A. Il m'impressionne

Au programme, une pièce de Mozart et une symphonie du compositeur allemand de l’ère romantique, Anton Bruckner. On aime ou on aime pas, moi oui.
C’est un concert à Zurich, un bon orchestre symphonique, sous la direction d’un excellent chef que j’ai toujours rêvé de voir.

La qualité est à la hauteur du programme, des interprètes. La pièce symphonique de Mozart dure environ une trentaine de minutes, l’oeuvre de Bruckner, septante minutes… euh pardon pour les étrangers c’est soixante-dix minutes.

Je ressens les musiciens très heureux de jouer avec ce brillant chef d’orchestre suédois. Il n’est pas jeune, cependant il est très alerte, a une mine réjouie, mais sait aussi montrer beaucoup d’émotion. Une connaissance chanteur professionnel, me disait qu’il a eu chanté il y a une dizaine d’années, sous sa direction (Il avait déjà un certain âge) le Requiem de Brahms. À certains endroits de la partition, des larmes qui coulaient sur son visage.

Une fois le concert fini, c’est l’ovation d’un public enchanté, debout, car nous sommes ravis. Lorsqu’il revient sur scène, pour faire lever l’orchestre, comme ça se fait généralement, les musiciens restent assis: non ils ne faisaient pas la grève, ils voulaient que les applaudissements soient pour lui!
Ensuite il y a mis tellement d’énergie pour que les musiciens se lèvent, qu’ils se sont levés.
Bref une soirée mémorable.

Autres choses:
Un chef par principe reste debout, tout le long de l’exécution, mais selon leur âge ou éventuellement un handicap, il a un tabouret. Mais lui, il reste debout tout le long!
Sur son pupitre, la partition de Mozart, puis de Bruckner.
Tout le long du concert, ces documents sont restés fermés. Oui il dirige par coeur, dont cette symphonie qui dure 70 minutes.

Après le concert, j’ai l’occasion de discuter avec un violoniste: à la question de savoir ce que c’est de jouer avec lui, et comment se passait les répétitions, il me répond avec infiniment de plaisir son engouement: ce chef est plein d’énergie, très intelligent, qui vient avec des nouveautés, sachant ce qu’il veut avec beaucoup de clarté, tout en étant très respectueux de chacun.

Ensuite, il était disponible pour signer les programmes. Je me suis prêté au jeu.
Il y avait tout de même bien une cinquantaine de personnes qui faisait la queue.
Je constate qu’avec chacun, il a un petit échange verbal, des mots gentils.
Quelqu’un me fait d’ailleurs remarqué qu’après ce concert debout, il ne s’assied même pas pour les signatures.
Quand c’est mon tour, je le félicite bien sur, et lui exprime en allemand ma joie de l’avoir vu. Il est, je rappelle suédois, né aux USA, donc pas de langue allemande, mais de suite il perçoit avec un grand sourire mon accent que je suis romand! Il me demande où j’habite, je lui explique où c’est, il repère rapidement ma petite ville.
Il m’impressionne!
Et enfin une gentille tape sur ma main en prenant congé.

Il s’appelle Herbert Blomstedt.
Quel âge a-t-il ce jeunet? Il est né le 11 juillet 1927… je vous laisse faire le calcul…