A - La Chaise du Diable

Contradiction oblige, par canicule persistante,  je rêve de neige  …  D’abord, tout éveillé, puis comme Man, couché à mes pieds, la télévision ayant exceptionnellement fermé son clapet, le sommeil me gagne.  Mais comme c’est curieux ! Les doigts continuent à courir sur le clavier. Par quelles muse sont-ils mus ?  Tant qu’il me reste un soupçon de raison, j’imagine  …

J’imagine que derrière l’automatisme de mes doigts, une fée, agitant à distance sa baguette magique, sans modération,  m’embarque pour  cueillir les fleurs de Cythère du côté de Saint-Aulaire. Dans la brume qui gagne mon cerveau, je distingue une silhouette féminine. Est-ce Ataraxie, Zéphyrine, Amanda ou Nerwen. Peut-être Cassy ? A moins que dédaignant le menu fretin, elle n’ait délégué leur pouvoir à Mésange ou Plumentête …

Qui que tu sois, Dame Fée,  je remets entre tes mains ma destinée.    

Au crépuscule, je m’enfonce dans un chemin creux  de la forêt caussenarde. Bordé de murs construits à pierres  sèches, l’allée  m’emmène je ne sais où. Qu’importe ? Ici ou ailleurs, pourvu  qu’au bout, il y  ait   l’enchantement …

Non ! S’il vous plaît, belle Dame, pas les grottes de Rocamadour, le loup y est peut-être encore et vous ferait un triste sort, toute fée que vous soyez.  Moi, je ne risque rien : il n’aime pas les vieilles carnes.

Ah, mais que vois-je ? Un trou au diamètre respectable cerné de barrières ? Mais j’y songe, c’est le gouffre de Padirac. Une  musique discordante  s’élève du tréfonds. Illusion ou réalité ? Les farfadets, excédés par une goinfrerie de cabécous, donneraient-il un charivari en l’honneur d’une fée kaléïdoplumienne ?  Pour les faire taire, Mesdames, offrez leur donc du nectar des fées !

Sans boussole, à vue de nez, je le sens, nous quittons le Quercy pour le Limousin. Ça y est, je me reconnais : nous grimpons vers la Chaise du Diable.

Dans vos relations, Dame Fée, vous avez donc Satan … Vous invite-t-il aux saturnales du sabbat ? Alors là, Nerwen est aux anges :  Dans la nuit du Carnaval, à minuit, tous les chats s'envolent aux Négrénés participer au sabbat avant de se retrouver au lieu-dit le plus proche, La Châtie.

Man, le chien qui connaît le pedigree du Cats  susurre :
- Les Négrénés qu’on peut traduire par nuits noires, c’est là qu’est née Magdeleine, ta grand-mère.

- Ne crois-tu pas qu’il serait temps que tu refasses surface ? Les quatre-heures approchent, et cette glace  soit disant cousine de la crème brûlée, faudrait peut-être pas attendre la première neige pour y goûter !

Silence, chien   gourmand ! Imagine un instant  Ataraxie, Zéphyrine, Amanda,  Nerwen, Cassy, Mésange et  Plumentête  rappliquant, le litre de crème glacée ne ferait pas long feu.

Imperturbable  et philosophe, le  toutou a réponse à tout :

- Comme d’hab,  je lécherai la boite …

Mesdames les fées modératrices pour vous seulement : à l’automne, pour qui ne craint pas  le Diable issu de sa chaise, dans les négrénés, il arrive qu’il y  ait des cèpes.