A. Cinq minutes avec toi
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A. Cinq minutes avec toi
Tu es parti un matin, tôt. Je t’ai accompagné en train, puis jusqu’à l’arrêt de tram qui devait t’emmener à l’hôpital pour un examen banal. Juste une caméra qui remontait dans le cœur et les artères pour voir ce qui n’allait pas. Une cardioscopie de routine, une mini-anesthésie locale pour introduire le cathéter, une quinzaine de minutes d’examen et une demi-journée de repos couché avec un poids sur le point d’introduction, à l’aine. Tu aurais dû rentrer le soir-même.
Je t’ai laissé tout seul et je suis allée travailler, dans la même ville. J’étais en retard et je t’en voulais un peu.
Vers deux heures de l’après-midi, un coup de téléphone en allemand à la maison. Ma mère ne parle pas allemand. Elle a relevé le numéro et m’a appelée au boulot, toute paniquée. Rappelle-les, je n’ai rien compris. Je les ai appelés. Il y avait eu un incident. Il fallait venir tout de suite à l’hôpital, non, on ne dit rien par téléphone. À soixante kilomètres de distance, j’ai organisé le transport avec la voisine. Et j’ai couru à l’hôpital, de l’autre côté de la ville. Bêtement, des travaux empêchaient de prendre le tram.
Quand je suis arrivée hors d’haleine, personne ne savait rien. Non, on n’a pas appelé. Il est à la chambre XY, au 5e étage. Là-haut, il n’était pas dans la chambre. Les infirmières du desk ne savaient rien. Une d’elle a daigné appeler les services cardio. Et là, tout s’est déchaîné.
Accident sur table… ça arrive... fatalité… coma… décisions… incompréhension. Maman est arrivée à son tour.
Tu es mort onze jours plus tard, sans avoir repris conscience.
Alors les cinq minutes que j’aurais pu passer avec toi, papa, tous les deux assis sur un banc en attendant le tram, ou en t’accompagnant jusqu’à l’hôpital, je peux dire que je les regrette. Infiniment.
Je t’ai laissé tout seul et je suis allée travailler, dans la même ville. J’étais en retard et je t’en voulais un peu.
Vers deux heures de l’après-midi, un coup de téléphone en allemand à la maison. Ma mère ne parle pas allemand. Elle a relevé le numéro et m’a appelée au boulot, toute paniquée. Rappelle-les, je n’ai rien compris. Je les ai appelés. Il y avait eu un incident. Il fallait venir tout de suite à l’hôpital, non, on ne dit rien par téléphone. À soixante kilomètres de distance, j’ai organisé le transport avec la voisine. Et j’ai couru à l’hôpital, de l’autre côté de la ville. Bêtement, des travaux empêchaient de prendre le tram.
Quand je suis arrivée hors d’haleine, personne ne savait rien. Non, on n’a pas appelé. Il est à la chambre XY, au 5e étage. Là-haut, il n’était pas dans la chambre. Les infirmières du desk ne savaient rien. Une d’elle a daigné appeler les services cardio. Et là, tout s’est déchaîné.
Accident sur table… ça arrive... fatalité… coma… décisions… incompréhension. Maman est arrivée à son tour.
Tu es mort onze jours plus tard, sans avoir repris conscience.
Alors les cinq minutes que j’aurais pu passer avec toi, papa, tous les deux assis sur un banc en attendant le tram, ou en t’accompagnant jusqu’à l’hôpital, je peux dire que je les regrette. Infiniment.
Dernière édition par Daboum le Mar 10 Nov 2020 - 16:02, édité 1 fois
Daboum- Humeur : jusqu'ici, ça va
Re: A. Cinq minutes avec toi
C’est un texte très très fort qui m’a tiré une larme. J’imagine que tu parles de ton papa? Si oui, tu as mis dans ce texte une sensibilité qui ne peut qu émouvoir .
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A. Cinq minutes avec toi
Hélas, dès les premières lignes, on devine que l'on avance vers une tragédie…
ton texte est très touchant, on devine cette longue attente angoissante de 11 jours qui se terminent en drame.
Toute ma sympathie à l'évocation de ce souvenir qui semble personnel.
« Examen banal » ; « cardioscopie de routine » ; simple anesthésie locale…
Non, AUCUN examen médical n'est banal ou de routine. C'est bien s'il devient routinier que le patient est en danger. La plupart des procès médicaux qui sont engagés dans ce genre de cas, démontrent une négligence de l'un des membres du corps médical. Il vaut mieux devoir subir une intervention complexe, parce qu'alors tout le monde est extrêmement attentif, qu'un examen qualifié de « banal » où tout le monde parle de la pluie et du beau temps pendant l'intervention… agissant machinalement…
Je tiens ces indications autant de chirurgiens que d'avocats…
ton texte est très touchant, on devine cette longue attente angoissante de 11 jours qui se terminent en drame.
Toute ma sympathie à l'évocation de ce souvenir qui semble personnel.
« Examen banal » ; « cardioscopie de routine » ; simple anesthésie locale…
Non, AUCUN examen médical n'est banal ou de routine. C'est bien s'il devient routinier que le patient est en danger. La plupart des procès médicaux qui sont engagés dans ce genre de cas, démontrent une négligence de l'un des membres du corps médical. Il vaut mieux devoir subir une intervention complexe, parce qu'alors tout le monde est extrêmement attentif, qu'un examen qualifié de « banal » où tout le monde parle de la pluie et du beau temps pendant l'intervention… agissant machinalement…
Je tiens ces indications autant de chirurgiens que d'avocats…
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"Écrire, c'est brûler vif, mais aussi renaître de ses cendres. "
Blaise Cendrars
ICI : Le Blog d'AlainX
alainx- Humeur : ça va ! et vous ?
RE A : Cinq minutes avec toi
Daboum, ton texte est émouvant , ce sont de tristes souvenirs mais tu ne pouvais pas savoir
automne- Humeur : égale
Re: A. Cinq minutes avec toi
Souvenirs très tristes, regrets, culpabilité. Pouvoir se dire qu'on a fait ce que l'on pouvait et qu'on n'aurait pas pu changer grand chose même en étant là. Pas facile...
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A. Cinq minutes avec toi
Très émouvant Daboum, mais aussi très réaliste quant à l'attitude de certains médecins, hélàs ! Ne regrette rien, c'est la faute à pas de chance !
Amanda- Humeur : positivement drôle
Re: A. Cinq minutes avec toi
Un texte bouleversant qui fait écho à ma mémoire.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A. Cinq minutes avec toi
Je t'ai lu avec beaucoup d'émotion. C'est trop triste. Perdre son père dans de telles circonstances l'est encore plus.
Charlotte- Humeur : tout et rien
Re: A. Cinq minutes avec toi
Quand la vie, l'univers, basculent de façon horrible, en une fraction de seconde !
Mais qui se lève le matin avec une boule de cristal qui lui annonce le déroulement de la journée ?
Impossible de savoir, de prévoir le malheur, alors ne restent que les larmes et la douleur, et une culpabilité profonde qui s'enkyste et n'a pourtant pas lieu d'être....
Bravo pour ton texte
Mais qui se lève le matin avec une boule de cristal qui lui annonce le déroulement de la journée ?
Impossible de savoir, de prévoir le malheur, alors ne restent que les larmes et la douleur, et une culpabilité profonde qui s'enkyste et n'a pourtant pas lieu d'être....
Bravo pour ton texte
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A. Cinq minutes avec toi
Un texte très émouvant, Daboum, j'en ai frissonné... j'étais avec toi et je ressentais avec toi.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A. Cinq minutes avec toi
Très beau texte. Hélas nous sommes ainsi faits que nous regrettons toujours le petit quelque chose que nous aurions pu faire en plus même si ce n'est pas forcément le cas
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A. Cinq minutes avec toi
Je suis ému à la lecture de ton texte très bien écrit, je suis en empathie avec cette expérience vécue.
Alainx a écrit “Non, AUCUN examen médical n'est banal ou de routine...".
Je partage entièrement son avis, je parle avec expérience personnelle, en tant que soignant, mais aussi en tant que patient. RIEN ne doit être pris à la légère.
Alainx a écrit “Non, AUCUN examen médical n'est banal ou de routine...".
Je partage entièrement son avis, je parle avec expérience personnelle, en tant que soignant, mais aussi en tant que patient. RIEN ne doit être pris à la légère.
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Quelle noblesse d'avoir un ami, mais combien plus noble d'être un ami.
- Richard Wagner -
- Richard Wagner -
trainmusical- Humeur : la vie est belle
Re: A. Cinq minutes avec toi
Tu nous fais vivre ces instants terribles ou soudain la fatalité nous rattrape et c'est déjà trop tard. Effroi, regrets, culpabilité, pour ceux qui restent. Un beau texte très touchant.
Virgul- Humeur : Optimiste
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