A. Tombassi
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A. Tombassi
Dans le village de Tambassi les jours paisibles avaient disparu.
Les guerres tribales qui sévissaient à des kilomètres de là, avaient drainé tous les hommes en âge d’y participer. Il ne restait plus que les femmes, quelques vieillards et des enfants... Quelques chèvres faméliques complétaient les ressources des rares cultures disputées au soleil et à la sécheresse. La vie suivait son cours tant bien que mal.
Mais depuis quelques temps, un nouveau motif d’inquiétude qui affolait le cœur des femmes avait surgi : quelques enfants avaient soudain disparu. On n’avait relevé aucune trace pouvant indiquer l’attaque de bêtes sauvages, ils s’étaient comme volatilisés.
Tambassi était un petit garçon courageux, curieux et hardi. Comme il ne croyait pas sa mère qui prétendait que ses copains avaient été emportés par le Méchant M’guélé, et que cela lui arriverait bientôt s’il s’écartait du village, il décida de mener son enquête.
Un matin, très tôt, alors que le village dormait encore, il s’aventura dans la savane. Il était persuadé de retrouver ses amis. Il alla plus loin que là où toutes les recherches des villageois étaient allées et il découvrit, dans le sable, des traces de pneus ! Il en conclut que les enfants disparus avaient été enlevés, non par le Méchant M’guélé, mais bien par des trafiquants qui les revendraient aux seigneurs de la guerre qui en feraient des enfants soldats.
Tambassi suivit les traces, elles le conduisirent à une espèce de campement rudimentaire, installé sous le couvert de maigres acacias. L’endroit était désert. Un peu à l’écart une tente attira son attention. A l’intérieur quelqu’un marmonnait une incantation enfantine entrecoupée de reniflements étouffés. Les enfants étaient là !
Tambassi décida d’attendre la nuit pour tenter quelque chose. Seul, c’était périlleux, il ne devait pas se faire capturer à son tour. Il lui faudrait de l’aide. Et ça, il savait où la trouver. Car Tambassi avait des secrets !
A l’insu de tous, il était devenu familier d’un groupe de hyènes qui vivait dans la savane. C’était arrivé par hasard : un jour le petit de Demmbayal, la femelle dominante, était tombé dans le marigot, et n’arrivait plus à remonter les berges glissantes. Tambassi s’était allongé sur le bord, et à l’aide d’un bâton avait réussi à soutenir l’animal pour qu’il parvienne à s’extraire de la boue. La mère s’était approchée et avait posé sur Tambassi un regard jaune d’où toute agressivité avait disparu.
Depuis ce jour, l’enfant rejoignait quelquefois le groupe de hyènes, s’amusant à imiter leur drôle de démarche disgracieuse. Il n’avait jamais parlé de cette amitié extraordinaire car les hyènes avaient mauvaise réputation auprès des villageois. Mais l’enfant constatait, jour après jours, qu’il était possible de tisser des liens avec ces animaux redoutables, capables de broyer d’un coup de mâchoire, un os de zèbre, d’hippopotame ou même d’éléphant.
Le soir venu, il retourna au camp des trafiquants accompagné de trois des animaux les plus familiers avec lui. Des trafiquants : pas de traces. Tombassi supposa qu’ils dormaient dans la seconde tente qu’il distinguait dans l’obscurité. Il s’approcha de celle où ses camarades étaient enfermés et, silencieusement, à l’aide de son couteau de chasse dont il ne se séparait jamais, il fendit la toile de haut en bas !
Les petits prisonniers ne purent s’empêcher de pousser des exclamations de surprise et de soulagement. Cris qui suffirent à faire surgir les trafiquants, bien décidés à défendre leur butin. Mais à le vue de trois hyènes menaçantes, les babines retroussées sur leurs terribles crocs, et la crinière hérissée le long de l’encolure, ils s’arrêtèrent net. « Courez ! » cria Tambassi aux enfants, « courez ! »
Les trafiquants aussi se mirent à courir, mais dans la direction opposée car deux des hyènes les avaient pris en chasse, ils disparurent dans la nuit.
Tambassi resta seul avec Demmbayal. Il s’approcha doucement : « Merci ! » dit-il, merci de ton aide…» Il osa même avancer la main et glisser ses doigts dans la crinière rêche et peu engageante de la hyène. Elle fit entendre une sorte de vocalise qui ressemblait à un rire…
Le lendemain matin, au lever du jour, dans la rue du village, une joyeuse galopade fit battre le cœur des mères…
Je me suis posé la question qui vous est sûrement venue à l’esprit à la lecture du texte : doit-on dire l’hyène ou la hyène ? Autrefois, on disait « l’hyène » sans h aspiré , mais aujourd’hui, les deux formes sont admises par le Trésor de la langue française informatisé et le Petit Robert, alors, je préfère la seconde
Les guerres tribales qui sévissaient à des kilomètres de là, avaient drainé tous les hommes en âge d’y participer. Il ne restait plus que les femmes, quelques vieillards et des enfants... Quelques chèvres faméliques complétaient les ressources des rares cultures disputées au soleil et à la sécheresse. La vie suivait son cours tant bien que mal.
Mais depuis quelques temps, un nouveau motif d’inquiétude qui affolait le cœur des femmes avait surgi : quelques enfants avaient soudain disparu. On n’avait relevé aucune trace pouvant indiquer l’attaque de bêtes sauvages, ils s’étaient comme volatilisés.
Tambassi était un petit garçon courageux, curieux et hardi. Comme il ne croyait pas sa mère qui prétendait que ses copains avaient été emportés par le Méchant M’guélé, et que cela lui arriverait bientôt s’il s’écartait du village, il décida de mener son enquête.
Un matin, très tôt, alors que le village dormait encore, il s’aventura dans la savane. Il était persuadé de retrouver ses amis. Il alla plus loin que là où toutes les recherches des villageois étaient allées et il découvrit, dans le sable, des traces de pneus ! Il en conclut que les enfants disparus avaient été enlevés, non par le Méchant M’guélé, mais bien par des trafiquants qui les revendraient aux seigneurs de la guerre qui en feraient des enfants soldats.
Tambassi suivit les traces, elles le conduisirent à une espèce de campement rudimentaire, installé sous le couvert de maigres acacias. L’endroit était désert. Un peu à l’écart une tente attira son attention. A l’intérieur quelqu’un marmonnait une incantation enfantine entrecoupée de reniflements étouffés. Les enfants étaient là !
Tambassi décida d’attendre la nuit pour tenter quelque chose. Seul, c’était périlleux, il ne devait pas se faire capturer à son tour. Il lui faudrait de l’aide. Et ça, il savait où la trouver. Car Tambassi avait des secrets !
A l’insu de tous, il était devenu familier d’un groupe de hyènes qui vivait dans la savane. C’était arrivé par hasard : un jour le petit de Demmbayal, la femelle dominante, était tombé dans le marigot, et n’arrivait plus à remonter les berges glissantes. Tambassi s’était allongé sur le bord, et à l’aide d’un bâton avait réussi à soutenir l’animal pour qu’il parvienne à s’extraire de la boue. La mère s’était approchée et avait posé sur Tambassi un regard jaune d’où toute agressivité avait disparu.
Depuis ce jour, l’enfant rejoignait quelquefois le groupe de hyènes, s’amusant à imiter leur drôle de démarche disgracieuse. Il n’avait jamais parlé de cette amitié extraordinaire car les hyènes avaient mauvaise réputation auprès des villageois. Mais l’enfant constatait, jour après jours, qu’il était possible de tisser des liens avec ces animaux redoutables, capables de broyer d’un coup de mâchoire, un os de zèbre, d’hippopotame ou même d’éléphant.
Le soir venu, il retourna au camp des trafiquants accompagné de trois des animaux les plus familiers avec lui. Des trafiquants : pas de traces. Tombassi supposa qu’ils dormaient dans la seconde tente qu’il distinguait dans l’obscurité. Il s’approcha de celle où ses camarades étaient enfermés et, silencieusement, à l’aide de son couteau de chasse dont il ne se séparait jamais, il fendit la toile de haut en bas !
Les petits prisonniers ne purent s’empêcher de pousser des exclamations de surprise et de soulagement. Cris qui suffirent à faire surgir les trafiquants, bien décidés à défendre leur butin. Mais à le vue de trois hyènes menaçantes, les babines retroussées sur leurs terribles crocs, et la crinière hérissée le long de l’encolure, ils s’arrêtèrent net. « Courez ! » cria Tambassi aux enfants, « courez ! »
Les trafiquants aussi se mirent à courir, mais dans la direction opposée car deux des hyènes les avaient pris en chasse, ils disparurent dans la nuit.
Tambassi resta seul avec Demmbayal. Il s’approcha doucement : « Merci ! » dit-il, merci de ton aide…» Il osa même avancer la main et glisser ses doigts dans la crinière rêche et peu engageante de la hyène. Elle fit entendre une sorte de vocalise qui ressemblait à un rire…
Le lendemain matin, au lever du jour, dans la rue du village, une joyeuse galopade fit battre le cœur des mères…
Je me suis posé la question qui vous est sûrement venue à l’esprit à la lecture du texte : doit-on dire l’hyène ou la hyène ? Autrefois, on disait « l’hyène » sans h aspiré , mais aujourd’hui, les deux formes sont admises par le Trésor de la langue française informatisé et le Petit Robert, alors, je préfère la seconde
Nerwen- Humeur : éveillée
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