A - Conférence

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

Je me permets de me présenter, Cunégonde Langdevipaire, conférencière compulsive sur tout et rien (large sourire de la conférencière à l'attention de son auditoire).

Aujourd'hui, le thème de notre petite causerie portera sur la beauté.

Vaste sujet, s'il en est !

Ma très chère grand-mère, paix à son âme, disait souvent en me regardant fixement « Ma petite chérie, la beauté ne se mange pas en salade ! ». Ce curieux adage m'a accompagné durant toute mon adolescence, je ne pouvais m'empêcher, lorsque je broutais une feuille de salade à la cantine de la tourner dans tous les sens et de la comparer à mes condisciples les plus appréciées par la gent masculine. J'avoue qu'après deux fois vingt ans à me pencher sur cette question je n'ai toujours pas trouvé la réponse, mais je dévie, je dévie.

Reprenons si vous le voulez bien. Qu'est ce que la beauté ? Eternelle question qui n'a cessée d'évoluer au fil du temps.

Mais comme vous le savez des goûts comme des couleurs il est difficile de se faire une opinion très tranchée.

Je vous invite donc à me suivre dans les escaliers de l'évolution, je vous rassure mon temps et le vôtre étant mesuré, je ne vais gravir les marches quatre à quatre. (Petit rire nerveux de la conférencière)

L'un de mes maîtres à penser au langage fleuri, Séraphin Limier insistait bien sur le fait qu'il valait mieux avoir près de soi un pote âgé moche mais fidèle en amitié, qu'une vénus fessue, le terme technique étant callipyge pour ceux que cela intéresserait, mais volage. Ceci étant je pense qu'il est plus agréable d'être assis sur un arrière-train dodu que sur des ischions comme des os de poulet bien rongés. (La conférencière se dandine sur son siège)

Bref, excusez cette nouvelle digression et reprenons.

Ainsi dans les temps préhistoriques, pour se protéger des intempéries et avant que le manteau en fourrure ne soit inventé, mieux valait être bien poilu. Nul doute que les femmes à barbe devaient être fort prisées à l'époque alors que maintenant, le moindre duvet naissant au-dessus d'une lèvre féminine est conspué ! (La conférencière se palpe discrètement le menton)

Concernant le poil, il n'a pas cessé le bougre de changer au fil des temps, passant du court au long, du brun au blond, le roux étant tantôt porte-malheur ou beauté suprême, il devait être raide ou bouclé, caché ou non, comment voulez-vous y retrouver ! Le mieux je pense est de se raser la tête et d'adopter la dernière perruque dans l'air du temps, de plus il y a ainsi moins de risque que des locataires indésirables viennent s'inviter. (La conférencière se gratte la tête et remet en place son chignon)

Pour ce qui est du physique de ces messieurs, la beauté passe en règle générale par un corps d'athlète, le V est très apprécié actuellement par les dames à la différence du O Chronenbourg. (d'un geste la conférencière essaye de calmer une partie de son auditoire), mais sachez messieurs que vos traits burinés et vos tempes blanchissantes font également largement partie de votre charme. De plus à certaines périodes de l'histoire l'homme trapu ou le ventripotent étaient aussi bien vu, dénotant soit une belle force physique capable de tracter la charrue, ou une aisance financière de bon aloi. Bref, comme les papes vous pouviez être courts ou longs selon les époques.

Quant à nous, Mesdames et Mesdemoiselles, notre corps en a vu des vertes et des pas mûres ! Les hanches larges synonymes de bonne poulinière ont été à l'honneur, ainsi que les poitrines voluptueuses, certains peintres ont même mis en valeur les gracieux replis de cellulite des cuisses et des fesses, heureux temps. (Soupir envieux de la conférencière)

Hélas, de grands malades ont aussi décidé qu'une taille pouvant être tenue entre deux mains étaient de plus grand chic et tant pis si les organes internes se flanquaient des coups de pied pour se faire leur place au soleil. La période efflanquée a été aussi un dur moment à passer. Notre teint devait être de lait, puis joliment hâlé voire cuivré mélanome. Et malheureusement à la différence de vous Messieurs, nos rides ne nous mettent pas forcément en valeur. Mais comme le disait la grande Agatha Christie «  Faites comme moi, épousez un archéologue. C'est le seul homme qui vous regardera avec de plus en plus d'intérêt à mesure que passeront les années », le problème étant que l'archéologue est une denrée rare (Nouveau soupir de la conférencière).

Voilà, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, un premier aperçu de la beauté, beauté qui bien sûr va nous amener sur les traces de la mode, mais ceci fera l'objet d'une autre conférence que je vous engage vivement à suivre.

Avant de passer aux rituelles questions–réponses, je me permets de vous rappeler que quelques-uns de mes ouvrages sont en vente à la sortie. Notamment "Conduite et sexisme" "Travailler pour quoi faire" "L’art de la sieste les yeux ouverts" "Hommes politiques, à quoi servent-ils" et bien évidemment le best-seller écrit conjointement avec quelques amis "Psychosociologie de comptoir".