A. Coeur plombé.
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Amanda
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A. Coeur plombé.
Comme chaque jour il est là, planté devant ma maison.
Comme chaque jour, par un sifflement il va encore tenter d'attirer mon attention.
S'il ne m'agaçait pas à un point que vous ne pouvez imaginer, je le plaindrais. En effet, ma maison est située " rue des 94 marches ". C'est une voie qui mène au sommet de la Butte des Coteaux. Comme son nom l'indique, cette rue comprend 94 marches grossièrement taillées, pavées de façon irrégulière et nos maisons mitoyennes sont construites de part et d'autre de cet escalier.
Le pas de ma porte se situe à peu près au niveau de la quarante huitième marche, c'est vous dire s'il faut du souffle et du courage pour monter jusque chez moi.
Lui, rien ne l'arrête et ni la pluie, ni la neige, ni le soleil, ni la bise glaciale n'ont raison de sa détermination.
Tenez, aujourd'hui il est là rouge, essoufflé, il retire son imperméable et m'appelle. J'ouvre la fenêtre du premier étage, le toise bras croisés.
Commence alors comme à chaque fois la même rengaine :
- Je veux te parler, tu ne peux pas me laisser ici, laisse-moi entrer! Je veux t'expliquer pourquoi je t'ai abandonnée aussi longtemps, sans explication... Ecoute moi!
Comme d'habitude, je ne réponds pas, je referme bruyamment la fenêtre. Je ne veux plus le voir, je ne veux plus lui parler! Je ne veux plus en entendre parler!
Mais tous les jours, il monte les 48 marches pour me chanter la même ritournelle, j'en ai assez, c'est lassant, je ne me laisserai pas intimider.
Voilà qu' aujourd'hui il pleut à verse donc je n'ouvre même pas la fenêtre. Comment peut-il encore espérer que je l'écoute?
Tiens donc, changement de programme, il n'a pas sifflé, il se dirige vers la porte d'entrée et frappe interminablement... C'est d'un ridicule!
Enfin, il se lasse, se tourne pour redescendre les escaliers mais, oh non... il s'écroule d'un coup, dévale quelques marches et puis plus rien, il est là allongé, immobile.
Un attroupement se forme déjà alors que je me précipite, me penche sur lui et m'écrie : " Papa, Papa... écoute... Mais parle-moi bon sang! "
Hélas il est mort déclare un médecin qui passait par là.
Je suis tétanisée. Il n'y a plus rien à faire, plus rien à dire!
Quelques jours plus tard, debout devant sa tombe, je me dis que le sort est cruel! A présent, c'est moi qui parle alors que lui se tait à jamais.
Il ne pourra pas m'expliquer pourquoi il nous a quitté ma mère et moi quand j'avais 12 ans.
Que feriez-vous à ma place?
Je lui demande pardon, je lui dis les mots que j'ai refusé de lui offrir quand il grimpait jusque chez moi. Savez-vous où vont les mots qu'on ne dit pas? J'ai enfin la réponse : ils nous plombent le coeur!
Je suis inconsolable.
Les mots que mon père me criait au bas de mon immeuble étaient par ma faute bien inutiles car parler ne suffit pas, encore faut-il qu'un autre entende avec tendresse...
Comme chaque jour, par un sifflement il va encore tenter d'attirer mon attention.
S'il ne m'agaçait pas à un point que vous ne pouvez imaginer, je le plaindrais. En effet, ma maison est située " rue des 94 marches ". C'est une voie qui mène au sommet de la Butte des Coteaux. Comme son nom l'indique, cette rue comprend 94 marches grossièrement taillées, pavées de façon irrégulière et nos maisons mitoyennes sont construites de part et d'autre de cet escalier.
Le pas de ma porte se situe à peu près au niveau de la quarante huitième marche, c'est vous dire s'il faut du souffle et du courage pour monter jusque chez moi.
Lui, rien ne l'arrête et ni la pluie, ni la neige, ni le soleil, ni la bise glaciale n'ont raison de sa détermination.
Tenez, aujourd'hui il est là rouge, essoufflé, il retire son imperméable et m'appelle. J'ouvre la fenêtre du premier étage, le toise bras croisés.
Commence alors comme à chaque fois la même rengaine :
- Je veux te parler, tu ne peux pas me laisser ici, laisse-moi entrer! Je veux t'expliquer pourquoi je t'ai abandonnée aussi longtemps, sans explication... Ecoute moi!
Comme d'habitude, je ne réponds pas, je referme bruyamment la fenêtre. Je ne veux plus le voir, je ne veux plus lui parler! Je ne veux plus en entendre parler!
Mais tous les jours, il monte les 48 marches pour me chanter la même ritournelle, j'en ai assez, c'est lassant, je ne me laisserai pas intimider.
Voilà qu' aujourd'hui il pleut à verse donc je n'ouvre même pas la fenêtre. Comment peut-il encore espérer que je l'écoute?
Tiens donc, changement de programme, il n'a pas sifflé, il se dirige vers la porte d'entrée et frappe interminablement... C'est d'un ridicule!
Enfin, il se lasse, se tourne pour redescendre les escaliers mais, oh non... il s'écroule d'un coup, dévale quelques marches et puis plus rien, il est là allongé, immobile.
Un attroupement se forme déjà alors que je me précipite, me penche sur lui et m'écrie : " Papa, Papa... écoute... Mais parle-moi bon sang! "
Hélas il est mort déclare un médecin qui passait par là.
Je suis tétanisée. Il n'y a plus rien à faire, plus rien à dire!
Quelques jours plus tard, debout devant sa tombe, je me dis que le sort est cruel! A présent, c'est moi qui parle alors que lui se tait à jamais.
Il ne pourra pas m'expliquer pourquoi il nous a quitté ma mère et moi quand j'avais 12 ans.
Que feriez-vous à ma place?
Je lui demande pardon, je lui dis les mots que j'ai refusé de lui offrir quand il grimpait jusque chez moi. Savez-vous où vont les mots qu'on ne dit pas? J'ai enfin la réponse : ils nous plombent le coeur!
Je suis inconsolable.
Les mots que mon père me criait au bas de mon immeuble étaient par ma faute bien inutiles car parler ne suffit pas, encore faut-il qu'un autre entende avec tendresse...
Dernière édition par Zephyrine le Mar 24 Mai 2022 - 14:17, édité 1 fois
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Coeur plombé.
Une histoire bien amenée dans sa progression.
On pense au début qu'il s'agit d'un amoureux éconduit, puis on découvre la vérité, c'est le père repenti.
Tragique fin dont la conclusion que tu en tires dans la chute de ton texte est tellement vraie.
Cette consigne nous a rendu mélancolique...
On pense au début qu'il s'agit d'un amoureux éconduit, puis on découvre la vérité, c'est le père repenti.
Tragique fin dont la conclusion que tu en tires dans la chute de ton texte est tellement vraie.
Cette consigne nous a rendu mélancolique...
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Coeur plombé.
C’est un beau texte Zephyrine qui mériterait d’être rectifié au niveau des mises à la ligne (trop espacées) . Pense aussi à justifier ton texte .
Pour le fond, c’est parfait. Je pense aussi à un à amoureux éconduit et la surprise finale n’en est que plus agréable à lire.
La phrase à intégrer est très bien amenée dans une série de questionnement qui enrichit ton texte.
Bravo
Pour le fond, c’est parfait. Je pense aussi à un à amoureux éconduit et la surprise finale n’en est que plus agréable à lire.
La phrase à intégrer est très bien amenée dans une série de questionnement qui enrichit ton texte.
Bravo
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Coeur plombé.
Voilà Admin, j’ai supprimé des espaces.
J’en ajoute toujours plus que nécessaire de peur qu’on ne comprenne pas ce que je raconte!
Merci pour ton commentaire!
J’en ajoute toujours plus que nécessaire de peur qu’on ne comprenne pas ce que je raconte!
Merci pour ton commentaire!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Coeur plombé.
Évidemment on s'attend à un amoureux trop insistant. Et même un harceleur et que le personnage ferait mieux d'appeler les flics !
Et puis non…
c'est une toute autre tragédie qui vient nous frapper le cœur
donc voilà un texte très réussi et qui atteint sa cible. Et nous donne aussi à réfléchir…
BRAVO !
Et puis non…
c'est une toute autre tragédie qui vient nous frapper le cœur
donc voilà un texte très réussi et qui atteint sa cible. Et nous donne aussi à réfléchir…
BRAVO !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
RE A : Cœur plombé
Des regrets bien sùr de n'avoir pas su écouter , pas su pardonner mais le départ de ce père avait causé une telle souffrance chez son enfant , il aurait du écrire et non imposer sa présence quotidienne.
automne- Humeur : égale
Re: A. Coeur plombé.
Sacré retournement de situation. Une histoire qui percute le coeur
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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