A. Le musicien orphelin

"Aucune parole ne précède les vrais départs".
C’est mon maître de musique qui me le disait si j’allais jouer dans un orchestre.
J’y pense beaucoup maintenant pour ce premier concert de ma vie avec mes camarades.

Je suis prêt, l’archet est posé sur la corde de mi.
Comme tous les autres musiciens, j’attends le départ de la première mesure de la cheffe, que j’observe avec émotion dans un silence persistant avec dans mon esprit mes parents qui ne sont plus là. Impossible de retenir une grosse larme.

Ce moment me parait si long, mon impatience de démontrer notre travail auprès du public accouru nombreux nous écouter.
Que de répétitions avant cette journée.
Que de corrections et de mises au point transmises par notre cheffe avec beaucoup de respect. Elle s’appelle Rose, comme la fleur. Elle sait me faire sentir la musique au fond de moi-même, comme sentir l’odeur d’une fleur.
Je l’aime Rose, j’ai encore envie d’apprendre avec elle, entouré de la gentillesse des autres membres de cet ensemble.

Enfin Rose lève les bras, d’un signe clair et précis, elle donne le départ.
C’est ainsi que commence ce concert.

Toute cette prestation se déroule comme sur du papier à musique.
Je fais des fausses notes, mes gentils camarades aussi. Mais ce qui compte c’est le plaisir de nous exprimer par le son, comme Rose nous l’a inculqué.

Émotion encore lors des applaudissements finaux, une ovation!
Cette soirée je ne suis prêt de l’oublier.
Je range précieusement mon violon dans l’étui, cet objet qui a fait vibrer mes sentiments.

Ce n’est pas fini.
Je sens une douce main posée sur mon épaule, qui reste immobile comme était posé mon archet sur la corde au début du concert.
Une voix douce me demande:

" - Acceptes-tu d'être mon fils adoptif ? "

L’auteur de ces beaux mots, c’est Rose… comme la vie en rose.