Départ
2 participants
Page 1 sur 1
Départ
Un jour, un lundi, il n’est pas venu. Tout le monde l’attendait pour ouvrir la séance, mais il n’était pas là. « Mais où est-il passé ? » On l’a cherché dans le bâtiment, dans toute l’entreprise, en vain. Il n’a pas répondu au téléphone. Pas chez lui (la concierge avait regardé, rien ne manquait), pas au fitness. Même pas au bar où il avait ses habitudes. Personne ne l’avait vu. Depuis deux jours. Au moins.
Il n’avait pourtant pas parlé de voyage, de vacances. Il avait bonne mine l’autre jour. Pas l’air malade. On ne savait pas, avait-il chopé le virus ? Ou une maladie d’amour ? Un coup de foudre « foudroyant » avec départ immédiat pour les îles ? Il n’avait pourtant pas paru plus gai ou plus rêveur. N’avait parlé de rien. De personne. Comme d’habitude. Un taiseux. La police ? « il est majeur et libre ». Les hôpitaux ? Rien. Pas de traces. On a appris qu’il n’avait pas, plus de famille. Seul dans la vie, comme on dit. D’après les RH, en tant que responsable des archives, il avait tellement d’heures sup, de RTT et de vacances en retard, qu’ils s’en foutaient un peu. Ils le licencieraient bien assez tôt.
On n’a rien su. Il était donc parti. Où ? Il n’était quand même pas mort ! Ou alors on ne l’avait pas retrouvé.
Un jour, des semaines plus tard, il est revenu. Il était là, comme s’il n’était jamais parti. N’a rien dit. A personne. Rien expliqué. Il n’avait pas changé, toujours son air lunaire. Taiseux. Il est passé au bar. Son gin tonic. Comme d’habitude. Il a repris son train-train. Fitness, boulot, bar, pizza et bière. Seul. On a dit « burn-out », «enlèvement par des extra-terrestres», « retraite spirituelle », « amour toujours » ou « cure de sommeil » pour le faire réagir. Il n’a rien dit. Juste, une fois, un petit sourire en coin, une ombre de sourire, avait-il même souri ?
Sans rien dire, il a payé ses impôts à l’avance, fermé son compte en banque, rendu son appartement, dédit son abonnement au fitness. Démissionné, aussi. A fait un don à la caisse à café, mais pas de pot de départ. Payé une tournée au bar, sans dire pourquoi. Libre, sans aucune entrave désormais. La poste devait lui garder son courrier et ensuite le faire parvenir à sa nouvelle adresse, quand il l’enverrait. Confidentielle, bien sûr…
Monastère de la Grande-Chartreuse, 38380 Saint-Pierre-de-Chartreuse, Isère
Il n’avait pourtant pas parlé de voyage, de vacances. Il avait bonne mine l’autre jour. Pas l’air malade. On ne savait pas, avait-il chopé le virus ? Ou une maladie d’amour ? Un coup de foudre « foudroyant » avec départ immédiat pour les îles ? Il n’avait pourtant pas paru plus gai ou plus rêveur. N’avait parlé de rien. De personne. Comme d’habitude. Un taiseux. La police ? « il est majeur et libre ». Les hôpitaux ? Rien. Pas de traces. On a appris qu’il n’avait pas, plus de famille. Seul dans la vie, comme on dit. D’après les RH, en tant que responsable des archives, il avait tellement d’heures sup, de RTT et de vacances en retard, qu’ils s’en foutaient un peu. Ils le licencieraient bien assez tôt.
On n’a rien su. Il était donc parti. Où ? Il n’était quand même pas mort ! Ou alors on ne l’avait pas retrouvé.
Un jour, des semaines plus tard, il est revenu. Il était là, comme s’il n’était jamais parti. N’a rien dit. A personne. Rien expliqué. Il n’avait pas changé, toujours son air lunaire. Taiseux. Il est passé au bar. Son gin tonic. Comme d’habitude. Il a repris son train-train. Fitness, boulot, bar, pizza et bière. Seul. On a dit « burn-out », «enlèvement par des extra-terrestres», « retraite spirituelle », « amour toujours » ou « cure de sommeil » pour le faire réagir. Il n’a rien dit. Juste, une fois, un petit sourire en coin, une ombre de sourire, avait-il même souri ?
Sans rien dire, il a payé ses impôts à l’avance, fermé son compte en banque, rendu son appartement, dédit son abonnement au fitness. Démissionné, aussi. A fait un don à la caisse à café, mais pas de pot de départ. Payé une tournée au bar, sans dire pourquoi. Libre, sans aucune entrave désormais. La poste devait lui garder son courrier et ensuite le faire parvenir à sa nouvelle adresse, quand il l’enverrait. Confidentielle, bien sûr…
Monastère de la Grande-Chartreuse, 38380 Saint-Pierre-de-Chartreuse, Isère
Dernière édition par Daboum le Jeu 22 Oct 2020 - 23:27, édité 1 fois
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: Départ
Belle idée ...Est ce du vécu?
La dernière phrase est apaisante...La paix, c'est ce qu'il cherchait, non?
La dernière phrase est apaisante...La paix, c'est ce qu'il cherchait, non?
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: Départ
Non, ce n'est pas du vécu, je me demandais simplement comment, aujourd'hui, quand on travaille dans un grand machin, on peut quitter des rails tout tracés; il a un "bon" job, qui ne le satisfait plus et il a trouvé sa voie ailleurs. Ici, on le voit uniquement de l'extérieur. J'écrirai peut-être un jour ses voix intérieures.
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum