A – Du passé faisons table rase !
+3
MESANGE
Martine27
tadig
7 participants
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 545
Page 1 sur 1
A – Du passé faisons table rase !
Je m’étonne encore d’avoir mis tant de temps à vivre le présent, omettant de prendre en considération le passé. Alors que c’est fou ce que le passé nous réserve. Je viens d’apprendre que mon parrain, catholique et petit paysan breton dans le Finistère, avait rejoint les républicains espagnols. Jamais personne ne l’évoquait !
J’ai toujours rêvé d’un avenir (qui chante), et le temps ne passait pas assez vite, j’avais toujours hâte du stade suivant. Et c’est ainsi que le fil de ma vie fut une suite de ruptures délibérées, une quête de liberté. Enfant je souffre de l’enfermement du cercle familial. Je m’en sépare en optant pour l’internat du collège, puis ensuite l’apprentissage d’un métier, puis encore le service militaire. J’élargis à chaque fois ma marge de liberté. Je n’en suite certes pas à « famille je vous hais », mais je me jure simplement d’y mettre les pieds qu’épisodiquement pour échapper à un carcan qui me pèse tant.
A chaque étape je vis ces nouveaux mondes avec la sensation d’une ivresse de liberté. Quelque temps plus tard je me heurte à leurs limites et reconnais qu’en réalité je change tout simplement de carcan. Malgré l’autonomie revendiquée, je tire le fil de la pelote de ces liens successifs. Mais le pire est à venir lorsque je travaille dans une centrale de production d’énergie.Dans l’univers professionnel de l’usine, chacun est habillé selon son rang dans une hiérarchie contraignante: le bleu des ouvriers professionnels, les blouses blanches des techniciens, pour chaque métier un casque de protection de couleur différente. L’intrus est vite repéré.
Ma quête de liberté en prend un coup ! Je m’en sors alors par les voyages qui se succèdent du kibboutz en Israël à nombre de chantiers internationaux, en Allemagne et en France, qui s’accompagnent par une sacrée envie de changer de boulot. Un temps éducateur, je rejoins de nouveau l’usine. Lors de ces expérimentations, j’ai, dans un premier temps l’impression de gagner en en liberté. Je me rends compte ensuite qu’il y a toujours un autre enfermement, différent certes, mais quand même un enfermement. Au retour, il faut bien gagner savie, et je retrouve mon usine et mes camarades.
Arrive mai 68, les camarades de l’usine Sud-aviation toute proche occupent leurs ateliers, le week-end suivant nous faisons de même. Souffle alors un grand vent de liberté, ponctué de grèves, et d’actions de toutes sortes. Une histoire collective et solidaire, semée d’échecs et de succès, une dizaine d’années durant jusqu’à la démolition de l’usine.
Curieusement, toutes ces années, le passé familial n’existait plus pour moi. Ma quête de liberté n’était pas qu’une pelote à dérouler mais plutôt un écheveau sans fin à dévider. Ce n’est peut-être pas pour rien que tout ce temps je n’ai jamais autant chanté l’internationale, et vibrais alors précisément à ce passage : « du passé faisons table rase ». Alors si les mots ont un sens, celui-là en avait pour moi.
J’ai toujours rêvé d’un avenir (qui chante), et le temps ne passait pas assez vite, j’avais toujours hâte du stade suivant. Et c’est ainsi que le fil de ma vie fut une suite de ruptures délibérées, une quête de liberté. Enfant je souffre de l’enfermement du cercle familial. Je m’en sépare en optant pour l’internat du collège, puis ensuite l’apprentissage d’un métier, puis encore le service militaire. J’élargis à chaque fois ma marge de liberté. Je n’en suite certes pas à « famille je vous hais », mais je me jure simplement d’y mettre les pieds qu’épisodiquement pour échapper à un carcan qui me pèse tant.
A chaque étape je vis ces nouveaux mondes avec la sensation d’une ivresse de liberté. Quelque temps plus tard je me heurte à leurs limites et reconnais qu’en réalité je change tout simplement de carcan. Malgré l’autonomie revendiquée, je tire le fil de la pelote de ces liens successifs. Mais le pire est à venir lorsque je travaille dans une centrale de production d’énergie.Dans l’univers professionnel de l’usine, chacun est habillé selon son rang dans une hiérarchie contraignante: le bleu des ouvriers professionnels, les blouses blanches des techniciens, pour chaque métier un casque de protection de couleur différente. L’intrus est vite repéré.
Ma quête de liberté en prend un coup ! Je m’en sors alors par les voyages qui se succèdent du kibboutz en Israël à nombre de chantiers internationaux, en Allemagne et en France, qui s’accompagnent par une sacrée envie de changer de boulot. Un temps éducateur, je rejoins de nouveau l’usine. Lors de ces expérimentations, j’ai, dans un premier temps l’impression de gagner en en liberté. Je me rends compte ensuite qu’il y a toujours un autre enfermement, différent certes, mais quand même un enfermement. Au retour, il faut bien gagner savie, et je retrouve mon usine et mes camarades.
Arrive mai 68, les camarades de l’usine Sud-aviation toute proche occupent leurs ateliers, le week-end suivant nous faisons de même. Souffle alors un grand vent de liberté, ponctué de grèves, et d’actions de toutes sortes. Une histoire collective et solidaire, semée d’échecs et de succès, une dizaine d’années durant jusqu’à la démolition de l’usine.
Curieusement, toutes ces années, le passé familial n’existait plus pour moi. Ma quête de liberté n’était pas qu’une pelote à dérouler mais plutôt un écheveau sans fin à dévider. Ce n’est peut-être pas pour rien que tout ce temps je n’ai jamais autant chanté l’internationale, et vibrais alors précisément à ce passage : « du passé faisons table rase ». Alors si les mots ont un sens, celui-là en avait pour moi.
tadig- Humeur : Plutôt bonne
Re: A – Du passé faisons table rase !
Une sorte de fuite en avant, mais les racines sont là et bien là pour nous rappeler d'où nous venons
_________________
Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A – Du passé faisons table rase !
Une vie de prison en prison aurais-je envie de dire en te lisant. C'est étrange comme constat! La réelle liberté n'existerait-elle donc pas? Ou bien, est-elle en nous, tout simplement, dans nos choix de vie? La liberté est-elle comme le bonheur: des moments fugaces? Que de questions. Merci pour ce pan d'histoire personnelle partagée.
MESANGE- Humeur : colorée
Re: A – Du passé faisons table rase !
Je me pose aussi des questions en lisant ton texte....pessimiste?
Peut être est ce normal ou pas, mais je ne ferais pas facilement table rase du passé.
Peut être est ce normal ou pas, mais je ne ferais pas facilement table rase du passé.
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A – Du passé faisons table rase !
Ta quête de liberté indique clairement ton souhait de faire table rase du passé.
Cependant, il est scientifiquement prouvé que depuis que nous sommes dans le ventre de notre mère, nous emmagasinons des sensations, des ressentis qui nous resterons à vie. Chez toi, ils sont sans doute, comme chez la plupart, inconscients, enfouis bien profonds, mais crois-moi ils sont bien là.
Amanda ( qui a fait ici un peu sa prof de psycho, pardon !!!!)
Cependant, il est scientifiquement prouvé que depuis que nous sommes dans le ventre de notre mère, nous emmagasinons des sensations, des ressentis qui nous resterons à vie. Chez toi, ils sont sans doute, comme chez la plupart, inconscients, enfouis bien profonds, mais crois-moi ils sont bien là.
Amanda ( qui a fait ici un peu sa prof de psycho, pardon !!!!)
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A – Du passé faisons table rase !
Ni le passé, ni le vivre en société ne permettent une liberté totale, je pense. Mais dans ton texte le fil rouge est cette faculté de pouvoir s'observer soi-même, de réagir, d'agir, de changer et même si c'est pour passer d'un carcan à un autre, de "rester libre dans sa tête" comme le chantait Michel Berger.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A – Du passé faisons table rase !
Je trouve toujours merveilleux de lire les écrits que peuvent susciter mes textes et les vôtres aussi.
Qu'ils me surprennent, m'étonnent, ou m'apparaissent judicieux à la première lecture, je les relis ensuite et je m'aperçois que tous ont de l'intérêt. D'autant que c'est toujours dans une bulle que j'écris ce genre de texte.
Merci à vous
PS. Tu as vu juste Virgule.
Qu'ils me surprennent, m'étonnent, ou m'apparaissent judicieux à la première lecture, je les relis ensuite et je m'aperçois que tous ont de l'intérêt. D'autant que c'est toujours dans une bulle que j'écris ce genre de texte.
Merci à vous
PS. Tu as vu juste Virgule.
tadig- Humeur : Plutôt bonne
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 545
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum