A L'attente
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Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 503
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A L'attente
A partir de 8 h du soir les ombres envahissaient la maison. Cela aurait dû m’angoisser, moi qui ne supporte pas le noir et qui ne ferme pas les volets même pour dormir. Pourtant, malgré tout, c’était un moment d’espoir qui se présentait à nous sous la forme d’un jeune garçon.
En effet, à 8 h précises, nous l’entendions descendre l’escalier de la cave où nous étions retenues prisonnières, Océane et moi, depuis plusieurs jours. Bien sûr, il avait pour consigne de ne pas nous adresser la parole et surtout de ne pas répondre à nos questions. Il nous apportait le repas du soir, à vrai dire le seul de la journée et il devait repartir juste après. Mais on voyait bien qu’il en fallait peu pour qu’il nous parle. Après tout nous étions à peine plus âgées que lui. Nous finirions bien par savoir où nous étions et pourquoi nous avions été enlevées.
Après le repas, nous avions droit « au cinéma. ». En réalité c’était une séance d’ombres chinoises qui étaient projetées par un trou situé en haut d’un mur de notre cellule. On voyait une jeune femme, une danseuse plus exactement, dont les quatre membres étaient reliés à une ficelle, une marionnette en quelque sorte. Elle exécutait quelques pas de danse puis celui qui la maniait, tirait brutalement sur les ficelles comme pour la rappeler à l’ordre. La danse reprenait mais là, la danseuse sortait une paire de ciseaux de derrière son dos, taillait les ficelles et s’échappait.
Chaque soir, le même cinéma. Pourquoi ? Était-ce une façon de nous dire que si nous étions gentilles, obéissantes, nous pourrions recouvrer notre liberté ? Mystère.
Pendant la journée, nous discutions. Où pouvions nous être ? Le camion dans lequel nous avions été jetées les yeux bandés, pieds et mains liés, avait roulé longtemps, il était loin de chemin forestier où nous faisions régulièrement notre footing. On avait senti qu’il avait emprunté la grand route pendant un court moment, puis il avait pris un sentier caillouteux qui semblait monter fort.
Le jeune garçon avait fini par céder à nos demandes. Il s’appelait Tom et depuis que ses parents avaient dévissé en escaladant les Drus, il vivait avec son oncle qui le terrifiait. Nous nous trouvions dans le sous-sol d’un vieux chalet très difficile d’accès, perdu dans la vallée de Chamonix. Impossible de savoir ce que son oncle comptait faire de nous. Tom avait essayé de l’interroger à ce sujet. Mais l’oncle ne lui répondait pas et l’avait battu car il trouvait que Tom s’intéressait un peu trop à nous. Nous lui avons proposé de nous aider à nous enfuir lorsque son oncle descendait à la ville pour faire le plein de provisions, une fois par mois. Le pauvre garçon avait refusé, les larmes aux yeux :
- Mon oncle me tuera si je vous laisse partir. Je le connais, il s’est déjà débarrassé d’un touriste un peu trop curieux. J’ai été forcé de l’aider à creuser un trou pour l’enterres plus haut dans la forêt. Il sait très bien que vous ne pouvez partir que si je laisse la porte de la cave ouverte.
Un soir, nous n’avons ni eu droit au repas, ni à la séance de cinéma. Nous avons entendu un pas lourd descendre les escaliers, c’était l’oncle. Il a ouvert la porte, nous a regardé chacune longuement comme s’il nous soupesait. Il a tiré Océane par un bras. Celle-ci s’est mise à hurler. Et la porte s’est refermée me laissant seule avec mon angoisse.
Le lendemain soir, Tom est revenu. On voyait qu’il avait été battu. J’ai essayé de le questionner. Il est resté muet. Depuis j’attends
En effet, à 8 h précises, nous l’entendions descendre l’escalier de la cave où nous étions retenues prisonnières, Océane et moi, depuis plusieurs jours. Bien sûr, il avait pour consigne de ne pas nous adresser la parole et surtout de ne pas répondre à nos questions. Il nous apportait le repas du soir, à vrai dire le seul de la journée et il devait repartir juste après. Mais on voyait bien qu’il en fallait peu pour qu’il nous parle. Après tout nous étions à peine plus âgées que lui. Nous finirions bien par savoir où nous étions et pourquoi nous avions été enlevées.
Après le repas, nous avions droit « au cinéma. ». En réalité c’était une séance d’ombres chinoises qui étaient projetées par un trou situé en haut d’un mur de notre cellule. On voyait une jeune femme, une danseuse plus exactement, dont les quatre membres étaient reliés à une ficelle, une marionnette en quelque sorte. Elle exécutait quelques pas de danse puis celui qui la maniait, tirait brutalement sur les ficelles comme pour la rappeler à l’ordre. La danse reprenait mais là, la danseuse sortait une paire de ciseaux de derrière son dos, taillait les ficelles et s’échappait.
Chaque soir, le même cinéma. Pourquoi ? Était-ce une façon de nous dire que si nous étions gentilles, obéissantes, nous pourrions recouvrer notre liberté ? Mystère.
Pendant la journée, nous discutions. Où pouvions nous être ? Le camion dans lequel nous avions été jetées les yeux bandés, pieds et mains liés, avait roulé longtemps, il était loin de chemin forestier où nous faisions régulièrement notre footing. On avait senti qu’il avait emprunté la grand route pendant un court moment, puis il avait pris un sentier caillouteux qui semblait monter fort.
Le jeune garçon avait fini par céder à nos demandes. Il s’appelait Tom et depuis que ses parents avaient dévissé en escaladant les Drus, il vivait avec son oncle qui le terrifiait. Nous nous trouvions dans le sous-sol d’un vieux chalet très difficile d’accès, perdu dans la vallée de Chamonix. Impossible de savoir ce que son oncle comptait faire de nous. Tom avait essayé de l’interroger à ce sujet. Mais l’oncle ne lui répondait pas et l’avait battu car il trouvait que Tom s’intéressait un peu trop à nous. Nous lui avons proposé de nous aider à nous enfuir lorsque son oncle descendait à la ville pour faire le plein de provisions, une fois par mois. Le pauvre garçon avait refusé, les larmes aux yeux :
- Mon oncle me tuera si je vous laisse partir. Je le connais, il s’est déjà débarrassé d’un touriste un peu trop curieux. J’ai été forcé de l’aider à creuser un trou pour l’enterres plus haut dans la forêt. Il sait très bien que vous ne pouvez partir que si je laisse la porte de la cave ouverte.
Un soir, nous n’avons ni eu droit au repas, ni à la séance de cinéma. Nous avons entendu un pas lourd descendre les escaliers, c’était l’oncle. Il a ouvert la porte, nous a regardé chacune longuement comme s’il nous soupesait. Il a tiré Océane par un bras. Celle-ci s’est mise à hurler. Et la porte s’est refermée me laissant seule avec mon angoisse.
Le lendemain soir, Tom est revenu. On voyait qu’il avait été battu. J’ai essayé de le questionner. Il est resté muet. Depuis j’attends
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Ce sombre récit nous tient en haleine jusqu'au bout.
Bien construit, il porte ta signature mais rien à redire puisque tu as adopté ton style habituel.
Bien construit, il porte ta signature mais rien à redire puisque tu as adopté ton style habituel.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A L'attente
Mais non, mais non !
Moi pas faire comme habitude : je n'ai pas terminé l'histoire, j'attends .... que tu la termines
Moi pas faire comme habitude : je n'ai pas terminé l'histoire, j'attends .... que tu la termines
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Euh...Non! Moi mon style c'est plutôt :" Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants..."
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A L'attente
j'aime bien votre échange!
Et j'aime énormément ton texte Ataraxie!
Bien sûr, c'est sombre! mais la photo et l'incipit conduisaient à un texte de ce genre!
Et j'aime énormément ton texte Ataraxie!
Bien sûr, c'est sombre! mais la photo et l'incipit conduisaient à un texte de ce genre!
Coumarine
Re: A L'attente
Zephyrine!! Ataraxie!!! à quand la suite!??????!
Xavier Eblo- Humeur : besoin de calme et de grand air
Re: A L'attente
Zeph se dégonfle pourtant elle aurait pu terminer par ils vécurent heureux ...Elle bavarde beaucoup mais fait peu.
Je me demande si je ne vais pas annuler mon invitation à déjeuner.
Je me demande si je ne vais pas annuler mon invitation à déjeuner.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Voilà un texte réjouissant…
je veux dire comme je les aime… bien sombre et bien mystérieux à souhait…
en plus une contre-publicité sur la vallée de Chamonix !
Un régal !
Compliments sincères faits, je me permets une petite remarque sur le style :
attention à l'inflation du verbe avoir qui alourdit le texte.
(Je sais, je le fais aussi…)
C'est vite modifié à la relecture. Juste un exemple :
— on avait senti qu'il avait emprunté la grand-route(…) puis il avait pris un sentier…
— Il emprunta la grand-route, ce fut facile de le sentir, puis prit un sentier etc.
je veux dire comme je les aime… bien sombre et bien mystérieux à souhait…
en plus une contre-publicité sur la vallée de Chamonix !
Un régal !
Compliments sincères faits, je me permets une petite remarque sur le style :
attention à l'inflation du verbe avoir qui alourdit le texte.
(Je sais, je le fais aussi…)
C'est vite modifié à la relecture. Juste un exemple :
— on avait senti qu'il avait emprunté la grand-route(…) puis il avait pris un sentier…
— Il emprunta la grand-route, ce fut facile de le sentir, puis prit un sentier etc.
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A L'attente
@ Xavier...Figure toi que normalement, nous allons imaginer la suite autour d'un pot au feu concocté par Ataraxie.
Je m'attends au pire : quels morceaux aura t-elle choisis. Avec les récits dont elle nous régale, on peut tout imaginer!
Je m'attends au pire : quels morceaux aura t-elle choisis. Avec les récits dont elle nous régale, on peut tout imaginer!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A L'attente
@ Alain merci pour la remarque. J'en tiendrai compte. Mais je dois reconnaitre que cette fois ci je suis allée un peu trop vite voulant caser un texte entre mes 3 randonnées programmées cette semaine.
@Zeph, tu as raison de te méfier, je ne sais pas trop encore ce que je mettrai dans mon pot vendredi. Tout dépend si je trouve quelqu'un pour me prêter une scie circulaire, ma scie sauteuse n'étant pas assez robuste.
P.S : dans ma tête j'ai une suite à l'histoire du genre " amour, gloire et beauté "
@Zeph, tu as raison de te méfier, je ne sais pas trop encore ce que je mettrai dans mon pot vendredi. Tout dépend si je trouve quelqu'un pour me prêter une scie circulaire, ma scie sauteuse n'étant pas assez robuste.
P.S : dans ma tête j'ai une suite à l'histoire du genre " amour, gloire et beauté "
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
J'ai une autre fin pour ton histoire à partir du dernier paragraphe :
Un soir, nous n'avons ni eu droit au repas ni à la séance de cinéma. Nous avons entendu un pas lourd, mais alors là, pas lourd du tout : 75 kg pour 1m 85. C'était le prince charmant! Il nous a pris la main et nous a emmenées dans son château.
Tom est venu avec nous.
Le prince bigame nous a épousées , nous avons vécus heureux et nous avons eu beaucoup d'enfants!
Un soir, nous n'avons ni eu droit au repas ni à la séance de cinéma. Nous avons entendu un pas lourd, mais alors là, pas lourd du tout : 75 kg pour 1m 85. C'était le prince charmant! Il nous a pris la main et nous a emmenées dans son château.
Tom est venu avec nous.
Le prince bigame nous a épousées , nous avons vécus heureux et nous avons eu beaucoup d'enfants!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A L'attente
Vraiment pas terrible ton truc. Même avec un prince charmant, ça ne me charme pas.
Tu es prête à tout afin d'avoir un repas " normal "
Tu es prête à tout afin d'avoir un repas " normal "
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Pfff !Zephyrine a écrit:(...) nous avons vécus heureux et nous avons eu beaucoup d'enfants!
Mais comment pouvait-on terminer les contes avec cette phrase…
beaucoup d'enfants… ça veut dire la Princesse avec un gros ventre jusqu'à la ménopause ! Et tous ces chiards qui braillent à longueur de journée !
Et la poitrine au niveau du nombril à force d'allaitements…
et je n'ose même pas vous parler des vergetures…
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alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A L'attente
C'est pour ça que leurs histoires qui soit disant se terminent bien, sont en réalité de vrais cauchemars.
Je vois Alain, que tu m'as comprise. Leurs violons ... elles rêvent !
Si ça les aide à vivre ...
Je vois Alain, que tu m'as comprise. Leurs violons ... elles rêvent !
Si ça les aide à vivre ...
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Le merveilleux les amis, le merveilleux!
Moi qui suis une princesse qui s' ignore, je ne connais pas le mot "vergeture", ni "seins", ni "nombril".
Une bonne fée s' est penchée sur mon berceau et je suis parfaite.
Moi qui suis une princesse qui s' ignore, je ne connais pas le mot "vergeture", ni "seins", ni "nombril".
Une bonne fée s' est penchée sur mon berceau et je suis parfaite.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A L'attente
A Paris, les princesses qui s'ignorent sont enfermées à Saint Anne. En Belgique, je ne sais pas. En tous cas, leur enfermement a des failles puisqu'elles arrivent à se réfugier en Provence. Et là, c'est aux pauvres Français à canaliser leurs débordements.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Bravo pour ton texte, Ataraxie ! Mystérieux, inquiétant...
Et vos commentaires, je les ai lus avec délice et j'ai beaucoup ri !...
Et vos commentaires, je les ai lus avec délice et j'ai beaucoup ri !...
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A L'attente
Belle envolée imaginative sur cet incipit et ces,photos ;
L idée de l enlèvement fallait y penser
L idée de l enlèvement fallait y penser
EVA AlixXXL- Humeur : Égale
Re: A L'attente
Un texte bien noir comme il faut et une fin tout en suspense qui glace le lecteur d'effroi. J'ai bien aimé.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A L'attente
Joyeux échanges, pour un texte très "gloups", mais bon j'aimerais bien une fin moi
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A L'attente
Tu veux une fin, Marine ? J'essayerai demain d'en écrire une ... qui finit bien pour plaire à certaines d'entre vous. Je ferai un effort de gentillesse
Ataraxie- Humeur : Changeante
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A L'attente
J'ai dit que je ferai un effort mais un effort à ma façon.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A L'attente
Je rejoins Alainx dans son premier commentaire. Parfois dans un récit, le passé simple est plus adéquat que le passé composé. Il donne une force que le passé composé n'a pas car plus "monotone".
C'est un récit très fort, glaçant, qui rappelle des affaires d'enlèvement d'enfants (je pense aux 2 petites belges Julie et Melissa) et donc marque les parents que nous sommes.
Très bien développé, ce récit tient en haleine jusqu'à la fin ouverte (j'aime les fins ouvertes)
Je rajoute 2 petits conseils:
- Correction de cette faute de frappe: l’enterres qui pique les yeux
- Forme du texte: sauter une ligne entre les paragraphe et "justifier ton texte"
C'est un récit très fort, glaçant, qui rappelle des affaires d'enlèvement d'enfants (je pense aux 2 petites belges Julie et Melissa) et donc marque les parents que nous sommes.
Très bien développé, ce récit tient en haleine jusqu'à la fin ouverte (j'aime les fins ouvertes)
Je rajoute 2 petits conseils:
- Correction de cette faute de frappe: l’enterres qui pique les yeux
- Forme du texte: sauter une ligne entre les paragraphe et "justifier ton texte"
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
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