A- Où est mon édredon

A toi Dominique (c’est mon prénom)
C’est l’écriture qui nous a rapprochées
Et c’est bien elle qui nous rapproche encore
Belle route à toi
Avec mon amitié

Nicole

2019 : Je souhaite acheter « Deux allers simples pour ailleurs », Coumarine me l’envoie avec cette dédicace que je lis et relis depuis quelques jours.

Ces mots me touchent pour plusieurs raisons. D’abord parce qu’ils collent parfaitement à la réalité. Sans l’écriture, jamais nous ne nous serions rapprochées.

Je ne suis pas proche d’elle, je n’ai pas le même caractère, ni la même façon de m’exprimer, ni d’appréhender la vie. Nous sommes à des années lumières l’une de l’autre. Son côté « professeur », du moins c’est ainsi que je le perçois, me gêne. Nous n’avons pas eu la même éducation (En fait je n’en sais fichtrement rien mais c’est ce que je pense au plus profond de moi). Je suis la fille du cantonnier, élevée au grand air, je n’ai jamais eu beaucoup de vocabulaire. Je mets les coudes sur la table quand je mange, je dis des gros mots. Enfant, je porte les fringues usées de ma sœur, devenues trop petites pour elle qui les portait déjà usées, venant d’autres personnes. Ma sœur qui, brillante, réussissait ses études, comme pour faire un pied de nez à tous ceux qui se moquaient de nous, adultes comme enfants. Moi je faisais ce que je pouvais et c’était « Peux mieux faire ». Il parait que nous étions des filles de rustre, c’est ce qu’avait expliqué un prof à ma sœur : Fille de rustre vous êtes, fille de rustre vous resterez ». De fait nous souffrons encore, toutes deux, même cinquante ans plus tard, du syndrome de l’imposteur.

Coumarine, je l’assimile aux autres, à ceux qui sont de l’autre côté de la barrière, ceux qui ont eu une bonne éducation : polie, propre, bien habillée, sachant parler correctement, écrire correctement, style enfant de notable catho, votant à droite (mais pas trop). Bref que des clichés qui sont guidés par mon syndrome de l’imposteur. Je lis ses textes ici, sur son blog, je la trouve brillante, très littéraire mais je n’arrive pas à entrer dans son monde. Peut-être que, tout simplement, je ne m’autorise pas à le faire. Je la crois réticente vis-à-vis de moi. Ce n’est qu’une impression, est-ce la bonne ou la mauvaise ? Je ne le saurai jamais. Bien que cette dédicace soit un début de réponse.

Et parfois, de plus en plus souvent les dernières années de sa vie, je tombe sur un texte ou sur entrée de son blog qui me touche profondément parce qu’elle y oublie son côté littéraire et qu’elle met ses tripes sur la table. Et là je me sens extrêmement proche d’elle.


La seconde raison pour laquelle sa dédicace me touche, c’est parce que malgré tout ce que j’écris plus haut sur mon ressenti. J’admire Coumarine.

J’admire son écriture, sa culture, sa facilité à échanger avec les autres, la réussite de son blog, l’admiration et l’amitié que lui portent les personnes qui la suivent ici ou ailleurs. Alors cette dédicace, j’en suis fière, même si je me doute qu’elle en a écrit des dizaines comme celle-là à d’autres lecteurs. Cette dédicace, la mienne, elle est juste, sincère et tellement proche de la réalité.


Cet hommage que je lui rends, à travers ce texte, je l’ai voulu le plus sincère possible. Il était hors de question pour moi de faire son éloge : t’étais la meilleure, la plus sympa, la plus gentille etc… en laissant de côté la réelle relation que nous avions. J’espère qu’elle savait, malgré nos petits accrochages parfois, à quel point je l’admirais…

Je constate que j’ai écrit mon texte au présent et cela ne m’étonne pas car j’ai énormément de mal à réaliser qu’elle ne reviendra plus jamais nous offrir ses textes. Je ressens un grand vide quand je viens sur Kaléïdoplumes et j’ai peur. Peur de voir partir un à un les gens que j’aime et qui écrivent ici. Parfois j’ai envie de fermer Kaléido et d’appuyer sur « supprimer ». Juste pour ne pas savoir ce que vous devenez, juste pour ne pas être présente le jour où l’impensable arrive. Faire comme si nous ne mourions jamais...


Je vous aime Alain, Amanda, Trainmusical, Zéphyrine, Brigou parce que vous êtes là depuis le début ou parce que l’amitié a été évidente dès la première seconde de notre rencontre.
Et pour tous ceux qui écrivent encore ici : je vous admire et je ressens ce lien par l’écriture qui nous unit.


J’aimerais faire ce que je faisais enfant, lorsque j’avais peur du noir la nuit : m’enfoncer sous l’édredon, tout au fond de mon lit, persuadée que là rien ne peut arriver. Là encore, peut-être, je suis en sécurité. Là, il n’y a jamais d’aller simple pour là-haut.

Où est mon édredon ?

PS : Pensées à Jean-Pierre et Chloé