A. L'appel de la liberté

J’ai quitté le nid sans un mot, sans un regret, sans même y laisser une plume-souvenir.
Si j’avais pu j’aurais déchiqueté ce nid à grands coups de bec rageur, mais je ne pouvais pas faire ça aux petits. Ils n’étaient pas prêts à s’envoler, ils avaient encore besoin de la chaleur et de la protection de ce nid, aussi pervers et funeste soit-il.
Désormais je suis libre et je vole à grands coups d’aile dans l’infini du ciel. Le vent des cimes ébouriffe mes plumes. Je saute de courant ascendant en courant ascendant, comme bon me semble. Si l’envie me prend de plonger en piqué vers le sol personne n’est là pour me hurler de cesser immédiatement mes acrobaties juste bonnes à se faire remarquer…
Je peux planer des heures entières sans avoir pour unique but de trouver une proie pour le repas du jour.
Je peux planer paresseusement et simplement admirer le paysage. Quelle beauté que ces nuances de couleur, ces variations de vert et de brun… Et que dire des teintes que peuvent prendre les montagnes selon les moments de la journée ? C’est un spectacle époustouflant, qui me laisse bec bé à chaque fois…
Et si je reste assez haut je peux observer en toute quiétude la vie des petits habitants de la forêt. Saviez-vous à quel point un campagnol peut être affectueux avec ses petits ?
Avez-vous déjà pris le temps d’admirer de jeunes renardeaux qui découvrent un ruisseau pour la première fois ?
Et connaissez-vous les trésors d’imagination qu’une maman écureuil peut déployer pour cacher à ses enfants trop gourmands les dernières noisettes de la réserve familiale ?
Quand je pense que tout ce qu’on voudrait que je fasse c’est détruire toutes ces beautés !
Mais j’ai refusé, j’ai dit non et je suis parti.
Quelle liberté !
Quelle solitude aussi !
Quelle libre solitude !
Je vais établir un nouveau nid, loin, très loin de tous mes congénères, dans un grand arbre solitaire du haut duquel je pourrai en toute quiétude contempler le monde.
Et perché au faîte de mon arbre je pourrai crier à pleins poumons : « Je suis libre d’être moi, enfin ! »

Je suis impressionnée par la lecture de ce que vit cet oiseau qui a fait le choix de vivre libre... et seul ! Et c'est très vrai que souvent liberté et solitude se rejoignent. Lorsqu'il parle de la perversion du nid, je pense qu'il fait allusion aux attaches familiales qui, il me semble, sont ce qui nous entrave le plus.

Le choix de partir pour être libre....
Tu décris parfaitement bien tout ce que vit cet oiseau qui découvre la saveur d’être libre.
Un texte tellement bien écrit, mais on en à la délicieuse habitude avec toi depuis longtemps!

J’avais pensé aussi dans mon texte à faire le parallèle entre liberté et solitude et puis j’ai jugé que la consigne imposait un choix.
Tu as eu raison de parler de ”Libre solitude ” Magnifique idée !

Quelle belle description des habitants de la forêt et de leurs petits , mais est ce la solution de partir loin des siens , ne risque t'on pas une grande solitude ?

C'est beau ce texte ! Et toujours si bien écrit !
C'est presque une sorte de mini conte philosophique dont il faut savoir lire entre les lignes les messages distillés.
C'est à la fois subtil et agréable.
Et puis je trouve que c'est une réussite d'avoir mêlé les deux propositions sans pour autant trahir l'esprit de la consigne.

automne a écrit:Quelle belle description des habitants de la forêt et de leurs petits , mais est ce la solution de partir loin des siens , ne risque t'on pas une grande solitude ?

Ne dit-on pas "Mieux vaut être seul que mal accompagné"?

L'appel de la liberté, le respect du monde, la contemplation, l'affirmation, tout plein de sujets évoqués dans ton texte, Madeleine, et cela me plaît beaucoup.

J'aime beaucoup ce concept de la libre solitude !
Je rejoins évidemment les comm's des autres ! Quelle beauté dans tes mots !

Une belle réflexion étonnante dans la tête d'un oiseau, mais tellement juste et belle et si bien écrite.

Merci!