A- L'enfant sauvage
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automne
Amanda
Cassy
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A- L'enfant sauvage
Ce n’est pas d’une légende dont je vais vous parler mais d’un fait bien réel. Ce récit est si extraordinaire qu’il en est devenu légendaire. Ça s’est passé il y a plus de deux siècles, dans mon Aveyron natal.
Lorsque j’étais enfant, que la télévision ne délivrait que les infos du jour et le film du soir, nous écoutions les adultes discuter entre eux. C’est ainsi que j’entendis l’histoire de l’enfant sauvage retrouvé dans nos bois. Plus tard je découvris le film de François Truffaut qui mit en lumière l’incroyable destinée de Victor.
C’est dans le Tarn qu’on l’aperçoit une première fois, en 1797. Nu, marchant à quatre pattes, vivant au milieu des bêtes, mangeant des glands, des châtaignes et des racines, grimpant aux arbres et dormant à même le sol. Traqué comme une bête sauvage, il est capturé par des chasseurs en 1799 et enfermé dans une grange dont il s’échappe. Il parcourt plusieurs dizaines de kilomètres pour se retrouver sur les terres Aveyronnaises. Il s’approche alors des humains et mendie sa pitance du côté de Saint-Sernin.
C’est là, en 1800 que le représentant local du gouvernement le découvre et le fait transférer à l’hospice de Saint-Affrique puis à Rodez. L’enfant a une dizaine d’années, il est couvert de cicatrises, il paraît être sourd et muet. Il se comporte comme un animal et mord dès qu’il se sent en danger.
Lucien Bonaparte (frère du futur Napoléon) ayant eu vent de cette histoire demande qu’il lui soit envoyé à Paris où il est exhibé pendant quelques temps à la bourgeoisie telle une bête de foire.
C’est Philippe Pinel, directeur des asiles d’aliénés de Paris qui le sort de ce mauvais pas et en fait son cobaye après avoir compris que l’enfant n’est ni sourd, ni muet. Il va, en vain, essayer de lui apprendre à parler. Il en conclue que l’enfant est idiot de naissance et qu’il a sans doute été abandonné par ses parents. Jean-Marc Itard, étudiant en médecine, n’est pas du même avis, il décide de prendre l’enfant sous son aile et lui donne enfin un prénom. Ce sera Victor.
Pour la première fois de sa vie, Victor découvre la tendresse, prodiguée par Madame Guérin, gouvernante recrutée par Jean-Marc Itard. Avec elle il fait de longues promenades dans la campagne où il retrouve ses instincts d’enfant sauvage, grimpant aux arbres, se roulant dans la neige ou se baignant dans les ruisseaux. L’enfant sourit et parfois même rit. Ce sont probablement les plus belles années de sa vie. Il s’attache à sa gouvernante ainsi qu’à Jean-Marc Itard devenu entre-temps médecin à l’institut des sourds-muets de Paris. À force de persévérance, il prononce enfin son premier mot et acquiert petit à petit un langage très basique mais qui lui permet de communiquer avec ceux qui sont devenus sa famille.
Malheureusement, Victor n’ira jamais au-delà de ces quelques mots. Il n’apprendra jamais à écrire, ni à lire. Pour le docteur Itard, qui pensait qu’on pouvait évoluer grâce à l’apprentissage, c’est un échec. Désespéré, il confie l’enfant à sa gouvernante. Elle s’installe avec lui dans une bâtisse en face de l’institut des sourds-muets. C’est là que Victor meurt en 1828, oublié de tous, emportant avec lui le secret de sa naissance.
Bien plus tard, on fit de Victor une légende. L’enfant sauvage, déposé bébé dans les bois, élevé sans doute par des loups, avait survécu grâce à son instinct animal.
Plus probablement, Victor était un enfant martyr, sans doute autiste, abandonné alors qu’il était âgé de quelques années, à moins qu’il ne se soit lui-même échappé des griffes d’un père violent.
Lorsque j’étais enfant, que la télévision ne délivrait que les infos du jour et le film du soir, nous écoutions les adultes discuter entre eux. C’est ainsi que j’entendis l’histoire de l’enfant sauvage retrouvé dans nos bois. Plus tard je découvris le film de François Truffaut qui mit en lumière l’incroyable destinée de Victor.
C’est dans le Tarn qu’on l’aperçoit une première fois, en 1797. Nu, marchant à quatre pattes, vivant au milieu des bêtes, mangeant des glands, des châtaignes et des racines, grimpant aux arbres et dormant à même le sol. Traqué comme une bête sauvage, il est capturé par des chasseurs en 1799 et enfermé dans une grange dont il s’échappe. Il parcourt plusieurs dizaines de kilomètres pour se retrouver sur les terres Aveyronnaises. Il s’approche alors des humains et mendie sa pitance du côté de Saint-Sernin.
C’est là, en 1800 que le représentant local du gouvernement le découvre et le fait transférer à l’hospice de Saint-Affrique puis à Rodez. L’enfant a une dizaine d’années, il est couvert de cicatrises, il paraît être sourd et muet. Il se comporte comme un animal et mord dès qu’il se sent en danger.
Lucien Bonaparte (frère du futur Napoléon) ayant eu vent de cette histoire demande qu’il lui soit envoyé à Paris où il est exhibé pendant quelques temps à la bourgeoisie telle une bête de foire.
C’est Philippe Pinel, directeur des asiles d’aliénés de Paris qui le sort de ce mauvais pas et en fait son cobaye après avoir compris que l’enfant n’est ni sourd, ni muet. Il va, en vain, essayer de lui apprendre à parler. Il en conclue que l’enfant est idiot de naissance et qu’il a sans doute été abandonné par ses parents. Jean-Marc Itard, étudiant en médecine, n’est pas du même avis, il décide de prendre l’enfant sous son aile et lui donne enfin un prénom. Ce sera Victor.
Pour la première fois de sa vie, Victor découvre la tendresse, prodiguée par Madame Guérin, gouvernante recrutée par Jean-Marc Itard. Avec elle il fait de longues promenades dans la campagne où il retrouve ses instincts d’enfant sauvage, grimpant aux arbres, se roulant dans la neige ou se baignant dans les ruisseaux. L’enfant sourit et parfois même rit. Ce sont probablement les plus belles années de sa vie. Il s’attache à sa gouvernante ainsi qu’à Jean-Marc Itard devenu entre-temps médecin à l’institut des sourds-muets de Paris. À force de persévérance, il prononce enfin son premier mot et acquiert petit à petit un langage très basique mais qui lui permet de communiquer avec ceux qui sont devenus sa famille.
Malheureusement, Victor n’ira jamais au-delà de ces quelques mots. Il n’apprendra jamais à écrire, ni à lire. Pour le docteur Itard, qui pensait qu’on pouvait évoluer grâce à l’apprentissage, c’est un échec. Désespéré, il confie l’enfant à sa gouvernante. Elle s’installe avec lui dans une bâtisse en face de l’institut des sourds-muets. C’est là que Victor meurt en 1828, oublié de tous, emportant avec lui le secret de sa naissance.
Bien plus tard, on fit de Victor une légende. L’enfant sauvage, déposé bébé dans les bois, élevé sans doute par des loups, avait survécu grâce à son instinct animal.
Plus probablement, Victor était un enfant martyr, sans doute autiste, abandonné alors qu’il était âgé de quelques années, à moins qu’il ne se soit lui-même échappé des griffes d’un père violent.
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
Re: A- L'enfant sauvage
Une bien triste histoire tres bien racontée, intéressante et poignante.
Merci de nous l'avoir racontée !
Merci de nous l'avoir racontée !
Amanda- Humeur : positivement drôle
RE A : L'enfant sauvage
C'est une belle histoire , Cassy dont j'avais entendu parler et c'est heureux pour lui qu'il ait connu une période apaisée en vivant avec la gouvernante surtout s'il avait été abandonné par des parents ingrats ne voulant pas assumé un fils handicapé et pensant qu'il ne survivrait pas dans la forêt .
automne- Humeur : égale
Re: A- L'enfant sauvage
D’accord avec les précédents commentaire.
Une belle et triste histoire vraie que tu nous racontes très bien!
Une belle et triste histoire vraie que tu nous racontes très bien!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A- L'enfant sauvage
J'avais aussi entendu parler de cet enfant sauvage qui avait survécu dans la forêt comme un animal. Il serait en effet intéressant de connaître son origine. Cela serait plus facile à trouver de nos jours.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A- L'enfant sauvage
Une belle évocation de cette histoire étonnante.
Il se fait que nous nous sommes intéressés à cette histoire et à d'autres comparables ( nous = un groupe de chercheurs en psy auquel j'ai participé). Ce serait probablement encore plus intéressant aujourd'hui dans le cadre des neurosciences. Ce qui est certain c'est que l'entité vivante sortant du ventre de la femme, ne peut devenir un être humain qu'au contact d'autres humains aimants et bienveillants. Et ce dès le départ. À défaut la catastrophe du constat de sa déshumanisation se produira un jour ou l'autre.
Sans aller jusqu'à ces cas extrêmes, combien d'enfants contemporains bénéficient d'un amour véritablement humanisant en 2022, en France et ailleurs ?
La question se pose : ne générons nous pas de plus en plus « d' enfants sauvages ? », qui n'ont pas l'apparence de sortir crasseux d'un bois un beau matin… mais sont toutefois en péril et en danger…
Il se fait que nous nous sommes intéressés à cette histoire et à d'autres comparables ( nous = un groupe de chercheurs en psy auquel j'ai participé). Ce serait probablement encore plus intéressant aujourd'hui dans le cadre des neurosciences. Ce qui est certain c'est que l'entité vivante sortant du ventre de la femme, ne peut devenir un être humain qu'au contact d'autres humains aimants et bienveillants. Et ce dès le départ. À défaut la catastrophe du constat de sa déshumanisation se produira un jour ou l'autre.
Sans aller jusqu'à ces cas extrêmes, combien d'enfants contemporains bénéficient d'un amour véritablement humanisant en 2022, en France et ailleurs ?
La question se pose : ne générons nous pas de plus en plus « d' enfants sauvages ? », qui n'ont pas l'apparence de sortir crasseux d'un bois un beau matin… mais sont toutefois en péril et en danger…
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A- L'enfant sauvage
Je connaissais l'histoire mais pas entièrement, ou alors j'avais oublié. A une époque, les enfants handicapés étaient cachés et n'avaient aucune chance d'évoluer. Et si ce petit Victor a été abandonné, livré à lui-même, quelle douleur et quelle peur il a dû ressentir...
Cette gouvernante a dû lui apporter du réconfort et surtout un amour maternel qu'il n'avait jamais dû recevoir, et qui est pourtant si important et j'ai envie de dire, vital.
Cette gouvernante a dû lui apporter du réconfort et surtout un amour maternel qu'il n'avait jamais dû recevoir, et qui est pourtant si important et j'ai envie de dire, vital.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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