l'intime secret

Je vous écris du fond de moi-même.

C'est un endroit très intime, et quelque peu secret, où je ne laisse pas accéder  n'importe qui. Mais, fort heureusement, vous n'êtes pas n'importe qui.

C'est un lieu dont je parle parfois, disons plutôt que je l'évoque, sans jamais le décrire ou le définir clairement. Simplement, sans doute, parce que cela n'est pas possible.
Pour en parler sur mon blog, j'ai souvent utilisé bien des métaphores.

— Le puits (classique) qui est peut-être la moins bonne des comparaisons. On pense à un truc sans fond dans lequel on va tomber, se fracasser la tête ou se noyer.

— La grotte particulièrement chère au spéléologue des profondeurs. C'est déjà mieux, car l'endroit par lequel on y pénètre est souvent étroit et il faut être équipé pour s'embarquer à la découverte des merveilles qui feraient même palir Alice. Il est indispensable d'avoir un minimum de compétences techniques, pour ne pas se perdre, apprendre à franchir les siphons et pour cela courir le risque de ne pas y parvenir. Il convient donc de développer une certaine dose de confiance en soi et la certitude que nous attend la découverte de choses au moins aussi belles que Lascaux. Parce que l'on va être mené aux origines de soi-même.

— Le jardin luxuriant où un autre que soi a semé notre hérédité et où l'on récolte ce qui nous appartient sans être à nous. Là, coule la rivière de notre vie, pure et qui ne peut être polluée.

Toutes les métaphores ont leurs richesses et leurs limites. C'est pourquoi elles s'entrecroisent.

Quoiqu'il en soit c'est le plus beau havre de paix et de merveilles surprenantes que l'on puisse concevoir.
Je parle de ce ce que je connais. Que j'ai expérimenté. Qui est le plus souvent accessible par nature.
C'est le lieu où se cueille la force des engagements, le courage des persévérants, l'efficacité et la fécondité des bâtisseurs de l'existence vraie.

Pour toutes sortes de raisons volontaires, subreptices ou subissant les aléas de la vie, il arrive que l'on ait de la difficulté pour y accéder. On croit parfois avoir rêvé ou avoir perdu la clé, ou ne plus retrouver le chemin.
Parfois on traverse une période où la vie ou d'autres personnes, qu'il faut bien qualifier de néfastes, tentent de nous en détourner, comme le bon vieux diable de l'imagerie de l'enfance, tout rouge, avec sa queue en forme de flèche pour nous transpercer.

L'époque n'est plus au religieux et aux religions, et cependant c'est incroyable l'augmentation exponentielle du nombre de diables partout et tout partout. C'est une véritable infection. Il paraîtrait qu'il y a même des gens qui croient ce qu'on dit sur les réseaux sociaux quant à l'avenir de l'humanité qui va mourir dans quatre jours à 1h25 précise du matin.. C'est dire si la bêtise est bien répandue !

Le désespoir est une tentation permanente. C'est pire dès lors que l'on se met à écouter les médias, et à croire que l'on peut supporter personnellement tous les malheurs du monde, sans se faire un tort profond, ni péter les plombs.
Comme disait en substance Guy Bedos :  
il y avait à la TV un reportage sur tous ces enfants qui meurent de faim. Ça m'a déprimé. Dès lors je suis allé au restaurant manger des huîtres du caviar.
(Aujourd'hui, avec notre ex ministre de l'écologie, ce serait du homard.)

On en arrive alors à se détourner de toute action bénéfique pour autrui. C'est vraiment le piège à cons !
Heureusement, vous n'êtes pas de ces personnes-là !

Chers ami(e)s qui avez eu le courage de me lire jusqu'au bout, je ne peux que vous souhaiter les bienfaits de la fréquentation du moi profond, dont je ne doute pas d'ailleurs qu'il vous accompagne, étant donné que Kalé n'est pas composé de perdreaux ou d'hirondelles de l'année…

Portez-vous bien, je repasserai sans doute par là à l'occasion.