A- La bassine en zinc de mémé

C’était une vieille bassine en zinc. Elle appartenait à ma grand-mère. Elle s’en servait pour étendre le linge et lorsque nous y étions maman s’en servait comme baignoire. Elle la posait dans la cour au soleil et la remplissait d’eau qu’elle avait fait chauffée dans une grande marmite, sur la cuisinière à bois. A tour de rôle ma sœur et moi nous y prenions notre bain. Nous y étions à l’étroit mais nous aimions ça.

Mémé laissait toujours sa bassine dehors, qu’il vente ou qu’il neige, par tous les temps, la bassine en zinc toute cabossée trônait au milieu de la cour.
Lorsqu’il pleuvait, la bassine se mettait à chanter. Les gouttes tombaient et nous entendions sa musique : tic toc toc, tic tic tac toc. C’était comme une mélodie lancinante qui nous émerveillait.

Le front contre le carreau, nous regardions la pluie tomber et la bassine jouer sa mélodie. Nous attendions désespérément que la pluie s’arrête pour partir en courant sur le sentier du causse, en robes légères et sandales d’été.

Dans la terre fraiche et humide, nos pieds se mettaient aussi à jouer de la musique, lorsque l’eau s’infiltrait sous nos talons. Foc flic flac, floc flic floc. La mélodie accompagnait nos courses endiablées sous un arc en ciel et quelques rayons de soleil.

Derrière nous, dans la cour, la bassine en zinc s’était tue jusqu’à la prochaine pluie.