses, s’il débarquait chez eux pour les hanter sans leur demander leur avis. Sûr qu’ils appelleraient un exorciste vite fait.
En plus, il y a cette manie qu’ils ont de lui inventer une vie.
Les femmes lui imaginent des aventures romanesques complètement échevelées, allant de l’eau de rose bien mièvre aux cinquante nuances de noir parfaitement glauques.
Les hommes quant à eux sont sûrs qu’il était un fier combattant ou une autre stupidité martiale du même genre.
Franchement, il n’a rien été de ce genre, ni Galaad, ni Gilles de Rais. Il était tout bonnement un propriétaire terrien occupé à gérer son domaine, marié à une femme tout aussi simple que lui, ils ont eu des enfants qui sont partis vivre leur vie tout aussi sereinement. Bref, une existence certes sans panache, mais parfaitement digne.
Alors, ces enquiquineurs l’agace prodigieusement. Sans compter que lorsqu’ils arrivent son Henriette lui fait une crise, file cacher son suaire dans un recoin sombre de l’ancienne cuisine et refuse d’en sortir pendant plusieurs jours.
Il a beau lui seriner que personne ne peut la voir, rien à faire. Ces envahisseurs lui font peur.
En bref, il est temps de reprendre les choses en main.
Il arrête un instant de ruminer et regarde d’un œil noir, enfin, d’un œil noir et transparent, la nouvelle fournée de photographes du dimanche qui franchit le portail.
Il aimerait bien leur balancer quelques vieilles pierres du haut du mur, mais Henriette n’a pas envie de se retrouver avec un visiteur aplati et répandant ses entrailles dans ce qui reste de son salon. Sans compter que l’écrasé pourrait se transformer en un fantôme peu amène.
Il a bien essayé de leur faire peur, mais cela s’est révélé une arme à double tranchant parce que les photographes sont revenus accompagnés d’amateurs des sensations fortes. Il a donc dû se tenir tranquille pour que ceux-ci se découragent.
Heureusement, lors d’une réunion d’anciens voisins, Arsène le meunier, le maître du vent, lui a proposé son aide. Il a convoqué tous les vents qu’il connaissait.
Eugène regarde par la fenêtre. Il les voit qui déboulent, renversant tout sur leur passage. Ils s’engouffrent dans les murs de la vieille demeure et se mettent à tourner à toute vitesse, arrachant les vêtements, fracassant les appareils photos. En bref, ils sèment une belle pagaille et mettent en déroute les envahisseurs.
Eugène, très satisfait, les regardent s’enfuir ventre à terre. Il se dit qu’après une ou deux démonstrations de ce genre, il va pouvoir reprendre tranquillement le cours de sa mort. Il se frotte les mains de plaisir et ricane.
« Attention aux courants d’air. »
Niché dans l’encoignure d’une fenêtre Eugène sent son enveloppe ectoplasmique frémir d’énervement.
Ces fichus urbexeurs vont encore envahir son territoire.
Depuis quelque temps, ça n’arrête pas. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un groupe de cette fichue engeance ne vienne troubler la quiétude de sa mort.
C’est vraiment très pénible de les voir investir SES ruines.
Et vas-y que je mitraille dans tous les sens, aucun respect de son intimité. Ce n’est pas parce qu’on est mort qu’on a pas le droit à un minimum de respect. Ils en penseraient quoi ces sacrés gugusses, s’il débarquait chez eux pour les hanter sans leur demander leur avis. Sûr qu’ils appelleraient un exorciste vite fait.
En plus, il y a cette manie qu’ils ont de lui inventer une vie.
Les femmes lui imaginent des aventures romanesques complètement échevelées, allant de l’eau de rose bien mièvre aux cinquante nuances de noir parfaitement glauques.
Les hommes quant à eux sont sûrs qu’il était un fier combattant ou une autre stupidité martiale du même genre.
Franchement, il n’a rien été de ce genre, ni Galaad, ni Gilles de Rais. Il était tout bonnement un propriétaire terrien occupé à gérer son domaine, marié à une femme tout aussi simple que lui, ils ont eu des enfants qui sont partis vivre leur vie tout aussi sereinement. Bref, une existence certes sans panache, mais parfaitement digne.
Alors, ces enquiquineurs l’agace prodigieusement. Sans compter que lorsqu’ils arrivent son Henriette lui fait une crise, file cacher son suaire dans un recoin sombre de l’ancienne cuisine et refuse d’en sortir pendant plusieurs jours.
Il a beau lui seriner que personne ne peut la voir, rien à faire. Ces envahisseurs lui font peur.
En bref, il est temps de reprendre les choses en main.
Il arrête un instant de ruminer et regarde d’un œil noir, enfin, d’un œil noir et transparent, la nouvelle fournée de photographes du dimanche qui franchit le portail.
Il aimerait bien leur balancer quelques vieilles pierres du haut du mur, mais Henriette n’a pas envie de se retrouver avec un visiteur aplati et répandant ses entrailles dans ce qui reste de son salon. Sans compter que l’écrasé pourrait se transformer en un fantôme peu amène.
Il a bien essayé de leur faire peur, mais cela s’est révélé une arme à double tranchant parce que les photographes sont revenus accompagnés d’amateurs des sensations fortes. Il a donc dû se tenir tranquille pour que ceux-ci se découragent.
Heureusement, lors d’une réunion d’anciens voisins, Arsène le meunier, le maître du vent, lui a proposé son aide. Il a convoqué tous les vents qu’il connaissait.
Eugène regarde par la fenêtre. Il les voit qui déboulent, renversant tout sur leur passage. Ils s’engouffrent dans les murs de la vieille demeure et se mettent à tourner à toute vitesse, arrachant les vêtements, fracassant les appareils photos. En bref, ils sèment une belle pagaille et mettent en déroute les envahisseurs.
Eugène, très satisfait, les regardent s’enfuir ventre à terre. Il se dit qu’après une ou deux démonstrations de ce genre, il va pouvoir reprendre tranquillement le cours de sa mort. Il se frotte les mains de plaisir et ricane.
« Attention aux courants d’air. »
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Ca décoiffe
Excellente idée de nous présenter le fantôme du château !
On lui donne bien raison d’avoir envie de hanter en paix.
Il emploit les grands moyens et ça marche. Tiens, je n’aurai jamais plus peur des fantomes!
Bravo pour cette bien bonne histoire!
On lui donne bien raison d’avoir envie de hanter en paix.
Il emploit les grands moyens et ça marche. Tiens, je n’aurai jamais plus peur des fantomes!
Bravo pour cette bien bonne histoire!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A - Ca décoiffe
C'est sympa les fantômes, faut juste les laisser tranquilles
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Ca décoiffe
C'est clair qu'il ne va pas être content d'être dérangé comme ça !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Ca décoiffe
Un autre regard sur les urbexeurs!
Mais ton fantôme confond les vrais urbexeurs qui respecte les lieux avec le tout venant des curieux!
Mais ton fantôme confond les vrais urbexeurs qui respecte les lieux avec le tout venant des curieux!
Sherkane
Re: A - Ca décoiffe
Je sais que les urbexeurs ne dérangent rien, mais va savoir les anciens propriétaires ne sont peut-être pas d'accord pour partager leur intimité, même si c'est parfaitement respectueux
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A - Ca décoiffe
L'idée d'urbex de Sherkane a fait des petits ! C'est ce qui fait l'intérêt du partage des écrits. Tu as été très inspirée Martine avec ce texte bien écrit !
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A - Ca décoiffe
Ton récit me fait penser à un film de 2001 : "Les autres". Ce film m'avait particulièrement marqué. Si tu aimes les sensations fortes, je te le conseille.
Pour en revenir à ton histoire, j'ai adoré ! Bravo Martine.
Pour en revenir à ton histoire, j'ai adoré ! Bravo Martine.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A - Ca décoiffe
@ Myrte. En fait, je n'avais pas lu le texte de Sherkane. Je lis vos textes après avoir posté le mien pour éviter d'être influencée. Mais c'est toujours amusant de voir que nous sommes souvent plusieurs à avoir eu la même idée. Et l'Urbex est un style de photo que j'aime énormément également
@ Françoise. Merci pour mon texte et concernant le film que tu me conseilles, je l'ai déjà vu plusieurs fois même si on n'est plus surpris par la chute, il fait toujours autant d'effets.
@ Françoise. Merci pour mon texte et concernant le film que tu me conseilles, je l'ai déjà vu plusieurs fois même si on n'est plus surpris par la chute, il fait toujours autant d'effets.
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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