A - au fil de mon été - Daboum

13 juillet 2020
Mon été… MON été… je ne me suis jamais considérée comme propriétaire d’une saison. Ça fait bizarre. Encore deux semaines avant mes vacances. L’ambiance a déjà changé depuis la fin des écoles. Malgré la pandémie, les masques et les distances, les gens semblent plus détendus. Dans le train du matin, les sièges vides sont plus nombreux que ceux qui accueillent les familles en excursion, les voyageurs en transit et les « braves travailleurs » comme moi.

16 juillet 2020
Journée bizarre, temps gris, crachin humide et lourd mais friscounet quand même. J’ai supporté une petite polaire toute la journée. Pour un 16 juillet, c’est vraiment hors saison. Soleil, t’es où ? Le point positif, c’est que les paysans ne pourront pas râler que les réserves d’eau sont au plus bas. Un peu d’eau après les foins fait du bien aux regains et gonfle les céréales encore sur pied. On sent que la lune va bientôt se renouveler.
Almanach, sors de ce corps !

18 juillet 2020, une confession
J’aime l’ail. J’ai de l’ail rocambole dans mon jardin, je confis les petites gousses et les sers en condiment. Comme disait mon oncle, l’ail éloigne les imbéciles et les moustiques. Pour les moustiques, c’est pas garanti.
Pas de salade sans une gousse d’ail émincée, pas de fondue sans une tête d’ail, au moins. Un beurre à l’ail qui s’alanguit sur un beau steak bien grillé, c’est le bonheur. Un rôti de bœuf dans l’épaule perfusé d’ail et mijoté des heures en cocotte, avec un pied de veau pour la sauce… avec une belle polenta dorée à côté, hmmmm. Un émincé de volaille et joues de cabillaud cuits comme des cuisses de grenouilles, avec vin blanc, ail, persil et une tombée de crème à la fin, sur un toast de pain de campagne grillé. Une vision de paradis.
J’invente des recettes pour rajouter de l’ail dans des plats où à première vue il ne serait pas bienvenu. Je ne suis pas encore au niveau de Gaston Lagaffe avec sa morue aux fraises, mais j’imaginerais bien un sorbet pistou (ail et basilic) comme trou normand dans un long repas sur la terrasse, en regardant le soleil s’enfoncer dans la mer. Ecoute les cigales…

20.07.2020 (Lundi)
Toute la journée, j’avais dans la tête qu’on était déjà jeudi. Déception quand un collègue m’a détrompée. J’ai bien bossé, avancé dans la préparation du gros audit d’août. Demain matin, séance bla blaa blaaa avec de belles zimages, sans fin hélas si c’est comme d’habitude, dernier record une présentation de septante-trois feuilles. Ensuite, chasse aux vieux papiers tout gluants à la cave. Gluants, savonneux et malodorants parce que chimiques, pour la décalque des textes de la première à la sixième page du document. Une collègue y était allergique, on l’appelait Minnie Mouse à cause de ses gants de coton blanc. Moi, ce sera latex poudré. Ça pue ces trucs.

21 juillet 2020, coup de tonnerre dans le ciel bleu
Ce matin, une lettre au courrier en plus des journaux et prospectus habituels du mardi. J'enfourne le tout dans mon sac à dos et cours à la gare, je prends le train presque au vol. Je souffle comme une otarie sous mon masque obligatoire. Je passe les journaux en revue (et les revues, on les passe aussi en revue ?), j'ouvre la lettre. C'est une décision qui m'indique que mon taux d'incapacité de travail est monté à 75%. Arrivée au bureau, je copie la décision pour mon chef et le service du personnel. Une heure après, la cheffe du personnel débarque avec le chef et me dit: avec un taux pareil, tu as droit à une rente entière qui correspondra à ton salaire. Tu peux arrêter de travailler à fin août, donne-nous ta réponse jusqu'à jeudi.

23 juillet 2020, jeudi
Ben j'ai dit oui. 5 (cinq ! five, fünf, cinque, cinco) années de "préretraite" avant la retraite, ça ne se refuse pas. J'ai l'impression d'avoir gagné à l'Euromillions sans même y avoir joué !

30 juillet 2020
Avant-dernier jour de vacances pour moi. Après, dès le 1er septembre, je n'en aurai plus du tout. Pour l'instant je ne réalise toujours pas ce qui m'arrive. C'est tellement rapide... et inattendu, voire inespéré. Je n'avais rien demandé ! J'entends la chanson de Zacharie Richard "travailler c'est trop dur" en boucle dans ma tête. Elle commence à prendre de plus en plus de sens

19 août 2020
Tout s'est accéléré, je transmets mes domaines de compétence à qui les veut, j'ai liquidé tous les suspens. j'ai déjà rempli deux grands chariots de papiers divers, rempli un gros sac poubelle (taxé !, 5 CHF) de vieilleries qui n'avaient d'intérêt que pour moi, et encore ! on voit à peine que j'ai commencé à débarrasser mon bureau. En plus, je prépare l'organisation de mon départ le 27 (repas offert aux collègues de ma section) et le 28 (croissants à toute la maison). Tournée d'adieu et larmichettes en vue ! et après, la quilllllle !

11 septembre 2020
Les semaines de fin août ont filé comme des comètes, j'ai foiré le repas offert aux collègues (trop de stress et d'émotion, j'ai crâmé deux plats sur trois). Mais ils sont sympas, ils ont dit que c'était bon et mangé les currys très croustillants.
Officiellement je suis inactive depuis le 1er septembre. En réalité, je dors près de quinze heures par jour, un gros compte à solder. Et je n'arrête pas, entre deux dodos, de ranger le fourbi que j'ai rapporté du bureau. Je croyais avoir jeté une quantité de bidules inutiles... mais on pourrait croire qu'ils ont une vie propre et qu'ils se reproduisent dans les cartons en attente. Et mon téléphone portable n'est pas encore revenu à la lumière. Plus de trois semaines, mais tout va bien. Higngngngnng... tout-va-bien... grrr. Les endroits probables ou possibles ont tous été vérifiés plusieurs fois. Rien. Je vais aller dans l'improbable voire l'impossible, selon la maxime de Sherlock Holmes: "quand tous les possibles ont été éliminés, la vérité réside dans l'impossible."

Et bien moi je revendique MON été mais je veux bien partager...
J'aime cette période un peu particulière et je veux en profiter!
Bon été Daboum!

Je n'avais pas encore eu l'occasion de te saluer Daboum, et bien sois la bienvenue ici ! J'ai lu tes écrits que j'ai trouvés très savoureux ! J'ai bien aimé les deux premiers paragraphes de "ton été". L'un citadin et l'autre plutôt "terroir". Bon courage jusqu'à tes vacances et bel été !

J'ai aimé te lire, un peu de tout, comme si cela coulait de source, plic-ploc, le temps, les gens et les recettes savoureuses. Moi aussi j'aime l'ail !

Ah ! Je n'avais pas réalisé que tu continuais sur le même topic.
Pas très facile de commenter au fil des journées.

Ail !
Ail !
Ail !
C'est bon pour la santé ! Mais faut que l'entourage en consomme aussi !

En tout cas on attend la suite quant à la pérennité de ton travail !
Suspense !

Ouf! Je m'y suis perdue moi dans ton histoire!
Je n'avais pas remarqué que tu avais ajouté des textes.

Bonnes Vacances Daboum!

oui, je poursuis le "journal" biscornu de mon été...
dans la même case pour garder une certaine unité
tout ce qui m'arrive est tellement brutal !

Effectivement, c'est une bonne idée d'avoir écrit le journal de ton été sur le même message. Par contre nos commentaires ne sont parfois plus dans la course ! C'est un sacré truc qui t'arrive! J'imagine que tu devais être au courant que tu avais un taux d'incapacité au travail, de là à te retrouver sans boulot en un délai aussi court ça doit être assez bouleversant.

Une journal de vacances tenu au fil des jours, c’est chouette et ça nous permet de faire plus amples connaissances avec la petite nouvelle qui a visiblement plein de mots à offrir dans sa besace

Même en connaissant ton histoire, un plaisir de te lire ma chère collègue de chant, car là je sais que tu ne feras pas l'impasse

Et en plus tu seras encore plus présent sur Kale, car comme dit si bien Admin,  tu as plein de mots à nous offrir