A: L'épave

" Le travail me fascine , je peux passer des heures à le contempler" Ainsi pensait Germaine , le nez collé à la fenêtre
de sa chambre qui  donnait à l'arrière de son HLM .

Le ronronnement du moteur d'un gros camion l'avait dérangée de sa lecture et , depuis près d'une heure , elle observait le véhicule qui tentait de charger une vieille carcasse de voiture enfouie au milieu des ronces, car le nouveau maire voulait aménager un parc dans cet espace en friche .

Le chauffeur et son acolyte tentaient en vain de fixer une chaine autour de la vieille voiture  pour faciliter son chargement , mais elle cassa à plusieurs reprises , elle entendait les jurons des deux hommes qui s'impatientaient et se cacha derrière le rideau craignant qu'on l'aperçoive, puis retourna s'asseoir pour reprendre sa lecture , mais son esprit s'égara et elle pensa à Madame de Sévigné qui écrivait " .Qu'il est doux de ne rien faire quand tout s'agite autour de vous" en voyant les paysans trimer pendant la fenaison .

Cependant , Germaine se dit qu'elle n'avait rien de commun avec cette Madame de Sévigné qui n'avait jamais travaillé , alors qu'elle ,avait quitté l'école à quatorze ans pour travailler à l'usine et donc bien mérité sa retraite dont elle se contentait.

Tout y est ! Sauf que je ne suis pas d'accord avec toi à propos de Madame de Sévigné ! Cette femme remarquable a écrit des centaines de lettres à sa fille surtout et décrit merveilleusement la vie de la cour à Paris et nous en apprenons dew choses
Va faire un tour à Grignan dans la Drôme la première semaine de juillet, où se tient le remarquable festival dr la correspondance
Grignan où sa fille a vécu au château magnifique
Toute la semaine acteurs et écrivains nous régalent de lectures
A ne pas rater, tu verras que Madame de Sévigné était tout sauf paresseuse !

Il est vrai que madame de Sevigné n’était pas paresseuse...
Cette phrase que tu cites me rappelle des souvenirs : Enceinte jusqu’aux dents et obligée de me reposer , nous devions pourtant déménager...Quel bonheur d’observer l’agitation qui régnait à la maison!
Bien sûr cette phrase m’est revenue à l’esprit ”Ah qu’il est doux de ne rien faire quand tout s’agite autour de vous!”
Je n’étais pourtant pas paresseuse.

Vu l’ambiance de ton texte, tu as très bien placé cette phrase, que Madame de Sevigné a prononcée. Elle savait ce qu’elle disait mais c’est vrai qu’elle a été très active dans plusieurs domaines.

On retrouve ici avec Germaine cette fascination pour le monde qui s'agite autour de soi quand on est à la retraite.
En effet, mme de Sévigné n'a pas du tout eu la même vie qu'elle, même si elle était active elle n'est pas allée à l'usine à 14 ans !

Il est vrai que c'est un bonheur qu'il ne faut pas gâcher de ne plus avoir besoin d'aller trimer tous les matins à l'usine ou au bureau. Vive la retraite !
Quant à la phrase citée de Madame de Sévigné elle a servi de titre à une émission de radio sur France Inter animée par José Arthur et que ma si sympathique belle-mère n'aurait manqué pour rien au monde ! C'était il y a belle lurette…

Loin de moi la pensée que Mme De Sévigné était paresseuse , elle a tenu le rôle d'une personne de son rang , c'est l'opinion de Germaine qui s'est épuisée à l'usine , j'ai connu une époque où tout emploi "assis " était considéré comme une sinécure par les travailleurs manuels .
J' ai visité le beau château de Grignan ,il y a quelques années .