A; Le hasard fait-il bien les choses ?
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A; Le hasard fait-il bien les choses ?
50 HP
Le hasard fait-il bien les choses ?.
Il lui en avait fallu de la patience à Antoine ! Hier soir encore, il s’était endormi sur les comptes. Les finances n’étaient pas au beau fixe et l’autre qui n’arrêtait pas de le harceler ! Il n’en pouvait plus, pas étonnante cette colère débridée.
Maintenant, dans ce paysage désolé, il marchait à grands pas traînant son caddy en guise de valise. Il se sentait ridicule avec ses trois misérables chemises, son pantalon et quelques sous-vêtements enfournés n'importe comment dans ce truc là. Il faut dire qu'il n'avait pas réfléchi, il avait juste pris à la hâte ce qui lui était tombé sous la main. Il s'était contenté de saisir son linge entassé dans le séjour, attendant un très hypothétique coup de fer. Il n'avait pas voulu pénétrer plus avant dans la petite maison de la rue de l'Abayette. Il en avait assez vu, assez fait. Il ne songeait qu'à partir, fuir ces lieux qu'il avait toujours détestés.
Il marchait le corps penché en avant. Il n'entendait rien. Il ne voyait rien de ce qui l'entourait. Pourtant, si son regard n'avait pas été tout intérieur, il aurait pu admirer ces arbres qui, quoique dépouillés, n'en étaient pas moins magnifiques. D'ordinaire, il était sensible à la beauté de la nature. N'était-il pas un aquarelliste reconnu dans la région ? Mais désormais, il était obligé de tourner définitivement la page...
Il fonçait. Vers où ? Vers quel avenir ? Surtout ne plus penser à elle, ne plus la voir grimaçante, allongée là-bas dans sa cuisine ! Il n'avait plus qu'une obsession : qu'on ne le retrouve jamais !
Essoufflé, il s'arrêta quelques instants au bord de l'eau, histoire de calmer son cœur en déroute et de prendre enfin une décision. Que faire ? Disparaître au plus vite. De ça, au moins, il en était sûr, il ne reviendrait pas. Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste. Ouf ! Il avait encore beaucoup d'argent liquide. Carole s'était toujours moquée de ce qu'elle appelait ses manies, son refus d'avoir une carte bancaire, son rejet de téléphone portable. Elle ne comprenait pas son goût du mystère, sa volonté de ne pas laisser de traces. C'était sa liberté à lui. De toute façon, Carolea ne l'avait jamais compris, elle le considérait comme un minable, préférant barbouiller des toiles qui ne rapportaient pas un sou plutôt que d'obtenir le poste auquel ses nombreux diplômes lui donnaient accès.
Il décida de continuer à pied en direction d' Arras; trois kilomètres ce n'était rien. Il avait l'habitude des grandes randonnées en solitaire (Carole ne l'accompagnait jamais, elle ne concevait pas la vie sans talons hauts ! ) Il prendrait le train.
Une fois parvenu à la gare d'Arras, il alla consulter les horaires. Il restait indécis quant à la direction à prendre De toute manière, il fallait attendre. Il en profita pour acheter quelques vêtements indispensables et un sac de voyage passe partout avant de se défaire de son caddy trop encombrant. . Il l'abandonna pas très loin de la gare, sous une porte cochère de la rue de Justice. Ce nom le fit sourire malgré lui.
Pourtant, une fois dans le hall de la gare, il fut pris d'angoisse. L' avenir lui faisait peur et il ne pouvait détacher son esprit de ce qui s'était passé à Anzin.
Le hasard fait-il bien les choses ? Ce matin, il y avait vraiment cru au moment du rendez-vous avec un responsable d'une importante galerie qui lui proposait une exposition de ses aquarelles. La chance allait-elle enfin lui sourire ? Pourrait-il abandonner sa place de subalterne dans une petite compagnie d'assurances locale ? Il pensait en avoir environ pour une heure. Après, il se rendrait directement à son bureau. Son entre-vue terminée, il s'aperçut qu'il avait oublié un document indispensable pour son travail. Il retourna le chercher chez lui. Il savait qu'il trouverait Carole traînant dans sa tenue « tue-l'amour » : longue chemise de nuit à fleurettes bleues et robe de chambre assortie. Quand il mit la clé dans la porte d'entrée, sa femme ne l'entendit pas, elle chantait ! Elle qui était toujours muette en sa présence ! Et elle ne chantait pas n'importe quoi : d'un ton très vulgaire, elle hurlait du fond de la cuisine « j'attendrai le jour et la nuit, j'attendrai toujours ton retour ... » ! Effaré, il pénétra dans la pièce. Il n'en crut pas ses yeux : Carole essuyait la vaisselle en petite nuisette rouge transparente, culotte froufroutante et chaussée d'escarpins écarlates dont les talons étaient d'une hauteur défiant toute concurrence.
Antoine ! C'est toi ?
Tu attendais quelqu'un d'autre ? C'est quoi cet accoutrement de pute ?
Et la dispute éclata. Il ne supportait pas qu'elle se moque de lui. Visiblement, elle le méprisait. Il ne lui faisait pas peur. Alors, il avait commencé à la gifler, ce qui ne l'avait nullement désarçonnée, elle ne s'en était montrée que plus arrogante. Lui, perdait ses moyens. Elle dominait nettement la situation. Chacune de ses paroles le touchait. N'en pouvant plus, il décida de la quitter. Il ne remettrait plus les pieds dans cette maison. Tenant toujours son torchon, les mains sur les hanches, les jambes écartées, elle le narguait lui barrant le passage. Hors de lui, il la bouscula brutalement. Elle tomba face contre terre, heurtant dans sa chute un coin du coffre où elle rangeait le linge de table.
Submergé par la haine, Antoine la laissa là, inconsciente, du sang s'écoulant de son nez. Une large tache souillait le carrelage blanc.
Recouvrant ses esprits, se forçant à ne plus repenser à la scène, il se dirigea vers les guichets, il acheta un billet pour Calais. Là-bas, il prendrait le ferry. Au Pays de Galle, il avait un ami sûr qui n'hésiterait pas à l'accueillir dans sa ferme. . À Calais, il allait régler le montant de la traversée quand, il fut pris d'un doute : avait-il son passeport ? Non ! Tant pis, il lui faudrait prendre le dernier ferry du soir. Mais il avait largement le temps d’aller chercher le passeport. A la maison, personne n'avait dû trouver Carole... elle n'avait aucune amie et sa famille vivait dans le Rouergue. Il était tranquille.
Il pénétra au 8 rue de l'Abayette, se dirigea vers son bureau. La porte de la cuisine était restée grande-ouverte.
« Le jour et la nuit ... j'attendrai ton retour . »
Carole, un pansement sur le nez, un œil au beurre noir, repassait le pyjama d'Antoine.
Le hasard fait-il bien les choses ?.
Il lui en avait fallu de la patience à Antoine ! Hier soir encore, il s’était endormi sur les comptes. Les finances n’étaient pas au beau fixe et l’autre qui n’arrêtait pas de le harceler ! Il n’en pouvait plus, pas étonnante cette colère débridée.
Maintenant, dans ce paysage désolé, il marchait à grands pas traînant son caddy en guise de valise. Il se sentait ridicule avec ses trois misérables chemises, son pantalon et quelques sous-vêtements enfournés n'importe comment dans ce truc là. Il faut dire qu'il n'avait pas réfléchi, il avait juste pris à la hâte ce qui lui était tombé sous la main. Il s'était contenté de saisir son linge entassé dans le séjour, attendant un très hypothétique coup de fer. Il n'avait pas voulu pénétrer plus avant dans la petite maison de la rue de l'Abayette. Il en avait assez vu, assez fait. Il ne songeait qu'à partir, fuir ces lieux qu'il avait toujours détestés.
Il marchait le corps penché en avant. Il n'entendait rien. Il ne voyait rien de ce qui l'entourait. Pourtant, si son regard n'avait pas été tout intérieur, il aurait pu admirer ces arbres qui, quoique dépouillés, n'en étaient pas moins magnifiques. D'ordinaire, il était sensible à la beauté de la nature. N'était-il pas un aquarelliste reconnu dans la région ? Mais désormais, il était obligé de tourner définitivement la page...
Il fonçait. Vers où ? Vers quel avenir ? Surtout ne plus penser à elle, ne plus la voir grimaçante, allongée là-bas dans sa cuisine ! Il n'avait plus qu'une obsession : qu'on ne le retrouve jamais !
Essoufflé, il s'arrêta quelques instants au bord de l'eau, histoire de calmer son cœur en déroute et de prendre enfin une décision. Que faire ? Disparaître au plus vite. De ça, au moins, il en était sûr, il ne reviendrait pas. Il fouilla dans la poche intérieure de sa veste. Ouf ! Il avait encore beaucoup d'argent liquide. Carole s'était toujours moquée de ce qu'elle appelait ses manies, son refus d'avoir une carte bancaire, son rejet de téléphone portable. Elle ne comprenait pas son goût du mystère, sa volonté de ne pas laisser de traces. C'était sa liberté à lui. De toute façon, Carolea ne l'avait jamais compris, elle le considérait comme un minable, préférant barbouiller des toiles qui ne rapportaient pas un sou plutôt que d'obtenir le poste auquel ses nombreux diplômes lui donnaient accès.
Il décida de continuer à pied en direction d' Arras; trois kilomètres ce n'était rien. Il avait l'habitude des grandes randonnées en solitaire (Carole ne l'accompagnait jamais, elle ne concevait pas la vie sans talons hauts ! ) Il prendrait le train.
Une fois parvenu à la gare d'Arras, il alla consulter les horaires. Il restait indécis quant à la direction à prendre De toute manière, il fallait attendre. Il en profita pour acheter quelques vêtements indispensables et un sac de voyage passe partout avant de se défaire de son caddy trop encombrant. . Il l'abandonna pas très loin de la gare, sous une porte cochère de la rue de Justice. Ce nom le fit sourire malgré lui.
Pourtant, une fois dans le hall de la gare, il fut pris d'angoisse. L' avenir lui faisait peur et il ne pouvait détacher son esprit de ce qui s'était passé à Anzin.
Le hasard fait-il bien les choses ? Ce matin, il y avait vraiment cru au moment du rendez-vous avec un responsable d'une importante galerie qui lui proposait une exposition de ses aquarelles. La chance allait-elle enfin lui sourire ? Pourrait-il abandonner sa place de subalterne dans une petite compagnie d'assurances locale ? Il pensait en avoir environ pour une heure. Après, il se rendrait directement à son bureau. Son entre-vue terminée, il s'aperçut qu'il avait oublié un document indispensable pour son travail. Il retourna le chercher chez lui. Il savait qu'il trouverait Carole traînant dans sa tenue « tue-l'amour » : longue chemise de nuit à fleurettes bleues et robe de chambre assortie. Quand il mit la clé dans la porte d'entrée, sa femme ne l'entendit pas, elle chantait ! Elle qui était toujours muette en sa présence ! Et elle ne chantait pas n'importe quoi : d'un ton très vulgaire, elle hurlait du fond de la cuisine « j'attendrai le jour et la nuit, j'attendrai toujours ton retour ... » ! Effaré, il pénétra dans la pièce. Il n'en crut pas ses yeux : Carole essuyait la vaisselle en petite nuisette rouge transparente, culotte froufroutante et chaussée d'escarpins écarlates dont les talons étaient d'une hauteur défiant toute concurrence.
Antoine ! C'est toi ?
Tu attendais quelqu'un d'autre ? C'est quoi cet accoutrement de pute ?
Et la dispute éclata. Il ne supportait pas qu'elle se moque de lui. Visiblement, elle le méprisait. Il ne lui faisait pas peur. Alors, il avait commencé à la gifler, ce qui ne l'avait nullement désarçonnée, elle ne s'en était montrée que plus arrogante. Lui, perdait ses moyens. Elle dominait nettement la situation. Chacune de ses paroles le touchait. N'en pouvant plus, il décida de la quitter. Il ne remettrait plus les pieds dans cette maison. Tenant toujours son torchon, les mains sur les hanches, les jambes écartées, elle le narguait lui barrant le passage. Hors de lui, il la bouscula brutalement. Elle tomba face contre terre, heurtant dans sa chute un coin du coffre où elle rangeait le linge de table.
Submergé par la haine, Antoine la laissa là, inconsciente, du sang s'écoulant de son nez. Une large tache souillait le carrelage blanc.
Recouvrant ses esprits, se forçant à ne plus repenser à la scène, il se dirigea vers les guichets, il acheta un billet pour Calais. Là-bas, il prendrait le ferry. Au Pays de Galle, il avait un ami sûr qui n'hésiterait pas à l'accueillir dans sa ferme. . À Calais, il allait régler le montant de la traversée quand, il fut pris d'un doute : avait-il son passeport ? Non ! Tant pis, il lui faudrait prendre le dernier ferry du soir. Mais il avait largement le temps d’aller chercher le passeport. A la maison, personne n'avait dû trouver Carole... elle n'avait aucune amie et sa famille vivait dans le Rouergue. Il était tranquille.
Il pénétra au 8 rue de l'Abayette, se dirigea vers son bureau. La porte de la cuisine était restée grande-ouverte.
« Le jour et la nuit ... j'attendrai ton retour . »
Carole, un pansement sur le nez, un œil au beurre noir, repassait le pyjama d'Antoine.
Ataraxie- Humeur : Changeante
RE/ A Le hasard fait'il bien les choses ?
Ouf,pour Antoine,j aime les histoires qui se terminent bien.
automne- Humeur : égale
Re: A; Le hasard fait-il bien les choses ?
Une vraie nouvelle policière. ..
J'ai bien cru le pire arrivé pour tes héros. ...et je ne me suis pas endormie avant la fin!
J'ai bien cru le pire arrivé pour tes héros. ...et je ne me suis pas endormie avant la fin!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A; Le hasard fait-il bien les choses ?
50 HP ????? Tu m'expliques ?
Cette nouvelle, car il s'agit bien d'une nouvelle m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Et pourtant il y a un peu de tout là-dedans : la frustration de l'aquarelliste, la haine du tueur, les détails d'une vie bien trop plate.
On dirait que ton cerveau bouillonne d'idées au fur et à mesure que tu écris, ça fait un peu fourre-tout mais on se régale quand même !
Cette nouvelle, car il s'agit bien d'une nouvelle m'a tenu en haleine jusqu'au bout.
Et pourtant il y a un peu de tout là-dedans : la frustration de l'aquarelliste, la haine du tueur, les détails d'une vie bien trop plate.
On dirait que ton cerveau bouillonne d'idées au fur et à mesure que tu écris, ça fait un peu fourre-tout mais on se régale quand même !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A; Le hasard fait-il bien les choses ?
Je n'arrive pas à savoir ce qu'il y a au fond de mon cerveau. Je creuse, creuse et trouve encore des choses.
Parfois on se regardent yeux dans les yeux et je n'arrive pas à le reconnaître. Quel est cet étranger qui a le culot de se dire de ma famille ?
Parfois on se regardent yeux dans les yeux et je n'arrive pas à le reconnaître. Quel est cet étranger qui a le culot de se dire de ma famille ?
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A; Le hasard fait-il bien les choses ?
Que voilà une excellente nouvelle digne d'une anthologie.
Tu tiens le lecteur en haleine. À chaque paragraphe on se demande : mais où nous emmène-t-elle ? Des hypothèses nous passent par la tête…
et puis… la chute : elle est là à faire son repassage !
Excellent !
Tu tiens le lecteur en haleine. À chaque paragraphe on se demande : mais où nous emmène-t-elle ? Des hypothèses nous passent par la tête…
et puis… la chute : elle est là à faire son repassage !
Excellent !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A; Le hasard fait-il bien les choses ?
Ce n'est pas un texte, c'est un tour de montagnes russes !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A; Le hasard fait-il bien les choses ?
Que voilà une histoire pleine de rebondissements psychologiques, avec une fin totalement inattendue!!
MESANGE- Humeur : colorée
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