A: Quel que soit le temps...
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A: Quel que soit le temps...
Quel que soit le temps...
Toutes les semaines et chaque dimanche, je me lève aux aurores pour profiter de ce jour si particulier. Je ne croise souvent personne sur mon chemin, mise à part quelques promeneurs, quelques coureurs, qui pour la plupart, regardent davantage leurs pieds que devant soi. Je ne leur porte que peu d’importance, comme eux à mon égard en cet instant-là. Je ne fais guère d’effort, à dire vrai, car ce moment est le mien et je l’attends patiemment, les six jours durant.
Passant le seuil de ma maisonnée, je marche et je longe les rives de l’Adour jusqu’à trouver un banc, NOTRE banc, qui nous est réservé depuis si longtemps déjà. Les saisons importent peu, notre banc est toujours là, attendant ma venue quel que soit le temps. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que le soleil s’annonce radieux, notre banc se dresse toujours fièrement face à ce fleuve, aux eaux calmes et reposantes, sous le chant des oiseaux et la caresse du vent.
J’apprécie chaque saison mais je dois avouer que l’automne est presque ma préférée. Avant que les arbres ne se déshabillent entièrement, l’automne les pare de mille couleurs comme d’une autre silhouette à la robe enchanteresse. Telle une toile de grand maître, je ne me lasse point de toutes ces teintes un peu fouillis qui s’assemblent, se superposent, pour ne former finalement qu’une si belle harmonie.
Oui, l’automne est là.
Les jambes maintenant fragiles, les pieds un peu usés, je retrouve notre banc, entouré de feuilles dites mortes, tombées, pour certaines jaunies, la plupart orangées. Je me fraie un chemin jusqu’à lui, la démarche rassurée, le cœur serein, impatient de m’y poser. C’est ainsi que je m’y assoie, heureux de ce nouveau dimanche, de ce nouvel instant, pour y attendre celle qui depuis toujours m’y rejoint en toute saison, quel que soit le temps.
Les gens peuvent croire que je suis fou, que j’ai la tête dérangée, l’esprit qui ne tourne plus rond. Ils peuvent croire ce qu’ils veulent, je m’en fiche complètement du moment qu’ils me laissent tranquille, à savourer mon moment. Je sais très bien ce qu’ils pensent, lorsque certains passent près de moi et qu’ils m’entendent fredonner « et m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi… ». Ils doivent se dire que ma place n’est pas ici et que je devrais être enfermé mais ils ne savent pas, eux !
Oh non ils ne savent pas car ils ne voient pas cette femme apparaître tout près de moi lorsque je m'assoie. Ils ne voient pas cet ange avec qui j’ai rendez-vous tous les dimanches, sur ce banc et avec qui je discute tandis que s’égrène doucement le temps. Ils ne la voient pas car ils ne veulent pas la voir et de toute façon, cela n’a pas d’importance car elle ne vient que pour moi et moi que pour elle.
Moi, je la connais bien cette femme au visage d'ange car nous nous sommes connus, unis, de son vivant il y a si longtemps à présent. Nous nous sommes aimés éperdument, à la folie, sans compter le temps, à vivre tout simplement. Mais il fallu qu'elle parte, qu'elle soit rappelée bien trop tôt selon moi, pour arpenter d'autres horizons, fouler les cieux. Mais elle revient à chaque fois, rien que pour moi, pour me sourire, pour me parler, me rassurer, me dire qu'elle ne m'oublie pas.
Alors depuis, nous nous rejoignons chaque dimanche, chaque semaine, sur notre banc, en ce lieu, c'est notre moment. Et il en sera ainsi jusqu'à ce que mon souffle, à mon tour se tarisse, s'estompe, pour la rejoindre pour toujours sur notre banc.
Passant le seuil de ma maisonnée, je marche et je longe les rives de l’Adour jusqu’à trouver un banc, NOTRE banc, qui nous est réservé depuis si longtemps déjà. Les saisons importent peu, notre banc est toujours là, attendant ma venue quel que soit le temps. Qu’il pleuve, qu’il vente ou que le soleil s’annonce radieux, notre banc se dresse toujours fièrement face à ce fleuve, aux eaux calmes et reposantes, sous le chant des oiseaux et la caresse du vent.
J’apprécie chaque saison mais je dois avouer que l’automne est presque ma préférée. Avant que les arbres ne se déshabillent entièrement, l’automne les pare de mille couleurs comme d’une autre silhouette à la robe enchanteresse. Telle une toile de grand maître, je ne me lasse point de toutes ces teintes un peu fouillis qui s’assemblent, se superposent, pour ne former finalement qu’une si belle harmonie.
Oui, l’automne est là.
Les jambes maintenant fragiles, les pieds un peu usés, je retrouve notre banc, entouré de feuilles dites mortes, tombées, pour certaines jaunies, la plupart orangées. Je me fraie un chemin jusqu’à lui, la démarche rassurée, le cœur serein, impatient de m’y poser. C’est ainsi que je m’y assoie, heureux de ce nouveau dimanche, de ce nouvel instant, pour y attendre celle qui depuis toujours m’y rejoint en toute saison, quel que soit le temps.
Les gens peuvent croire que je suis fou, que j’ai la tête dérangée, l’esprit qui ne tourne plus rond. Ils peuvent croire ce qu’ils veulent, je m’en fiche complètement du moment qu’ils me laissent tranquille, à savourer mon moment. Je sais très bien ce qu’ils pensent, lorsque certains passent près de moi et qu’ils m’entendent fredonner « et m’asseoir sur un banc cinq minutes avec toi… ». Ils doivent se dire que ma place n’est pas ici et que je devrais être enfermé mais ils ne savent pas, eux !
Oh non ils ne savent pas car ils ne voient pas cette femme apparaître tout près de moi lorsque je m'assoie. Ils ne voient pas cet ange avec qui j’ai rendez-vous tous les dimanches, sur ce banc et avec qui je discute tandis que s’égrène doucement le temps. Ils ne la voient pas car ils ne veulent pas la voir et de toute façon, cela n’a pas d’importance car elle ne vient que pour moi et moi que pour elle.
Moi, je la connais bien cette femme au visage d'ange car nous nous sommes connus, unis, de son vivant il y a si longtemps à présent. Nous nous sommes aimés éperdument, à la folie, sans compter le temps, à vivre tout simplement. Mais il fallu qu'elle parte, qu'elle soit rappelée bien trop tôt selon moi, pour arpenter d'autres horizons, fouler les cieux. Mais elle revient à chaque fois, rien que pour moi, pour me sourire, pour me parler, me rassurer, me dire qu'elle ne m'oublie pas.
Alors depuis, nous nous rejoignons chaque dimanche, chaque semaine, sur notre banc, en ce lieu, c'est notre moment. Et il en sera ainsi jusqu'à ce que mon souffle, à mon tour se tarisse, s'estompe, pour la rejoindre pour toujours sur notre banc.
Xavier Eblo- Humeur : besoin de calme et de grand air
Re: A: Quel que soit le temps...
Un banc comme espace de communion et de mémoire, et tant pis si tant de nostalgie peut être interprétée comme de la folie, le recueillement fait le bien et fait du bien.
Virgul- Humeur : Optimiste
Re: A: Quel que soit le temps...
C'est un rêve de beaucoup, je crois, de revoir, retrouver, de temps en temps ceux qui sont déjà partis...
Belle idée et beau texte
Belle idée et beau texte
Dernière édition par silhène le Sam 14 Nov 2020 - 19:13, édité 1 fois
silhène- Humeur : positive, autant que possible
Re: A: Quel que soit le temps...
Nostalgie, quand tu nous tiens, heureusement qu'il y a des moyens pour l'exprimer, et ici c'est très bien étaler.
Merci pour ce beau texte.
Merci pour ce beau texte.
Ce passage me plait beaucoupXavier Eblo a écrit:Je ne croise souvent personne sur mon chemin, mise à part quelques promeneurs, quelques coureurs, qui pour la plupart, regardent davantage leurs pieds que devant soi.
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Quelle noblesse d'avoir un ami, mais combien plus noble d'être un ami.
- Richard Wagner -
- Richard Wagner -
trainmusical- Humeur : la vie est belle
Re: A: Quel que soit le temps...
Beaucoup de nostalgie dans ton texte.
Tu parviens à faire parfaitement ressentir l'ambiance du manque que l'on ressent quand on se retrouve seul.
Mais ce rendez vous met un peu de douceur sur la peine. Bravo à toi!
Tu parviens à faire parfaitement ressentir l'ambiance du manque que l'on ressent quand on se retrouve seul.
Mais ce rendez vous met un peu de douceur sur la peine. Bravo à toi!
Zephyrine- Humeur : Parfois bizarre
Re: A: Quel que soit le temps...
Peu importe ce que peuvent penser les autres, peu importe le regard des autres, l'important est ce que l'on vit et ce que l'on ressent et perçoit, quitte à passer pour un fou. Cette folie-là est bien douce et apaisante.
Un très beau texte, merci Xavier.
Un très beau texte, merci Xavier.
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Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c'est son génie.
(Charles Baudelaire)
FrançoiseB- Humeur : Positive
Re: A: Quel que soit le temps...
Xavier, mon ami, mon copain, mon Léo. Ton gourou, comme tu aimes à m’appeler, est émue et heureuse.
Heureuse de te voir à nouveau poser tes mots ici,
Émue de lire ce texte que je trouve magnifique.
Toi qui doutes, saches que toute ta sensibilité transparaît dans ce texte. Que ce genre d’exercice te va à merveille. Tu es sorti de ta zone de confort qui est le fantastique pour t’essayer à autre chose et tu as bien fait .
Je sais pourquoi j’ai tant de tendresse pour toi, c’est parce que tu es un belle personne, un gars droit et sincère qui ne triche pas.
Inutile de me demander de relire tes textes pour te rassurer, tu n’en as pas besoin, preuve en est ce texte.
Continue à écrire et fais toi confiance . Je suis fière de toi
Heureuse de te voir à nouveau poser tes mots ici,
Émue de lire ce texte que je trouve magnifique.
Toi qui doutes, saches que toute ta sensibilité transparaît dans ce texte. Que ce genre d’exercice te va à merveille. Tu es sorti de ta zone de confort qui est le fantastique pour t’essayer à autre chose et tu as bien fait .
Je sais pourquoi j’ai tant de tendresse pour toi, c’est parce que tu es un belle personne, un gars droit et sincère qui ne triche pas.
Inutile de me demander de relire tes textes pour te rassurer, tu n’en as pas besoin, preuve en est ce texte.
Continue à écrire et fais toi confiance . Je suis fière de toi
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Bonjour Invité, je suis heureuse de te compter parmi les Kaléïdoplumiens
Admi......ratrice de vos mots !!!!!.
Admin- Admin
- Humeur : Concentrée
Re: A: Quel que soit le temps...
Un très beau texte. On aime cet homme qui fait fi de l'opinion des autres car il y a une autre chose bien plus importante pour lui. C'est un texte tout en douceur qui fait du bien à lire
Sherkane
Re: A: Quel que soit le temps...
Décidément ce banc a inspiré beaucoup de participants. J'aime la bulle dans laquelle le narrateur nous emmène pour retrouver cet être aimé.
Un banc pour s'assoir, méditer, rêver, se souvenir.
Un banc pour s'assoir, méditer, rêver, se souvenir.
Myrte- Humeur : Curieuse
Re: A: Quel que soit le temps...
C'est magnifique. Accepter la perte et la transformer en moment de paix
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Martine27
Martine27- Humeur : Carpe diem ou Souris quand même
Re: A: Quel que soit le temps...
Merci à vous tous pour vos commentaires et pour me permettre de m'évader lorsque je vous lis.
Et un énorme merci (il ne sera jamais assez grand d'ailleurs à mon goût !!) à notre Cassy pour sa patience, le temps et les conseils qu'elle m'a offert en tant que jeune kaléïdoplumiens... Ainsi que son inestimable amitié.
Et un énorme merci (il ne sera jamais assez grand d'ailleurs à mon goût !!) à notre Cassy pour sa patience, le temps et les conseils qu'elle m'a offert en tant que jeune kaléïdoplumiens... Ainsi que son inestimable amitié.
Xavier Eblo- Humeur : besoin de calme et de grand air
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