A- Flicka
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Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 526
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A- Flicka
Cinq minutes avant le bonheur, nous étions toutes deux assises dans la cuisine, serrées l’une contre l’autre sur deux chaises rapprochées au plus près. Nous étions un samedi après-midi, ou peut-être un dimanche. Maman nous avait dit:
- Soyez sages, je monte faire une course au village.
La petite télé en noir et blanc était allumée et nous regardions un épisode d’une série que nous adorions, « mon ami Flicka » (En 1964 il n’y en avait pas des dizaines et d’ailleurs, c’était le seul moment de télé que maman nous accordait).
Quatre minutes avant le bonheur, nous étions toutes deux serrées l’une contre l’autre. Le générique de fin défilait sur l’écran et nous pleurions à chaudes larmes sur une dernière scène particulièrement émouvante.
Trois minutes avant le bonheur, nous avons éteint la télévision. Maman nous avait dit :
- Je serai de retour avant la fin de l’épisode.
Nous attendions maman, reniflant dans nos manches notre trop plein d’émotion, sans imaginer une seule seconde ce qui allait nous arriver.
Deux minutes avant le bonheur, nous avons entendu la mobylette de maman prendre le dernier virage du chemin menant chez nous. Nous nous sommes levées de concert, et nous nous sommes précipitées dehors pour accueillir maman.
Une minute avant le bonheur, maman a fait son entrée dans la cour de la ferme. Elle a stoppé sa mobylette devant nous. Elle portait son gilet gris à grosses mailles et un large sourire illuminait son visage rosi par le grand air. Elle a passé sa main dans ses cheveux décoiffés par le vent, a soulevé la mobylette pour la mettre sur la béquille. Elle avait les poches remplis de merveilles. Sans doute des pommes sauvages ou des pêches de vigne ramassées sur le chemin.
Elle nous a regardées et avec son accent chantant et sa voix guillerette elle nous a dit:
- J’ai une surprise pour…
Elle n’a pas pu finir sa phase. Trente secondes avant le bonheur, une boule de poils blancs a sauté de la poche droite de son gilet. Il y a eu un petit couinement. Puis la chose s’est mise à sautiller en frétillant de la queue.
Quelques secondes avant le bonheur le chiot est parti comme une fusée, courant après nos poules naines, en jappant de plaisir.
Au moment de l’impact et dans un bruit assourdissant de caquètements, d’aboiement et de nos rires réunis, maman nous a dit :
- On va l’appeler comment ?
Et c’est d’une même voix, main dans la main, et juste avant d’exploser de joie que nous avons crié : FLICKA !
J’avais quatre ans, tu en avais cinq. Flicka, quatre mois, venait d’entrer dans notre vie. Devenu par la suite un compagnon fidèle, il fut de toutes les promenades, de toutes les escapades dans les bois alentours, nous accompagnant jusqu’à la porte de l’école, venant nous attendre à la sortie. Il fut notre premier chien et il fut bien plus que ça : un confident, un compagnon de jeu, un protecteur et un ami fidèle.
Je sais que tu liras ces lignes ma sœur, mon amie, ma force, je sais que tu verseras une larme en te remémorant ce merveilleux souvenir. Je sais que tu penseras à maman ainsi qu’à ce temps du bonheur qui reste solidement accroché à nos souvenirs. Et je sais ce que tu murmureras, parce que je le murmure déjà en relisant mes mots :
Nous sommes riches de tout ce que nous avons vécu dans ces années-là. Nous sommes riches l’une de l’autre. Nous possédons un trésor que rien ni personne ne peut détruire.
- Soyez sages, je monte faire une course au village.
La petite télé en noir et blanc était allumée et nous regardions un épisode d’une série que nous adorions, « mon ami Flicka » (En 1964 il n’y en avait pas des dizaines et d’ailleurs, c’était le seul moment de télé que maman nous accordait).
Quatre minutes avant le bonheur, nous étions toutes deux serrées l’une contre l’autre. Le générique de fin défilait sur l’écran et nous pleurions à chaudes larmes sur une dernière scène particulièrement émouvante.
Trois minutes avant le bonheur, nous avons éteint la télévision. Maman nous avait dit :
- Je serai de retour avant la fin de l’épisode.
Nous attendions maman, reniflant dans nos manches notre trop plein d’émotion, sans imaginer une seule seconde ce qui allait nous arriver.
Deux minutes avant le bonheur, nous avons entendu la mobylette de maman prendre le dernier virage du chemin menant chez nous. Nous nous sommes levées de concert, et nous nous sommes précipitées dehors pour accueillir maman.
Une minute avant le bonheur, maman a fait son entrée dans la cour de la ferme. Elle a stoppé sa mobylette devant nous. Elle portait son gilet gris à grosses mailles et un large sourire illuminait son visage rosi par le grand air. Elle a passé sa main dans ses cheveux décoiffés par le vent, a soulevé la mobylette pour la mettre sur la béquille. Elle avait les poches remplis de merveilles. Sans doute des pommes sauvages ou des pêches de vigne ramassées sur le chemin.
Elle nous a regardées et avec son accent chantant et sa voix guillerette elle nous a dit:
- J’ai une surprise pour…
Elle n’a pas pu finir sa phase. Trente secondes avant le bonheur, une boule de poils blancs a sauté de la poche droite de son gilet. Il y a eu un petit couinement. Puis la chose s’est mise à sautiller en frétillant de la queue.
Quelques secondes avant le bonheur le chiot est parti comme une fusée, courant après nos poules naines, en jappant de plaisir.
Au moment de l’impact et dans un bruit assourdissant de caquètements, d’aboiement et de nos rires réunis, maman nous a dit :
- On va l’appeler comment ?
Et c’est d’une même voix, main dans la main, et juste avant d’exploser de joie que nous avons crié : FLICKA !
J’avais quatre ans, tu en avais cinq. Flicka, quatre mois, venait d’entrer dans notre vie. Devenu par la suite un compagnon fidèle, il fut de toutes les promenades, de toutes les escapades dans les bois alentours, nous accompagnant jusqu’à la porte de l’école, venant nous attendre à la sortie. Il fut notre premier chien et il fut bien plus que ça : un confident, un compagnon de jeu, un protecteur et un ami fidèle.
Je sais que tu liras ces lignes ma sœur, mon amie, ma force, je sais que tu verseras une larme en te remémorant ce merveilleux souvenir. Je sais que tu penseras à maman ainsi qu’à ce temps du bonheur qui reste solidement accroché à nos souvenirs. Et je sais ce que tu murmureras, parce que je le murmure déjà en relisant mes mots :
Nous sommes riches de tout ce que nous avons vécu dans ces années-là. Nous sommes riches l’une de l’autre. Nous possédons un trésor que rien ni personne ne peut détruire.
Cassy- Admin
- Humeur : Emotionnellement vivante
Re: A- Flicka
Quel plaisir de lire un texte aussi tendre qui fait remonter tes souvenirs d'enfance. Une histoire vraie en concordance avec la consigne, quelle joie de retrouver ta plume pleine de vie !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A- Flicka
Délicieusement émouvant, un très beau souvenir. Tu sais si bien faire monter l'intensité de l'émotion et décrire avec tant de justesse tes souvenirs. Oui vous êtes riches de tout ce que vous avez partagé. Comme le dit Amanda quel bonheur de retrouver ta plume en cette rentrée.
Plumentête- Humeur : optimiste parfois sceptique
RE/ A flicka
Bravo Cassy pour cette belle histoire,ces beaux souvenirs d'enfance que tu partages pour toujours avec ta sœur et qui font votre force.
N' oublions jamais qu'une sœur ,c'est un cadeau du ciel qui n'a pas de prix!
J'en ai trois !
N' oublions jamais qu'une sœur ,c'est un cadeau du ciel qui n'a pas de prix!
J'en ai trois !
automne- Humeur : égale
Re: A- Flicka
Premier texte que je lis en cette « rentrée »
merci pour ce joli morceau de vie dont tu es riche et dont tu nous laisse apercevoir un pan
Il est agréable de penser que les beaux souvenirs aussi nous marquent
J’ai cru deviner au travers tes mots un hommage à ta maman . Douce pensées vers les deux sœurs
merci pour ce joli morceau de vie dont tu es riche et dont tu nous laisse apercevoir un pan
Il est agréable de penser que les beaux souvenirs aussi nous marquent
J’ai cru deviner au travers tes mots un hommage à ta maman . Douce pensées vers les deux sœurs
EVA AlixXXL- Humeur : Égale
Re: A- Flicka
Émouvant ce souvenir d'enfance!
J'ai été heureuse de te lire et je souhaite à toutes et à tous de vivre le plus souvent possible les cinq minutes qui precedent le bonheur!
J'ai été heureuse de te lire et je souhaite à toutes et à tous de vivre le plus souvent possible les cinq minutes qui precedent le bonheur!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A- Flicka
Et BRAVO et MERCI pour la remise en forme du forum tu gères la fougère
EVA AlixXXL- Humeur : Égale
Re: A- Flicka
Adorable et tellement émouvant ce texte. Je ne souviens plus trop de Flicka, mais plutôt bien de Polly !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A- Flicka
Un beau retour nostalgique dans le passé, merci de nous avoir fait partager ces instants de bonheur simple mais si intenses qu'ils ne prennent pas une ride avec le temps et nous font toujours autant vibrer.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A- Flicka
Je me souviens bien de "Mon amie Flicka", j'ai même le livre, et je le garde précieusement.
Ton récit est touchant, Cassy, j'aime beaucoup. Tu décris merveilleusement bien ce que vous avez ressenti, toi et ta soeur, tu as su recréer l'ambiance de cet instant.
Moi aussi, j'ai une soeur, elle a cinq ans de plus que moi.
Ma soeur, mon amie, ma confidente.
Ton récit est touchant, Cassy, j'aime beaucoup. Tu décris merveilleusement bien ce que vous avez ressenti, toi et ta soeur, tu as su recréer l'ambiance de cet instant.
Moi aussi, j'ai une soeur, elle a cinq ans de plus que moi.
Ma soeur, mon amie, ma confidente.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
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