A- Tout ça n'a aucun sens

Est-ce qu’avec des SI on tient jusqu’au mot fin. Reprendre au début, changer les chapitres, en enlever, en rajouter, au gré des si et des peut-être. A condition, suppositions, au cas où il existe une autre vie, d’autres envies. Changer de direction, essayer, se planter, essayer à nouveau pour finalement renoncer, ne pas y aller puisque la vie, quel que soit le chemin, n’est jamais un long fleuve tranquille.

Et si j’avais fait d’autres choix, guidés non par le cœur mais par la raison, est-ce que j’aurais connu les mêmes joies, les mêmes peurs. Est-ce que j’aurais eu autant de regrets, peut-être de remords, de n’avoir pas su trouver le bon chemin pour que ma vie prenne une autre couleur.

Et si j’étais née ailleurs, dans un autre pays, où les femmes sont opprimées, où il faut se battre pour sa liberté, aurais-je au le même courage que ceux qui luttent sans cesse. Aurais-je été de ceux qui prennent les armes et combattent sans craindre la mort ou la prison, ou bien de celles qui sortent têtes nues et cheveux au vent. Peut-être aurais-je simplement vécu terrée, la tête baissée, résignée.

Et si j’avais eu du courage, à chaque fois que j’ai choisi la fuite, en aurais-je trouvé satisfaction, aurais-je connu un autre destin. Est-ce que je serais devenue aventurière, astronaute, femme d’affaire, mère célibataire, auteur à succès, ermite, que sais-je encore, mais certainement pas homme d’église ou religieuse.

Et si j’étais née garçon, aurais-je aimé pisser debout, caresser une femme, protéger les plus faibles dans la cour de récré. Aurais-je osé entourer ma mère de mes bras puissants, l’envelopper de mon amour, lui dire à quel point je l’aimais.

Et si j’étais née fille dans un corps de garçon ou garçon dans un corps de fille, aurais-je trouver la force d’imposer mes choix, d’expliquer, de combattre les préjugés et de suivre le long chemin de transition pour devenir ce que j’étais déjà tout à l’intérieur de moi.

Et si ce jour-là j’avais crié, si j’avais même supplié, au lieu de me débattre puis de renoncer pour échapper à la réalité, est-ce que tout cela se serait passé ? Et si ensuite j’avais parlé, m’aurait-on écouté, à une époque ou ce genre d’incident restait secret, inavouable, et pour beaucoup, pas si grave.  Est-ce que le reste de ma vie en aurait été changé.

Et si tout était à refaire, est-ce que je poserai les yeux sur toi, et si je l’avais fait, en laissant parler ma raison plutôt que mon cœur, est-ce que j’aurais compris que cette sensation de mal-être dictée par mon hypersensibilité était tout simplement la traduction de ce que tu étais vraiment et non pas ce que tu donnais à voir.

Tout ça n’a aucun sens puisque les SI ne servent à rien, si ce n’est, ici, à arriver au mot FIN.