A. Le çon des clochettes.
+5
Amanda
catsoniou
Myrte
alainx
Zephyrine
9 participants
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 559
Page 1 sur 1
A. Le çon des clochettes.
Notre voisin s'appelle monsieur Paul.
Nos jardins se touchent et y pas photo, le sien est beaucoup plus beau que le nôtre qui ressemble à un petit terrain de foot jamais entretenu.
A la maison nous sommes quatre enfants, moi je m'appelle Alice et j'ai 8 ans.
Ce que j'aime dans le jardin de Monsieur Paul, c'est le parfum des fleurs qui se succèdent tout au long de l'année : lilas, oeillets, roses, lavandes...ça sent tellement bon!
En ce matin de mai, accroupie contre la haie, le délicieux parfum des muguets me captive. Je plisse le nez et je me laisse griser par l'odeur de cette jolie fleur.
Je sais que le premier mai, la tradition veut que les hommes offrent un brin de muguet à leur amoureuse qui hume la délicate senteur tout en cherchant en vain un vase assez étroit pour déposer ce joli cadeau. Pour maman ce n'est jamais le cas, il y a longtemps que papa nous a quitté et aujourd'hui, il tend sans doute un brin de muguet à une autre amoureuse.
Maman ne reçoit jamais rien.
Cette année, monsieur Paul a de la chance, les muguets de son jardin ont poussé dans un coin ombragé, il y en a des dizaines, un vrai tapis!
On me dit souvent de réfléchir à deux fois avant de faire ce qui neuf fois sur dix sera une bêtise mais voilà, l'idée m'est venue d'un coup, d'un seul :
Je connais dans la haie du voisin, un endroit que son chien Oscar arrose copieusement à chaque fois qu'il doit faire pipi. L'arbuste situé à cet emplacement est jauni et maigrichon. Si je me fait toute petite, je pourrais passer facilement dans le jardin d'à côté et...
Je jette un coup d'oeil aux alentours : personne en vue. En quelques minutes, j'ai dans les mains un bouquet énorme et délicieusement parfumé.
Je n'y suis pas allée avec le dos de la cuillère, monsieur Paul peut dire adieu à sa cueillette du 1° mai!
Je me sauve comme une voleuse que je suis et ramène mon trophée à maman abasourdie.
- Alice,où as tu trouvé ce muguet?
- Je l'ai acheté...euh..., non, enfin...j'ai trouvé, ou plutôt...je crois que...
Je rougis, j'ai envie de pleurer, je voudrais disparaître.
Maman ne se fâche pas, elle tente de rester calme, me demande d'arrêter d'inventer des choses et de tout lui raconter, ce que je fais d'une traite, car ça soulage de dire la vérité.
- Maintenant me dit-elle, tu vas réfléchir à ce que tu peux faire pour que monsieur Paul te pardonne...
Je ne réfléchis pas longtemps et grimpe dans ma chambre.
Sur un grand carton, je trace de mon mieux au feutre vert, quelques tiges de muguet, j'essaye de dessiner les feuilles et puis je m'applique à reproduire les clochettes blanches.
J'ai une idée! Elle représenteront chacune le visage d'une petite fille qui veut s'excuser d'un sourire, ou d'un clin d'oeil. Je transforme même certaines corolles en Alice qui semble promettre de ne pas recommencer.
Le soir, le carton sous le bras, je reprends le chemin bien connu du jardin voisin et dépose le dessin bien en vue, à l'ombre des arbustes.
En rentrant à la maison, j'ai le coeur plus léger, mais je me demande si je serai pardonnée pour autant...
Le lendemain, de part et d'autre de la haie, maman et monsieur Paul discutent depuis un moment. J'essaye d'écouter leur conversation et j'entends le voisin :
- Figurez-vous chère madame, que je viens de m'apercevoir que cette année mes muguets rivalisent de charme et de beauté. Et il ajoute rougissant : je m'en veux de ne jamais y avoir pensé mais dorénavant, chaque année au mois de mai, c'est moi qui vous offrirai un bouquet de ces jolies fleurs.
Maman rougit aussi, remercie et moi j'ai envie de chanter!
Nos jardins se touchent et y pas photo, le sien est beaucoup plus beau que le nôtre qui ressemble à un petit terrain de foot jamais entretenu.
A la maison nous sommes quatre enfants, moi je m'appelle Alice et j'ai 8 ans.
Ce que j'aime dans le jardin de Monsieur Paul, c'est le parfum des fleurs qui se succèdent tout au long de l'année : lilas, oeillets, roses, lavandes...ça sent tellement bon!
En ce matin de mai, accroupie contre la haie, le délicieux parfum des muguets me captive. Je plisse le nez et je me laisse griser par l'odeur de cette jolie fleur.
Je sais que le premier mai, la tradition veut que les hommes offrent un brin de muguet à leur amoureuse qui hume la délicate senteur tout en cherchant en vain un vase assez étroit pour déposer ce joli cadeau. Pour maman ce n'est jamais le cas, il y a longtemps que papa nous a quitté et aujourd'hui, il tend sans doute un brin de muguet à une autre amoureuse.
Maman ne reçoit jamais rien.
Cette année, monsieur Paul a de la chance, les muguets de son jardin ont poussé dans un coin ombragé, il y en a des dizaines, un vrai tapis!
On me dit souvent de réfléchir à deux fois avant de faire ce qui neuf fois sur dix sera une bêtise mais voilà, l'idée m'est venue d'un coup, d'un seul :
Je connais dans la haie du voisin, un endroit que son chien Oscar arrose copieusement à chaque fois qu'il doit faire pipi. L'arbuste situé à cet emplacement est jauni et maigrichon. Si je me fait toute petite, je pourrais passer facilement dans le jardin d'à côté et...
Je jette un coup d'oeil aux alentours : personne en vue. En quelques minutes, j'ai dans les mains un bouquet énorme et délicieusement parfumé.
Je n'y suis pas allée avec le dos de la cuillère, monsieur Paul peut dire adieu à sa cueillette du 1° mai!
Je me sauve comme une voleuse que je suis et ramène mon trophée à maman abasourdie.
- Alice,où as tu trouvé ce muguet?
- Je l'ai acheté...euh..., non, enfin...j'ai trouvé, ou plutôt...je crois que...
Je rougis, j'ai envie de pleurer, je voudrais disparaître.
Maman ne se fâche pas, elle tente de rester calme, me demande d'arrêter d'inventer des choses et de tout lui raconter, ce que je fais d'une traite, car ça soulage de dire la vérité.
- Maintenant me dit-elle, tu vas réfléchir à ce que tu peux faire pour que monsieur Paul te pardonne...
Je ne réfléchis pas longtemps et grimpe dans ma chambre.
Sur un grand carton, je trace de mon mieux au feutre vert, quelques tiges de muguet, j'essaye de dessiner les feuilles et puis je m'applique à reproduire les clochettes blanches.
J'ai une idée! Elle représenteront chacune le visage d'une petite fille qui veut s'excuser d'un sourire, ou d'un clin d'oeil. Je transforme même certaines corolles en Alice qui semble promettre de ne pas recommencer.
Le soir, le carton sous le bras, je reprends le chemin bien connu du jardin voisin et dépose le dessin bien en vue, à l'ombre des arbustes.
En rentrant à la maison, j'ai le coeur plus léger, mais je me demande si je serai pardonnée pour autant...
Le lendemain, de part et d'autre de la haie, maman et monsieur Paul discutent depuis un moment. J'essaye d'écouter leur conversation et j'entends le voisin :
- Figurez-vous chère madame, que je viens de m'apercevoir que cette année mes muguets rivalisent de charme et de beauté. Et il ajoute rougissant : je m'en veux de ne jamais y avoir pensé mais dorénavant, chaque année au mois de mai, c'est moi qui vous offrirai un bouquet de ces jolies fleurs.
Maman rougit aussi, remercie et moi j'ai envie de chanter!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Le çon des clochettes.
Quelle jolie histoire si bien racontée.
Un véritable conte de 1er mai.
Tu as eu une excellente idée pour exploiter la photo de la consigne, dans un style enfantin sans être puéril.
Une réussite.
_________________
"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
Re: A. Le çon des clochettes.
J'ai lu ton texte avec beaucoup de plaisir. Cette histoire pourrait être vraie, je suis sûre qu'elle est déjà arrivée.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Le çon des clochettes.
Merci AlainX, merci Catsoniou!
Myrthe, oui ça m'est arrivé de façon beaucoup moins poétique : j'ai passé le bras à travers la clôture du voisin pour cueillir du muguet et puis quand j'ai vu mon bouquet, je n'ai jamais osé l'offrir à maman car je sais que j'aurais été punie. Alors je l'ai jeté. ...dans la poubelle!
Myrthe, oui ça m'est arrivé de façon beaucoup moins poétique : j'ai passé le bras à travers la clôture du voisin pour cueillir du muguet et puis quand j'ai vu mon bouquet, je n'ai jamais osé l'offrir à maman car je sais que j'aurais été punie. Alors je l'ai jeté. ...dans la poubelle!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Le çon des clochettes.
Quelle jolie histoire ! Une petite fille bien intentionnée qui ne sait pas mentir mais réussit à se faire pardonner et qui sait à créer des affinités entre son voisin et sa maman.
J'ai adoré !
J'ai adoré !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Le çon des clochettes.
Quelle jolie histoire, charmante et attendrissante !
_________________
Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Le çon des clochettes.
Je m'associe avec les autres commentaires, une bien jolie histoire très agréable à lire. Un brin d'enfance que tu nous racontes et que nous lisons avec ravissement.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A. Le çon des clochettes.
Une histoire d'autant plus touchante que j'apprends par ton commentaire qu'elle est "presque" vraie. Dommage quand même d'avoir jeté ton bouquet de muguet dans la poubelle ! Mais je peux te comprendre devant la reaction que tu prévoyais de ta mère.
Une histoire joliment contée
Une histoire joliment contée
Sherkane
Kaléïdoplumes 4 :: Archives 2019/2023 :: Espace Ecriture et Photo :: Ecriture et Photo sur consigne :: Consignes 559
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum