A. Mon espace idéal

Lorsqu’on me demande « d’où es-tu » j’ai du mal à répondre.

Dois-je citer le pays où le suis née, ce Maroc où j’ai passé mon enfance? Marrakech la rouge ou Bouznika sur la dune au bord de l’océan où la famille se réunissait dans le cabanon de mon grand-père?

Dirais-je Lyon où j’ai grandi ensuite, rencontré mon époux et mis au monde mes deux garçons ?

Cette ville que je trouve plus belle au fur et à mesure que je m’en éloigne, avec ses façades colorées sur les bords de Saône, son parc de la Tête d’or, havre de paix ?

Caluire et Cuire, commune sans âme où nous avons fait un bref passage.

Craponne où nous avons acheté notre première maison. La vie en lotissement, les voisins, le jardin, le feu de bois dans la cheminée, les enfants qui grandissent?

Ajaccio, ville bruyante, où, pendant un an, mes pas ont arpenté les rues et les alentours ?

La plaine de Péri où nous avons fait construire notre première maison ?  Où nous vivions tous ensemble, parents, enfants adultes, compagne de l’un et chats de l’autre dans les senteurs du maquis corse, face au mont Gozzi, au milieu des chants d’oiseaux.

Ou Portes les Valence dans la Drôme tout près de cette jolie petite ville de Valence où j’ai travaillé pendant dix ans et sillonné tous les sentiers du Vercors et d’Ardèche, la Drôme provençale jusqu’au Lubéron? Où j’ai repris goût à l’écriture en découvrant les ateliers ?

Ou cette vie de retraite, à nouveau à Ajaccio, pour se rapprocher des enfants, des petits-enfants, de la mer, de la montagne, d’une nature ensorcelante ? Profiter du temps libre, écrire ?

Quel est mon espace idéal ? Je ne saurais le dire. Peut-être un peu de tous réunis. Un espace où il me serait permis d’explorer et de découvrir d’autres espaces. D’agrandir mon champ visuel pour satisfaire ma curiosité sans limite. Un espace pour sentir vibrer la nature, la vie. Ou l’inspiration ne me ferait jamais défaut et où sans difficulté, à tout moment, je pourrais me plonger dans les mots.