A Le manchot
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alainx
Ataraxie
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A Le manchot
- Accusé, levez vous ! Avez-vous quelque chose à ajouter pour votre défense ?
- Oui Mr le Président. Je regrette mon acte profondément mais je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris. Je crois que j’ai été poussé par une pulsion destructrice, un trop plein que j’avais en moi depuis des années.. Pourtant, j’étais un garçon calme, patient, trop peut-être.
A la maison, je crois que j’étais le vilain petit canard, l’original, celui qui ne pouvait pas faire comme les autres.
Mes parents sont des gens simples, honnêtes, travailleurs, aimants. Mon père exerce le métier de menuisier et ma mère est couturière à domicile. Mon père, tout comme ma mère d’ailleurs, aurait souhaité que je fasse le même métier que lui ou, à la rigueur, un métier manuel. La source du problème se situe là.
Je ne suis pas un manuel, j’ai deux mains gauches et ça, mes parents ne pouvaient pas le comprendre. Je reconnais que je n’ai jamais fait vraiment d’efforts. Dès que je le pouvais, je me réfugiais sous un arbre et je lisais. Voyez vous, Mr. Le Président, pour moi, les livres, c’est le bonheur suprême, c’est l’évasion, le rêve. Pensez, chez moi, il n’y a qu’un seul livre : un vieux dictionnaire égaré dans un placard !
Que de reproches n’ai-je pas entendus ! J’étais le paresseux qui avait un poil dans la main, non, pas un poil mais la forêt vierge. J’étais Michel-bras-cassés. Et puis un jour, mon frère Antoine a trouvé la formule idéale ( d’après eux ) et qui a plu à tout le monde : Michel-le manchot. A partir de ce moment là, j’ai perdu ma véritable identité : j’étais le manchot. On ne m’appelait plus que comme ça. Mon surnom a dépassé les murs de la maison. Les voisins ont trouvé ça très comique. Pour le quartier, Michel était mort et vive le manchot !
Je n’ai rien dit. Que dire ? Que faire ? Expliquer ? Expliquer quoi ? Cela n’aurait servi à rien. Je me suis renfermé sur moi-même. Les copains ? Je les ai perdus. Mais les livres, je ne les ai pas abandonnés et j’ai continué à aller régulièrement à la bibliothèque municipale.
Et puis est arrivé ce dimanche fatidique. Mes parents étaient partis pour la journée rendre visite à des cousins qu’ils n’avaient pas vus depuis longtemps. J’ai cru que j’allais enfin être tranquille. Hé bien non, c’était sans compter sur mon frère. Il était resté à la maison, sa petite amie lui ayant téléphoné qu’elle ne voulait plus le voir. Il s’est mis à hurler : « hé, le manchot où es-tu ? Hé, le manchot ! » Et ça une fois, dix fois, cent fois. Il ne me trouvait pas. Ayant un peu froid, j’avais profité de l’absence de mon père pour me réfugier dans son atelier.
Malheureusement, Antoine a fini par voir où j’étais.
- Alors, le fainéant, tu te planques ? Et t’es avec tes sales bouquins chez papa !
Là, j’ai vu rouge. Des années de manchot, des années de critiques, des années d’incompréhension, des années de mépris. Moi, qui ne savais pas me servir de mes mains, j’ai pris le marteau qui se trouvait à côté de moi et j’ai frappé mon frère. La rage ne m’a pas quitté. J’ai traîné Antoine jusqu’à la scie et j’ai découpé ses mains.
Je regrette.
- Oui Mr le Président. Je regrette mon acte profondément mais je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris. Je crois que j’ai été poussé par une pulsion destructrice, un trop plein que j’avais en moi depuis des années.. Pourtant, j’étais un garçon calme, patient, trop peut-être.
A la maison, je crois que j’étais le vilain petit canard, l’original, celui qui ne pouvait pas faire comme les autres.
Mes parents sont des gens simples, honnêtes, travailleurs, aimants. Mon père exerce le métier de menuisier et ma mère est couturière à domicile. Mon père, tout comme ma mère d’ailleurs, aurait souhaité que je fasse le même métier que lui ou, à la rigueur, un métier manuel. La source du problème se situe là.
Je ne suis pas un manuel, j’ai deux mains gauches et ça, mes parents ne pouvaient pas le comprendre. Je reconnais que je n’ai jamais fait vraiment d’efforts. Dès que je le pouvais, je me réfugiais sous un arbre et je lisais. Voyez vous, Mr. Le Président, pour moi, les livres, c’est le bonheur suprême, c’est l’évasion, le rêve. Pensez, chez moi, il n’y a qu’un seul livre : un vieux dictionnaire égaré dans un placard !
Que de reproches n’ai-je pas entendus ! J’étais le paresseux qui avait un poil dans la main, non, pas un poil mais la forêt vierge. J’étais Michel-bras-cassés. Et puis un jour, mon frère Antoine a trouvé la formule idéale ( d’après eux ) et qui a plu à tout le monde : Michel-le manchot. A partir de ce moment là, j’ai perdu ma véritable identité : j’étais le manchot. On ne m’appelait plus que comme ça. Mon surnom a dépassé les murs de la maison. Les voisins ont trouvé ça très comique. Pour le quartier, Michel était mort et vive le manchot !
Je n’ai rien dit. Que dire ? Que faire ? Expliquer ? Expliquer quoi ? Cela n’aurait servi à rien. Je me suis renfermé sur moi-même. Les copains ? Je les ai perdus. Mais les livres, je ne les ai pas abandonnés et j’ai continué à aller régulièrement à la bibliothèque municipale.
Et puis est arrivé ce dimanche fatidique. Mes parents étaient partis pour la journée rendre visite à des cousins qu’ils n’avaient pas vus depuis longtemps. J’ai cru que j’allais enfin être tranquille. Hé bien non, c’était sans compter sur mon frère. Il était resté à la maison, sa petite amie lui ayant téléphoné qu’elle ne voulait plus le voir. Il s’est mis à hurler : « hé, le manchot où es-tu ? Hé, le manchot ! » Et ça une fois, dix fois, cent fois. Il ne me trouvait pas. Ayant un peu froid, j’avais profité de l’absence de mon père pour me réfugier dans son atelier.
Malheureusement, Antoine a fini par voir où j’étais.
- Alors, le fainéant, tu te planques ? Et t’es avec tes sales bouquins chez papa !
Là, j’ai vu rouge. Des années de manchot, des années de critiques, des années d’incompréhension, des années de mépris. Moi, qui ne savais pas me servir de mes mains, j’ai pris le marteau qui se trouvait à côté de moi et j’ai frappé mon frère. La rage ne m’a pas quitté. J’ai traîné Antoine jusqu’à la scie et j’ai découpé ses mains.
Je regrette.
Ataraxie- Humeur : Changeante
Re: A Le manchot
Une petite histoire comme je les aime !
Dès le début on devine que ce n'est pas un ange !
Mais la manière de nous amener jusqu'à la chute est très réussie. On se doute d'une histoire de vengeance ou chose du genre. Mais qu'elle va t'être l'acte ?
Il faut attendre l'avant-dernière phrase ! Une réussite !
Tu n'es pas manchote dans l'écriture !
Dès le début on devine que ce n'est pas un ange !
Mais la manière de nous amener jusqu'à la chute est très réussie. On se doute d'une histoire de vengeance ou chose du genre. Mais qu'elle va t'être l'acte ?
Il faut attendre l'avant-dernière phrase ! Une réussite !
Tu n'es pas manchote dans l'écriture !
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
RE A: Le manchot
Quelle horreur Ataraxie , dans les pires romans noirs on ne peut faire ça à son pire ennemi ,je vois s'entrouvrir les portes de l'Enfer.
automne- Humeur : égale
Re: A Le manchot
Moi je dis, fut pas contrarier les gens qui aiment lire, ils peuvent se révéler très dangereux ! La preuve !
Un texte renversant, j'en ai les bras coupés !
Un texte renversant, j'en ai les bras coupés !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A Le manchot
Voilà qui s'appelle tomber à bras raccourcis sur celui qui vous énerve !
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
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