A. Une étrange histoire
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A. Une étrange histoire
Le château de X. est célèbre par les nombreuses statues qui ornent son parc. Elles surprennent les visiteurs au détour des allées et des perspectives savamment élaborées par des paysagistes de renom. Une histoire étrange s’attache à l’une d’entre elles et je vais vous la conter.
Parmi les dizaines de statues du parc, l’une d’entre elle était particulièrement admirée. Exécutée en marbre rose du Portugal de la région de Vila Viçosa, elle représentait une jeune fille dans tout l’attrait de sa jeunesse et de sa beauté calme et mélancolique. L’artiste avait particulièrement bien rendu les courbes gracieuses de ce jeune corps, le modelé du visage et le drapé diaphane de la robe fluide qui la revêtait.
Au nombre de ses admirateurs, et l’un des plus fidèles, on comptait le jeune baron de V. Il ne se passait pas de jour sans qu’il ne vienne, dans le parc, pour contempler la belle. Après tout Pygmalion n’était-il pas tombé amoureux de sa statue ?
Quand il fut invité à l’un des nombreux bals qui avaient lieu cet été-là, il s’y rendit sans grand enthousiasme, le cœur et les yeux emplis d’une autre image.
Il regardait depuis un moment les couples qui valsaient avec plus ou moins de légèreté dans la grande salle, quand son regard fut attiré par un couple assez disparate. Une jeune fille, un peu plus qu’une adolescente, valsait au bras d’un homme grand et maigre, impeccable dans son habit de soirée noir. Son père, sans doute, estima le jeune baron.
Bientôt, à l’image de la danseuse se superposa celle de la statue du parc. Aucun doute, pour lui, elles se ressemblaient étonnamment.
Le jeune homme se tourna vers sa voisine : « Ma tante, savez-vous qui est la jeune fille en rose qui danse si légèrement ? » Celle-ci répondit qu’elle l’ignorait. Le baron insista : « Ne trouvez-vous pas qu’elle ressemble à la statue du parc ? »
La tante, qui avait beaucoup vécu, haussa les épaules en murmurant « Oh, tu sais, toutes les jeunes filles de seize ans se ressemblent ! »
Un peu plus tard, il constata que le couple qui l’intriguait tant, avait quitté la salle. Il le chercha, mais en vain, parmi les invités qui faisaient honneur au buffet.
Bien décidé à mettre à profit les nombreuses invitations dont il était l’objet, pour tenter de découvrir l’identité de la mystérieuse jeune fille, il ne manqua aucune des soirées suivantes.
Il la revit deux ou trois fois au cours de la saison. Toujours sur la piste de danse et toujours valsant élégamment au bras du même cavalier en noir. Chaque fois qu’il essayait d’interroger ses amis et connaissances pour connaître l’identité de la jeune fille, il s’attirait des réponses étonnamment vagues pour un milieu où tout le monde connaissait et fréquentait tout le monde. Pourtant, un jour la maîtresse de maison interrogée, lui répondit : « Ah ! Tu veux parler cette pauvre Irène ?
—Pourquoi « pauvre » s’étonna-t-il ?
—Parce qu’elle n’a pas une vie très heureuse. Elle est Russe et son mari, un homme très singulier dont on chuchote qu’il a des passe-temps, —comment dire — sulfureux, l’a positivement déracinée pour la ramener en France. Elle est loin de son pays, de ses amis et il ne lui permet pas de s’en faire de nouveaux, tant il est rongé par une jalousie extrême. Je continue à les inviter à mes soirées pour lui conserver un semblant de vie sociale. »
Le baron tomba de haut : son mari ! Mais il avait l’âge d’être son père !
Le soir il ne lâcha pas le couple des yeux jusqu’à ce qu’il quittât la réception, un peu avant le départ des autres invités. Il le suivit discrètement jusque sur le perron et le vit s’engouffrer dans un léger cabriolet tiré par un cheval noir. Bien décidé cette fois à engager la conversation, quitte à essuyer une rebuffade, il descendit quelques marches, mais déjà le cabriolet disparaissait dans la nuit…
On ne les revit pas. Et quand le baron, pour noyer ses regrets retourna dans le parc du château de X. afin de retrouver l’image de son amour, voilà ce qu’il découvrit :
Parmi les dizaines de statues du parc, l’une d’entre elle était particulièrement admirée. Exécutée en marbre rose du Portugal de la région de Vila Viçosa, elle représentait une jeune fille dans tout l’attrait de sa jeunesse et de sa beauté calme et mélancolique. L’artiste avait particulièrement bien rendu les courbes gracieuses de ce jeune corps, le modelé du visage et le drapé diaphane de la robe fluide qui la revêtait.
Au nombre de ses admirateurs, et l’un des plus fidèles, on comptait le jeune baron de V. Il ne se passait pas de jour sans qu’il ne vienne, dans le parc, pour contempler la belle. Après tout Pygmalion n’était-il pas tombé amoureux de sa statue ?
Quand il fut invité à l’un des nombreux bals qui avaient lieu cet été-là, il s’y rendit sans grand enthousiasme, le cœur et les yeux emplis d’une autre image.
Il regardait depuis un moment les couples qui valsaient avec plus ou moins de légèreté dans la grande salle, quand son regard fut attiré par un couple assez disparate. Une jeune fille, un peu plus qu’une adolescente, valsait au bras d’un homme grand et maigre, impeccable dans son habit de soirée noir. Son père, sans doute, estima le jeune baron.
Bientôt, à l’image de la danseuse se superposa celle de la statue du parc. Aucun doute, pour lui, elles se ressemblaient étonnamment.
Le jeune homme se tourna vers sa voisine : « Ma tante, savez-vous qui est la jeune fille en rose qui danse si légèrement ? » Celle-ci répondit qu’elle l’ignorait. Le baron insista : « Ne trouvez-vous pas qu’elle ressemble à la statue du parc ? »
La tante, qui avait beaucoup vécu, haussa les épaules en murmurant « Oh, tu sais, toutes les jeunes filles de seize ans se ressemblent ! »
Un peu plus tard, il constata que le couple qui l’intriguait tant, avait quitté la salle. Il le chercha, mais en vain, parmi les invités qui faisaient honneur au buffet.
Bien décidé à mettre à profit les nombreuses invitations dont il était l’objet, pour tenter de découvrir l’identité de la mystérieuse jeune fille, il ne manqua aucune des soirées suivantes.
Il la revit deux ou trois fois au cours de la saison. Toujours sur la piste de danse et toujours valsant élégamment au bras du même cavalier en noir. Chaque fois qu’il essayait d’interroger ses amis et connaissances pour connaître l’identité de la jeune fille, il s’attirait des réponses étonnamment vagues pour un milieu où tout le monde connaissait et fréquentait tout le monde. Pourtant, un jour la maîtresse de maison interrogée, lui répondit : « Ah ! Tu veux parler cette pauvre Irène ?
—Pourquoi « pauvre » s’étonna-t-il ?
—Parce qu’elle n’a pas une vie très heureuse. Elle est Russe et son mari, un homme très singulier dont on chuchote qu’il a des passe-temps, —comment dire — sulfureux, l’a positivement déracinée pour la ramener en France. Elle est loin de son pays, de ses amis et il ne lui permet pas de s’en faire de nouveaux, tant il est rongé par une jalousie extrême. Je continue à les inviter à mes soirées pour lui conserver un semblant de vie sociale. »
Le baron tomba de haut : son mari ! Mais il avait l’âge d’être son père !
Le soir il ne lâcha pas le couple des yeux jusqu’à ce qu’il quittât la réception, un peu avant le départ des autres invités. Il le suivit discrètement jusque sur le perron et le vit s’engouffrer dans un léger cabriolet tiré par un cheval noir. Bien décidé cette fois à engager la conversation, quitte à essuyer une rebuffade, il descendit quelques marches, mais déjà le cabriolet disparaissait dans la nuit…
On ne les revit pas. Et quand le baron, pour noyer ses regrets retourna dans le parc du château de X. afin de retrouver l’image de son amour, voilà ce qu’il découvrit :
J’ai écrit cette histoire pour illustrer une proposition de variante dans les consignes que j’ai postée la semaine dernière. Au lieu de proposer une photo, point de départ, pour inspirer un texte, la donner en excipit.
Nerwen- Humeur : éveillée
Re: A. Une étrange histoire
Nerwen a écrit:
J’ai écrit cette histoire pour illustrer une proposition de variante dans les consignes que j’ai postée la semaine dernière. Au lieu de proposer une photo, point de départ, pour inspirer un texte, la donner en excipit.
J aime bien l idée de l excipit en photo
Et aussi voilà une photo d une statue de l artiste Philippe Ramette qui m a fait penser à ton récit
EVA AlixXXL- Humeur : Égale
Re: A. Une étrange histoire
Quel mystère ! et la photo qu'Eva a ajoutée m'a amusée.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Une étrange histoire
Tu as le sens de la narration et du suspens. J'aime beaucoup!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Une étrange histoire
Ah mais non! C'est pas possible! Tu ne peux pas nous laisser sur cette fin
Nononon! Je ne veux pas qu'elle parte au bras de cet homme qui pourrait être son père, c'est impossible!
C'est pas son mari, c'est le cheval statue qui s'est transformé en cavalier le temps de quelques soirées.
Le baron va les découvrir dans le jardin au moment ou la jeune fille monte sur le socle et se transforme en statue parce que la sorcière lui a jeté un sort!
Le baron va la retenir juste a temps et lui donner un baiser et elle ne se statufiera pas, ou alors, il va grimper avec elle sur le socle et tous les deux vont se transformer en statue, enlacés jusqu'à la fin des temps
La photo d'Eva est super!Nononon! Je ne veux pas qu'elle parte au bras de cet homme qui pourrait être son père, c'est impossible!
C'est pas son mari, c'est le cheval statue qui s'est transformé en cavalier le temps de quelques soirées.
Le baron va les découvrir dans le jardin au moment ou la jeune fille monte sur le socle et se transforme en statue parce que la sorcière lui a jeté un sort!
Le baron va la retenir juste a temps et lui donner un baiser et elle ne se statufiera pas, ou alors, il va grimper avec elle sur le socle et tous les deux vont se transformer en statue, enlacés jusqu'à la fin des temps
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
Re: A. Une étrange histoire
Excellent récit et très bonne idée pour la consigne !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Une étrange histoire
J'aime beaucoup cette histoire, mais, tout comme Cassy, ne pourrait-il pas y avoir une fin plus... joyeuse ?...
En tous cas, bravo pour l'imagination, Nerwen !
En tous cas, bravo pour l'imagination, Nerwen !
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A. Une étrange histoire
Un des plaisirs (un peu sadique)des auteurs de textes dans le registre du mystère ou de l'étrange est de laisser le lecteur sur sa faim pour qu'il fasse travailler son imagination et invente lui-même différentes pistes ou fins. C'est ce que Cassy a très bien fait. Je suis contente
Merci de vos commentaires
Merci de vos commentaires
Nerwen- Humeur : éveillée
Re: A. Une étrange histoire
Géniale ton histoire, j'aime la fin qui nous bascule dans le fantastique. Très bien racontée aussi.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A. Une étrange histoire
Un vrai conte admirablement bien écrit. Il serait intéressant d'en inventer une fin.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A. Une étrange histoire
L'amatrice de fantastique que je suis, apprécie tout particulièrement cette fin mystérieuse. Bravo
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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