A. Alice et Athalie

C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit…
j'ai cru que j'allais prendre racine au fond de cette forêt emplie de bruits sinistres et d'ombres maléfiques.

Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée…


— Maman ! Qu'est-ce que tu fous là ? Que je lui ai dit, tu vois pas que je suis avec mon copain Joad ? On a décidé de se faire peur en forêt, parce que ça nous excite niveau sexuel, si tu vois ce que je veux dire.
Alors j'espère que tu vas pas prendre Racine et nous lâcher la grappe !

— Je te plains de tomber dans des mains redoutables, ma fille

Qu'est-ce qu'elle raconte encore, la vieille, que je me suis dit en mon moi-même, tout en serrant plus fort la cuisse de Joad qui me faisait de plus en plus penser à celle de Jupiter.

Il y avait cependant quelque chose qui clochait. On était tout juste à l'acte II scène 5, alors que normalement tout était terminé depuis longtemps. Et même que cela faisait plus de trois siècles. C'est dire si le temps passe.

J'ai dit à ma mère qu'elle ferait mieux de rentrer dans son époque, qu'elle n'avait plus rien à faire ici et qu'on n'allait pas éternellement rejouer la même pièce.

— Tremble m'a-t-elle dit, fille digne de moi

C'est à ce moment-là que je me suis réveillée. J'étais en classe de seconde, avec Madame Ripolin, la prof de français la plus pénible que j'ai eue, qui lisait à haute voix le songe d'Athalie.
Enfin, j'ai cru que je me réveillais. Car en réalité je n'ai pas tardé à découvrir  que j'étais somnambule, debout sur le lit de ma mère, laquelle me secouait  comme un prunier pour tenter de me réveiller
Et moi je lui tendais les mains pour l'embrasser

Jamais je n'oublierai ce souvenir. Sans cette merveilleuse nuit somnambule, je n'aurais pas découvert ma vocation et ne serais devenue la grande Alice Sapritch et le monde n'aurait pas connu l'immense tragédienne que je fus…

Je m'incline bien bas.
Je me demandais où tu allais nous emmener.
Généralement, je n'aime pas que l'on me parle de rêves pour donner une explication, c'est trop facile mais ici, je rends les armes.

Un texte atypique dont tu as le secret, il semble qu'Athalie t'ait marqué...

Moi aussi, je me demandais où tu nous emmenais !

Quelle imagination, cher Alain ! J'adore.

Alice t'a donc fait rêver ?

ça, c'est un beau rêve

Bien imaginé cette journée particulière. ..

Voilà une nuit très particulière qui nous fait rêver en entrant dans une pièce de théatre jusqu'au réveil brutal avec Alice au pays de Sapricht... Quelle imagination.

Bien déjanté comme d'habitude ! N'empêche qu'elle est drôlement belle sur cette photo Alice !