A. Mortelle dispute

Mortelle dispute

La douceur ce sont les bras de Maman dans lesquels je me blottissais enfant quand j’avais mal. Comme j’aimerais qu’elle soit encore vivante et qu’elle me tienne là, serré contre son cœur. J’ai mal, j’ai froid. Trop mal, trop froid. J’ai peur de mourir. Du sang s’écoule de mes plaies. Il est chaud. Mes forces m’abandonnent. J’entends comme des murmures, des visages se penchent vers moi, j’arrive à peine à les distinguer. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Maman ! Maman ! oui tu es là ! Je vois ton visage, ton sourire lumineux. J’entends ta voix douce, tu chantes notre chanson du soir, celle qui nous permettait à Arthur et à moi de nous endormir tranquillement. Arthur, il est devenu fou. Maman ! Maman, tend moi la main j’arrive….

La mélancolie c’est un état d’âme qui ne me quitte jamais. Que voulez-vous Monsieur l’agent, j’ai perdu mon mari il y a 2 ans. Mes enfants sont tous partis faire leur vie à l’étranger. Vous savez ce que cela fait de se retrouver toute seule à mon âge ? Pour ne rien arranger depuis un an j’ai beaucoup de mal à marcher. L’arthrose vous comprenez. Du coup je ne sors quasiment plus. Alors je passe mes journées à la fenêtre à regarder les autres vivre. Je souris en regardant les enfants jouer au ballon. Un sourire qui me fait mal car je repense à mes propres enfants et à leurs rires. C’est cela la mélancolie Monsieur l’agent. Je ne vous souhaite pas de la connaître cette garce !
Oui, oui j’y viens à cette journée d’hier. Ne soyez pas si pressé ! Pour une fois que je peux parler à quelqu’un. Les enfants ils jouaient comme d’habitude et puis j’ai vu deux hommes sortir de l’immeuble d’en face. Ils s’engueulaient. Oui je connais de vue l’un de ces hommes. Je le vois souvent avec une belle femme brune, sa femme je pense. L’autre je ne l’ai jamais vu et non, je n’ai pas entendu ce qu’ils disaient. Tout est allé très vite. J’ai vu l’homme que je ne connaissais pas poignarder l’autre et s’enfuir. Les enfants ils ont crié. Ils ont couru vers le blessé. Pour ma part, j’ai appelé les secours.

La tendresse c’est ce que j’ai toujours ressenti pour la femme de mon frère. C’est moi qui l’ai présentée à mon frère. C’était lors de la remise des diplômes à l’université. Ils se sont revus plusieurs fois, ils ont commencé à se fréquenter. Gaétan m’a demandé d’être leur témoin de mariage. Ils formaient un beau couple. Cécile était magnifique et je crois que c’est à ce moment-là que tout a changé pour moi. La tendresse je crois qu’elle s’est changée peu à peu en un sentiment plus profond. On ne se voyait pas souvent mais alors on s’accordait, on se découvrait des passions communes. Un jour j’ai remarqué des bleus sur ses bras. Elle m’a dit qu’elle était tombée d’une échelle. Je l’ai crue. Mais Monsieur l’agent, tomber régulièrement ce n’est pas possible. Elle avait toujours de nouveaux bleus. Je me mis à soupçonner mon frère. Battait-il Cécile, la femme que j’aimais en secret ? Ce jour-là je suis allé chez lui. Je lui ai demandé des explications. Cela a dégénéré. Tout est allé vite. Gaétan m’a bousculé violemment et a couru hors de l’appartement. Je n’ai pas réfléchi Monsieur l’agent. J’étais fou furieux. Il y avait un couteau de boucher sur la table de la cuisine. Alors oui, je l’ai pris sans réfléchir et j’ai couru derrière mon frère.

On reçoit ton texte comme un coup de poing, toutes ces violences qui vont à l'encontre des trois mots de la consigne , enfin je veux dire que tu traites d'une part ce que ces mots te font ressentir, comme le manque de ta maman et ton attirance pour ta belle sœur. Et en même temps tu passes à des exemples violents ! Tu ne donnes pas de définitions, tu entres en pleine réalité. Je trouve ce texte riche, tu as dû beaucoup le travailler, non ?
Et en finale je le trouve très. Très bon !

Une interprétation de la consigne vraiment inattendue...
J’avoue avoir eu un peu de mal pour trouver le lien qui unit les trois parties du texte.
Mais c’est génial d’avoir imaginé cette histoire.
Un texte bien construit et très original!

Merci à toutes les deux de votre lecture et de vos commentaires.
J'ai imaginé une histoire (une dispute qui se termine mal) racontée par 3 personnes différentes qui chacune a vu ou vécu la scène de son point de vue :
La victime Gaétan qui meurt poignardé
Le témoin la vieille dame veuve qui a vu la scène de sa fenêtre
Le coupable Arthur qui poignarde son frère.

J'avais envie d'essayer un autre angle pour la consigne

Et tu as réussi !

Une façon de traiter la consigne avec beaucoup d'originalité. On ne s'attend pas du tout à ce genre de texte qui traite d'un fait divers glaçant.
J'ai eu des difficultés à comprendre qui était le personnage du premier paragraphe. J'ai hésité entre la femme qui mourait sous les coups. Il m'a fallut une seconde lecture pour comprendre, grâce au prénom Arthur que c'était le frère.
De fait je me demande si ce ne serait pas mieux de mettre le premier paragraphe en dernier. Est-ce que cela ferait sens pour toi?

Bravo Sherkane pour la façon très originale dont tu as traité la consigne. Tes explications aident à comprendre l'histoire, je n'avais pas saisi que l'on passait d'un personnage à l'autre.

Merci Myrte de ta lecture
@cassy : oui on pourrait mettre le premier paragraphe en dernier. Cela serait je pense plus clair pour les lecteurs